À l’Opéra de Nice, nous avons été invités, petits et grands, à découvrir Poucette, le spectacle musical d’Édouard Signolet d’après le conte de Hans Christian Andersen donné en coproduction avec le Théâtre National de Nice.
Quel plaisir d’y voir un jeune public si présent !
Très rapidement nous sommes plongés dans un univers où chant, théâtre et musique live s’entremêlent pour nous faire voyager au cœur d’un conte peu connu, revisité avec poésie, courage et modernité.
Une héroïne minuscule, un courage immense
Nous découvrons Poucette, une petite fille minuscule — presque échappée de l’univers des Minimoys — qui mène une existence paisible auprès de sa mère avant d’être violemment arrachée à son foyer. Propulsée dans un monde immense et imprévisible, elle croise une galerie de personnages incarnés par des artistes lyriques qui donnent chacun une couleur singulière à cette aventure.
On retient notamment le crapaud hideux de Rémy Poulakis et le hanneton envahissant de Mathieu Dubroca. Il convient d’accorder une mention à Irina de Baghy pour la qualité remarquable de son engagement, qui interprète avec aisance divers rôles distincts — la Grenouille, la Souris ténébreuse et une femme hanneton — parvenant, grâce à son jeu et à sa présence vocale, à faire ressortir avec précision les caractères de chacun. À ses côtés, Marion Tassou offrant des moments de pure drôlerie.
La responsabilité principale du spectacle repose toutefois sur les épaules des deux comédiennes : Marion Vaerstraten, dans le rôle de Poucette, et Véronique Lechat, narratrice. Toutes deux livrent une performance remarquable. La narration, portée par un ton affirmé et parfaitement maîtrisé, nous guide aisément dans le parcours de la petite héroïne. Quant à Poucette, elle nous transmet toute la palette de ses émotions — la joie, la tristesse, le dégoût, la peur, la colère et la surprise — avec une justesse touchante. Édouard Signolet en fait une héroïne combative, affirmée et résolument moderne. À travers elle, nous suivons une véritable lutte pour la liberté, l’indépendance et la survie. Ce récit devient ainsi une histoire où l’on apprend à s’affirmer, à poser des limites, et à dire “non”.
Un conte moderne, musical et émancipateur
Cette adaptation offre une vision contemporaine et plus « légère » que celle d’Andersen. Poucette devient véritablement actrice de son propre destin. Courageuse, malicieuse et résolue, elle s’oppose à tous ceux qui cherchent à la priver de sa liberté.
Chaque personnage dévoile une identité sonore et graphique singulière. Grâce à la mise en scène inventive d’Édouard Signolet et à la musique de Mattéo Franceschini, un univers étrange, poétique et résolument moderne se déploie sous nos yeux.
Les tableaux et les rencontres s’enchaînent en brouillant les frontières entre opéra, jazz, blues et chanson. Cet univers, à la fois inquiétant et merveilleux, nous rappelle combien tout peut basculer en un instant.
Pascal Terrien
18 novembre 2025
Livret, adaptation et mise en scène : Édouard Signolet
Musique : Mattéo Franceschini
Chef de chant et chef d’orchestre : Nicolas Chesneau
Illustrations : Cécile Pruvot
Scénographie : Émilie Roy
Costumes : Colombe Lauriot-Prévot
Lumière, régie générale : Elisa Millot
Son : Iulian Popovici
Vidéo : Amélie Simon
Avec :
Marion Vaerstraten (comédienne – Poucette)
Véronique Lechat (comédienne – Narratrice)
Irina de Baghy (mezzo-soprano)
Mathieu Dubroca (baryton)
Rémy Poulakis (ténor)
Marion Tassou (soprano)
Clarinette : Bertrand Laude
Violoncelle : Clotilde Lacroix
Accordéon : Pierre Cussac
Production : La Clef des chants, Décentralisation Lyrique – Région Hauts -de-France
Co-production : Château d’Hardelot – Centre culturel de l’Entente cordiale (Conseil Départemental du Pas-de-Calais), Atelier de Lyrique de Tourcoing, Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur
Soutien : Cité Internationale de la Langue Française.
