Le château de Crémat, à Nice, est un lieu des soirées chics de la Côte d’Azur. Visible comme un phare à des kilomètres à la ronde, superbement restauré, il dresse au haut d’une colline sa tour et ses murs crénelés rouges et blancs qui lui donnent l’allure d’une forteresse d’un autre âge. Une fois la nuit venue, on se promène dans les jardins élégamment éclairés, tenant à la main une coupe de champagne dans laquelle les bulles semblent refléter le ciel étoilé.
Là, sur une terrasse d’où l’on a une vue panoramique sur le paysage alentour, a eu lieu un concert lyrique. Il était organisé, sous l’égide du Conseil départemental des Alpes-Maritimes, par l’association Opus-Opéra, laquelle réalise chaque été la prouesse de monter un opéra dans le village de Gattières. (Ce sera, cette année, du 31 juillet au 4 août, la Rondine de Puccini).
Ce soir-là, nous fûmes sous le charme de trois grâces chantantes, Chloé Chaume, Valentine Lemercier, Rachel Duckett. Celles dont l’allure et l’élégance ne dépareraient pas dans un défilé de mode, possèdent en plus un talent digne des grandes scènes lyriques. Elles donnent une image vivifiante de l’opéra. Elles ont tout pour attirer les jeunes vers l’art lyrique – beaucoup plus que les metteurs en scène intello-hystériques qui justifient leurs délires par leur volonté de capter de « nouveaux publics » !
Ah que Chloé Chaume fut émouvante dans le grand air de la Tosca ! Qu’on fut ému par Valentine Lemercier dans celui de Dalila ! Qu’on fut ravi par le tintement de la voix de Rachel Duckett dans l’air des clochettes de Lakmé ! Et on ne vous parle pas de notre plaisir lorsqu’elles se mirent à chanter en duo la barcarolle des « Contes d’Hoffmann » ou le « Duo des fleurs » de Lakmé !
Au piano, elles furent efficacement accompagnées par quelqu’un qui n’est pas un simple accompagnateur mais dont on sait aussi les qualités de chef d’orchestre symphonique, Bruno Membrey.
La soirée était si attractive qu’on y vit venir les deux nouveaux députés niçois Eric Ciotti et Bernard Chaix, présents tout au long du concert malgré les sollicitations de l’étourdissante actualité politique. La douce harmonie qui régnait en ce lieu dut leur sembler bien éloignée des tumultes de l’Assemblée nationale ! Plus que jamais, dans la douce nuit d’été, sur la terrasse panoramique du Château de Crémat, la musique adoucissait les mœurs…
André PEYREGNE
11 juillet 2024