Deux femmes en tête d’affiche du concert de dimanche dernier à Monaco : la cheffe d’orchestre Alondra de la Parra et la mezzo Gaëlle Arquez.
Alondra de la Parra a du charme, du caractère, emporte facilement l’adhésion du public. Au pupitre, elle a la souplesse et la vivacité d’une flamme – et cela tombe bien lorsque figure au programme la célèbre Danse du feu de L’Amour sorcier de Falla ! Elle a particulièrement brillé dans la Danse générale de Daphnis et Chloé qui terminait le concert.
En gestes emportés et vigoureux, Alondra de la Parra recherche les grands effets plus que la finesse. C’est ainsi que dans les soieries feutrées du Prélude à la nuit de la Rhapsodie espagnole de Ravel, elle entraîna l’orchestre vers des nuances « forte » que ne demande pas la partition. Celle-ci, en effet, n’indique pas de nuance au-delà du mezzo-forte. Ravel réclame des pianissimos (PP) et même des pianississimos (PPP). Il s’offre même le luxe infime d’indiquer des crescendos infiniment subtils entre PPP et PP ! Sublimes jeux de transparence ! Même chose dans le Lever du jour de Daphnis et Chloé de Ravel, partition toute palpitante des frémissements de l’aurore, dont la première vraie nuance « forte » n’arrive pas avant plusieurs minutes sur une note de trompette qui annonce le premier éclat du soleil.
Il n’empêche, l’ensemble du concert laissa une impression de brio. On se délecta à entendre les interventions des divers solistes, en particulier celle, claire, aérienne, de la flûtiste Anne Maugue dans Daphnis et Chloé, pareille à la lumière oblique qui traverse les feuillages, et celle du bassoniste Jules Postel, caustique et enjouée, dans l’Alborada del Gracioso.
La chanteuse Gaëlle Arquez fut excellente. Apparue dans une robe à fleurs dont elle couronnait le bouquet, elle eut le style, le timbre velouté, les inflexions chaleureuses qui convinrent à la fois à Shéhérazade de Ravel et aux Chansons populaires de Falla. Elle fit miroitier les songes de la première et prêta ses éclats chaleureux au folklore malicieux des secondes.
Parmi le public, on remarqua la présence de Placido Domingo. Il participa de sa présence à cette fête musicale où deux femmes, Alondra et Gaëlle, nous firent vibrer entre feu et fleurs.
André PEYREGNE
5 octobre 2025