En matière artistique, la perfection n’existe pas. Elle n’existe qu’en mathématiques. Il nous semble pourtant que l’interprétation de la Neuvième symphonie de Schubert, l’autre soir par Riccardo Muti à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dans la cour du Palais Princier, a été… « parfaite ». Parfaits les tempos, parfait le rythme, parfaites les nuances et les crescendos, parfaits les contrastes entre la douceur et la grandeur, parfaits les ralentis et accelerandos, parfaites la maîtrise des fins de phrases, parfaits les relais entre pupitres. La musique allait d’un endroit à l’autre de l’orchestre comme un tissu de velours qui ondule en plis souples. A chaque pupitre, les sons naissaient sans heurt, sans dureté. Les trombones étaient déliés comme des violoncelles, les violons fluides comme des zéphyrs -même dans les tremolos les plus serrés. Les solos de hautbois ou de cor entraînaient l’ensemble de l’orchestre dans une onde magnifique.
Le maître de tout cela était le chef, Riccardo Muti. D’un simple geste au dessus de l’orchestre, il fait naître l’aurore ou le crépuscule, répand sur le monde une vague d’humanité.
Sa symphonie fut encore plus « contemplative » que la Contemplation de Catalani entendue en début de concert. L’esprit de Schubert était là, tendre, exaltant, intemporel, consolateur. Au bout du compte, dans cette belle Cour d’honneur du Palais Princier plongée dans la nuit d’été, plus rien n’existait que l’émotion pure. La symphonie du bonheur.
André PEYREGNE
Vendredi 26 juillet 2024
Deuxième date pour ce concert exceptionnel : dimanche 28 juillet /Monaco, Palais Princier, 21h30. Tarif: de 15 à 150 euros. Tél 377.92.00.13.70.