Il s’en passe de ces choses à Marseille ! Beaucoup plus fort que l’arrivée de la flamme olympique, savez-vous que la Méditerranée a débordé du Vieux Port et a remonté la Canebière ? On a peu parlé de cet événement et pourtant il est considérable ! Oui, la Méditerranée a remonté la Canebière et déferlé jusqu’au Théâtre de l’Odéon qu’elle a totalement submergé. Son flot irrésistible a entraîné sur son passage une foule de gens qui se laissèrent emporter avec joie.
Le phénomène en question n’avait, bien sûr, rien de météorologique ou géographique mais était purement musical. Cette Méditerranée-là était celle de Raymond Vincy et Francis Lopez. C’est elle qui a clôturé en apothéose la saison d’opérette marseillaise.
Il fallait voir l’ambiance. Dès les premières mesures, tout le public entonna en frappant dans les mains « Méditerranée / Aux îles d’or ensoleillées / Aux rivages sans nuages / Au ciel enchanté… ». Comment prétendre après cela que l’opérette ne suscite pas d’engouement ?
Et hop ! c’était parti pour une croisière, sur fond d’intrigue policière, en Corse (clin d’œil à son créateur Tino Rossi), en Sardaigne, aux Baléares, et même… dans un bouge mal famé du port de Tanger pour s’achever sur la « Grande Nuit bleue de Monte-Carlo » . La croisière s’amuse !
Venir à l’Odéon de Marseille, c’est s’assurer d’une cure de bonne humeur. Ce bastion de l’opérette est dirigé de main de maître par Maurice Xiberras – lequel gère concomitamment avec brio les destinées de l’Opéra de Marseille. Oui, on peut s’intéresser à la fois à (Tino) Rossi et à Rossini ! Maurice Xiberras a proposé à l’Odéon six opérettes et une comédie musicale cette saison. Qui dit mieux ? Il a su entretenir au fil des années un « esprit de troupe ». Carole Clin y est la « grande prêtresse » de la mise en scène, sachant « rajeunir » le genre et lui donner du rythme avec un efficace usage de projections.
Le plateau des habitués et des artistes aimés du public marseillais est ici réuni, à commencer par Juan Carlos Echeverry (Mario) spécialiste des ouvrages de Lopez auxquels il apporte son charme exotique. Perrine Cabassud une Paola au tempérament affirmé et à la voix percutante.
Le couple qu’on ne présente plus : Fabrice Todaro (Mimile) et Julie Morgane (Juliette) débordant de fantaisie.
L’excellent père Padovani de Jean-Claude Calon en curé pagnolesque, Claude Deschamps en cocasse gendarme borné, Estelle Danière sculpturale Conchita Cortez, Simone Burles truculente Annonciade, Grégory Juppin sobre et attachant Matteo, Dominique Desmons impeccable Monsieur Dubleu.
Les autres (seconds) rôles sont excellemment tenus par Jean-Luc Epitalon et Jean Goltier. Les chœurs, sous la houlette de Rémy Littolff, toujours précis et la chorégraphie de Maud Boissière contribuent à la réussite du spectacle. A la baguette, Bruno Conti fait swinguer l’Orchestre de l’Odéon.
La Méditerranée, à présent, a regagné son Vieux Port. Qu’attend-on maintenant – et avec impatience ? La prochaine saison !
André Peyrègne
25 Mai 2024
Direction musicale Bruno CONTI
Mise en scène Carole CLIN
Chorégraphie Maud BOISSIÈRE
Décors Loran MARTINEL
Costumes Opéra de Marseille
Distribution :
Paola Perrine CABASSUD
Juliette Julie MORGANE
Annonciade Simone BURLES
Conchita Cortez Estelle DANIÈRE
La maquilleuse / la fiancée d’Angelotti Sabrina KILOULI
Mario Franchi Juan Carlos ECHEVERRY
Mimile Fabrice TODARO
Padovani Jean-Claude CALON
Cardolacci Claude DESCHAMPS
Dubleu Dominique DESMONS
Matteo Grégory JUPPIN
Le Producteur / Angelotti / Le Capitaine Jean-Luc ÉPITALON
L’Acteur / Joseph / Charlot/ 2ème Curé Jean GOLTIER
Chœur Phocéen
Orchestre de l‘Odéon