Valérie Lesort, artiste pluridisciplinaire présente sur tous les fronts, revient vers l’univers du cabaret auquel elle s’était déjà frottée en 2018 à l’Opéra-Comique (avec son spectacle intitulé Le cabaret horrifique).
Elle se plonge cette fois-ci dans le monde cocasse d’Hanokh Levin, figure majeure de la culture israélienne contemporaine.
Le langage théâtral de Levin, empreint de provocation (mais non dénué d’humour) reste son cheval de bataille ; la tendresse demeure néanmoins toujours palpable dans ses mots, qui font mouche dans chacun de ses écrits.
Le spectacle composé de sketchs et de chansons originales (signées Charly Voodoo) offre d’emblée un très réjouissant tableau.
Notre avis :
On rit beaucoup à cette rencontre choc entre l’auteur – plus que subversif – qu’était Levin et la facétieuse Valérie Lesort, cette dernière ne reculant jamais devant aucun défi artistique.
Certes le rire est un peu jaune (vous comprendrez pourquoi en voyant le spectacle), mais elle met à son crédit les ingrédients les plus précieux afin que la mayonnaise prenne pour incarner les différents personnages de ces hilarantes brèves de vie.
Lorgnant du côté de chez Madame Arthur, la moisson se révèle plus que fructueuse : Hugo Bardin, comédien, metteur en scène, réalisateur, scénariste et drag-queen (il est devenu la fameuse Paloma, personnage emblématique de l’émission Drag Race France) interprète différents personnages, tout comme Charly Voodoo – figure de proue incontestée du cabaret de la rue des Martyrs.
David Migeot, comédien, complète le quatuor infernal en compagnie de Valérie Lesort (en alternance avec Céline Milliat Baumgartner).
Les sidérantes transformations, signées notamment par la plasticienne Carole Allemand (costumes et prothèses) accentuent le grotesque et le cynisme des propos de l’auteur, provoquant à la fois rires et gênes durant tout le spectacle.
Le constat s’avère édifiant : le sujet – très universel – met l’accent sur le fait que nous sommes tous égaux face à la vieillesse et à la mort. Conjurer l’angoisse métaphysique par le rire : voilà bien la recette proposée !
Nous sortons de la salle bousculés mais ravis de cette incursion au pays de l’absurde.
Trash, décalé, irrévérencieux, décomplexé : autant de termes qui peuvent définir cette aventure théâtrale et musicale de premier ordre.
Philippe POCIDALO
30/04/2025
https://www.theatre-atelier.com/event/que-despoir-cabarets-hanokh-levin-valerie-lesort/