Le chef d’orchestre slovaque Juraj Valčuha se présenta devant l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et aussitôt, dimanche, dans l’interprétation d’une Vie de héros de Strauss, on crut entendre le Philharmonique de Berlin. Superbe métamorphose !
Oh, nombreux sont les chefs qui font sonner magnifiquement l’orchestre monégasque. Mais Juraj Valčuha lui apporta quelque chose de plus qui tenait à l’intensité expressive, à l’équilibre des masses sonores. La partition de cette œuvre grandiose et hallucinée de Strauss fourmille de détails. Juraj Valčuha en eut la maîtrise totale. De la masse sonore incandescente de l’orchestre se détacha le chant fin et câlin des solos de la violoniste Liza Kerob. Dans la partition de Strauss, ils sont censés symboliser le réconfort qu’apporte la femme au héros après sa bataille. Liza Kerob leur a donné tout leur sens.
Mais cela ne s’arrêta pas là. Lors de ce concert on eut droit aussi au feu d’artifice du 2ème Concerto de Chostakovich interprété par le pianiste russe Andrei Korobeinikov à la virtuosité torrentielle et au lyrisme intense. Cet artiste surdoué au jeu fascinant et à la personnalité énigmatique ajouta en bis deux préludes de Chostakovitch.
Le concert avait commencé avec le charme d’une valse de Glazounov, témoin d’une Belle Époque de dentelles et de velours qui savait s’asseoir sous les tonnelles et fréquenter les bals élégants.
Entre le personnage de Strauss, le chef Valčuha et le pianiste Korobeinikov, ce concert fut un concert de héros. Au moment où le Philharmonique de Monte-Carlo cherche un successeur à Kazuki Yamada, Juraj Valčuha est le genre de chef qui conviendrait à cet orchestre.
André PEYREGNE
15 juin 2025