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Opéra National de Lorraine Nancy Vin… Amour… Fantaisie… Dans un pétillant « Elixir d’amour» À Nancy

Opéra National de Lorraine Nancy Vin… Amour… Fantaisie… Dans un pétillant « Elixir d’amour» À Nancy

dimanche 27 avril 2025

©Jean-Louis Fernandez

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©Jean-Louis Fernandez

Coproduite par l’Opéra National de Lorraine et l’Opéra d’Angers-Nantes avec l’Opéra de Rennes, la mise en scène de David Lescot convient parfaitement à cette œuvre de Donizetti dont la fraîcheur et la simplicité sont les qualités essentielles. Le metteur en scène transpose l’action au milieu d’une exploitation agricole de maïs, avec ses ouvriers écrasés par le soleil et le labeur, puis pris dans le tourbillon de la fête. Adina a des allures de Carmen et le Sergent Belcore des airs d’Escamillo. Nemorino, quant à lui, fait figure d’une jeune Don José encore immature et innocent, présenté dès le début comme un simplet harcelé par les gens de la ferme.

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©Jean-Louis Fernandez

Le décor campagnard d’Alwyne de Dardel et les costumes très colorés de Mariane Delayre servent de cadre très efficace à cette comédie bien enlevée. La ferme, un peu oppressante du premier acte, se transforme au second acte en boîte de nuit, le tapis roulant servant à acheminer les sacs de maïs est utilisé comme piste de danse. Les vêtements bariolés pour le travail à la ferme sont remplacés pour la fête par des costumes chics pour les Messieurs et des robes roses des Dames mettant en lumière le « kitch » du spectacle. Aux frous-frous de l’exubérante robe de mariée d’Adina, s’oppose le tenue de cow-boy de Dulcamara. Cependant, quelques touches de modernité s’y ajoutent : téléphones portables, revolver dont Belcore menace Nemorino, silo transformé en night-club à tendance échangiste. La direction d’acteurs très précise et soignée met bien en valeur la finesse souriante de l’ouvrage, sans lourdeur ni excès, rehaussant le comique de la situation contenu dans le livret.

Tout bouge, tout vit, tout chante et danse. La mise en scène de David Lescot bien que respectueuse et inventive, réalise la parfaite combinaison du théâtre et du chant.

Scéniquement, le spectacle est porté par une troupe de chanteurs parfaitement investis. Les artistes du Chœur de l’Opéra National de Lorraine parviennent chacune et chacun à créer au sein des scènes de foule, un personnage clairement individualisé, tout en assurant le haut niveau vocal de la représentation.

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©Jean-Louis Fernandez

Les prises de rôles (non sans risque) ont l’avantage de nécessiter un engagement exceptionnel. Le couple central rallie tous les suffrages. La jeune soprano Rocio Pérez s’empare du rôle d’Adina avec toutes ses qualités belcantistes. Ancienne élève de l’Opéra Studio de l’Opéra National du Rhin, elle possède le format vocal et le physique idéal. Sa première cavatine « Le beau Tristan » chantée en fond de scène est une merveille. L’émission de sa voix corsée et piquante correspond exactement à la coquette, sûre d’elle, rêveuse, piquante et provocatrice. A ses côtés, le jeune ténor Matteo Desole est un magnifique Nemorino, aussi percutant scéniquement en benêt amoureux transi que séduisant vocalement. Doté d’un timbre très attrayant et d’une puissante projection, il a aussi tous les atouts du « bel canto » qu’il conclut avec l’air tant attendu « Una furtiva lagrima » magnifiquement chanté « messa di vocce ». Rarement le personnage de Nemorino aura été aussi bien servi. L’émotion était bien là. Mikhail Timoshenko campe un Belcore fanfaron, qui se donne fière allure. Sa voix est sûre, sonore et les vocalises du « Come Parride vezzosa » sont irréprochables. Le rôle de Dulcamara est confié à Patrick Bolleire, (lui aussi a fait ses débuts à l’Opéra National du Rhin en 200è) qui est toujours aussi impressionnant par sa stature et son autorité vocale. Sa faconde affirmée, drôle sans en faire des tonnes, il est très doué pour le chant syllabique rapide. Sa cavatine « Udite, Udite, o ristici » est un vrai bonheur, il incarne à merveille le buffo donizettien. Manon Lamaison est une charmante et vive Gianetta, avec un très beau timbre de voix limpide. Quelle superbe distribution !! D’ailleurs le feu d’artifice final est un grand moment de bonheur partagé par les artistes sur scène et par le public dans la salle.

Dans la fosse, la jeune cheffe Chloé Dufresne déploie beaucoup d’énergie, dirigeant avec des tempos rapides et bien marqués, toujours en cohésion avec le plateau. L’Orchestre de l’Opéra National de Lorraine, en très grande forme, lui répond avec élan, rythme et cohésion, servant merveilleusement la musique de Gaetano Donizetti.

Ce soir, nous avons assisté à une réalisation exemplaire due à une équipe qui dégageait une grande complicité. Le public, enthousiaste a remercié les artistes par de longues et chaleureuses ovations, bien méritées.

Marie-Thérèse Werling
27 avril 2025

Direction musicale : Chloé Dufresne
Mise en scène : David Lescot
Costumes : Mariane Delayre 
Scénographie : Alwyne de Dardel
Lumières : Paul Beaureilles

Distribution :

Adina : Rocio Pérez
Nemorino : Matteo Desole
Belcore : Mikhail Timoshenko
Dulcamara : Patrick Bolleire
Gianetta : Manon Lamaison

Orchestre et Chœur de l’Opéra National de Lorraine 
Guillaume Fauchère (chef de chœur)

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