Un, deux, trois, quatre pianos à queue sur la scène de l’Auditorium de Monaco. Dimanche dernier, le Philharmonique de Monte-Carlo avait programmé les concertos pour deux, trois, quatre pianos de Bach. Enfin, deux, trois, quatre… « claviers » – car à l’époque de Bach on ne jouait pas du piano mais du clavecin.
Dans ces partitions, la musique de Bach bondit, virevolte, étincelle, « swingue ». Qui persiste à dire que Bach est austère, sévère ? Sa musique est une vraie fête !
Au programme figuraient le Concerto BWV 1060, le plus courtisé des concertos pour deux claviers; le 1061 avec sa fugue du troisième mouvement, où le thème passe de main en main de l’un à l’autre des deux pianistes ; le 1062, qui est la transcription par Bach de son célèbre Concerto pour deux violons ; le 1063 pour trois claviers, dont le mouvement lent se balance à la manière d’une douce sicilienne ; enfin le 1065, qui est l’éblouissante transcription d’un Concerto pour 4 violons de Vivaldi.

C’est David Fray qui menait la danse sur la scène monégasque, en tant que soliste et chef. Par moments, il se levait de son clavier, dressait sa silhouette longiligne à la chevelure romantique et relançait l’orchestre d’un geste souple. Ses trois autres partenaires pianistes étaient son ancien professeur du Conservatoire de Paris, Jacques Rouvier, et deux anciens élèves de ce maître, Emmanuel Christien et Audry Vigoureux.
Tous quatre avaient déjà excellemment gravé sur disque ce programme de cinq concertos de Bach. Au concert, on n’a pas retrouvé le même élan que sur le disque, à part dans le Concerto pour 4 pianos où le concert éclata vraiment. Ce fut alors une vraie jubilation.

Il était émouvant de voir côte à côte les trois anciens élèves et leur professeur. Les trois jeunes honoraient leur maître de naguère, Jacques Rouvier, et les quatre ensemble honoraient leur maître de toujours : Jean-Sébastien Bach.
André PEYREGNE
30 novembre 2025


