CATHERINE HUNOLD AU FIRMAMENT DE L’OPUS
Les fans de l’opus de Gattières se souviendront tout particulièrement de cette 33ème édition du Festival Opus Opéra qui programmait pour la première fois le drame vériste de Mascagani Cavalleria Rusticana .
L’Opus a coutume de réunir de savoureuses distributions et de donner leur chance à de jeunes talents qui sont en général à l’orée de leur carrière. Mais, pour une fois, Elisabeth Blanc a choisi un autre profil d’artistes et a obtenu ni plus ni moins que la participation de Catherine Hunold qui faisait ainsi sa prise de rôle en Santuzza.
La soprano qui vient d’être nommée “personnalité musicale de l’année” par le Syndicat national de la critique dessine une héroïne bouleversante, le timbre est somptueux, les harmoniques riches, l’aigu triomphant et l’engagement émotionnel atteint une intensité qui empoigne chaque spectateur jusqu’ au tréfonds de l’âme. Comme souvent en pareilles circonstances, Catherine Hunold permet à l’ensemble de la distribution de se surpasser.
A commencer par le Turiddu de Luca Lombardo qui étonne par sa vaillance, la justesse de son chant, et la vigueur d’une interprétation à la hauteur de sa prestigieuse partenaire. Très remarquée également la Mamma Lucia de Svetlana Lifar, aussi sobre qu’émouvante et d’une austérité scénique qui illustre parfaitement le profil du rôle. Richard Rittelman (Alfio) toujours aussi énergique, et Laeticia Goepfert sulfureuse à souhait en Lola complètent efficacement le plateau.
Serge Manguette est aux manettes pour la mise en scène et a la très bonne idée de nous offrir un spectacle au premier degré en utilisant toutes les ressources du lieu, les cloches de l’église résonnent, (dans la tonalité voulue …), les fenêtres s’ouvrent pour laisser apparaître Lola, le mur de pierre semble tout droit sorti de la campagne sicilienne et l’on se surprend l’espace d’un soir à imaginer que Gattières est devenue la capitale de la « chevalerie rustique » ….
Bruno Membrey aurait souhaité disposer d’une formation plus fournie pour exprimer toutes les couleurs et les mélismes mascagniens, mais il tire la quintessence de la douzaine de musiciens confrontés à la lecture de la réduction de la partition de Cavalleria Rusticana adaptée pour un petit orchestre de chambre. Un vrai tour de force, salué comme il se doit par le public au moment des saluts.
En deuxième partie de soirée Bruno Membrey avait sélectionné et arrangé les plus grands succès de la chanson italienne, interprétés par le même cast. De « con te partiro » à «Catari » en passant par «Funiculi Funicula» et «O sole mio », la radieuse Italie fait chanter toute la salle et c’est Catherine Hunold qui, sous les ovations, clôture in fine « O sole mio» d’une note aigue incandescente pour s’inscrire au firmament de l’Opus….
Une soirée mémorable.
Yves Courmes.
17 juillet 2022