La victoire du bien sur le mal : cette belle idée est celle sur laquelle s’est achevé le dernier concert de la saison du Philharmonique de Monte-Carlo. Elle était portée par une œuvre symphonique débordante de lyrisme, de vibratos de cordes, de sonneries de cuivres, de roulements de timbales et d’éclats de cymbales : Pohádka du compositeur tchèque Josef Suk.
L’œuvre raconte l’histoire ancienne et toujours neuve de deux jeunes êtres qui s’aiment et arrivent à se soustraire au mauvais sort jeté par une marâtre. La princesse amoureuse s’appelle Mahulena. Elle apparaît dans des solos de violon, douce et frémissante. Le violoniste David Lefèvre lui prêta la voix de son archet et sut faire valoir la beauté de ses propos amoureux. L’orchestre donna le meilleur de lui-même sous la direction d’un chef jeune, séduisant et efficace, qui a cette musique dans le sang – et pour cause, il est tchèque, né dans cette Bohème d’où montent les légendes : Tomáš Netopil.
En début de concert, il dirigea la 5ème symphonie de Schubert, ce chef-d’œuvre de fraîcheur et d’élégance. Sa direction fut souple, aérienne, presque juvénile – bref un régal.
Entre le Schubert et le Suk, les frères pianistes Jussen, jeunes premiers aux mines d’enfants espiègles, s’emparèrent avec une verve étourdissante du Concerto n°7 pour deux pianos de Mozart. Cette œuvre légère, sans prétention virtuose, écrite à l’origine pour deux jeunes filles et leur mère, pianistes amateurs, se transforma sous leurs doigts en un feu d’artifice. Ils donnèrent à cette petite œuvre l’allure d’un grand concerto.
Ils ajoutèrent en bis une époustouflante version de Scaramouche de Milhaud, toute en éclat et en rythme, suivi d’un choral de Bach – la sérénité-même et, là aussi, la victoire du bien contre le mal !
André PEYREGNE
22 juin 2025