C’est l’histoire émouvante d’un enfant orphelin recueilli par un vagabond qui n’a pas le sou et qui, pourtant, arrive à l’élever. Le film Le Kid a été réalisé il y a plus d’un siècle, en 1921, par Charlie Chaplin. Il y a, dans ce chef-d’œuvre muet et en noir et blanc, toute la poésie, la tendresse, la subtilité, et bien sûr l’humour du génie chaplinesque.
Il aurait fallu être de marbre pour ne pas verser une larme en le voyant, l’autre soir, à l’Opéra de Monte-Carlo. Le film suffisait à lui seul à nous émouvoir. Mais notre émotion fut décuplée par la présence du Philharmonique de Monte-Carlo qui, tapi dans la pénombre en dessous de l’écran, accompagnait sa projection.
On se trouvait dans le cadre de ce qu’on appelle désormais un « ciné-concert ». La séance était coproduite par le Philharmonique de Monte-Carlo et l’Institut audiovisuel de Monaco. Le beau, le grand, le généreux orchestre monégasque était dirigé par un chef allemand rompu à ce genre d’exercice, Frank Strobel. La synchronisation entre les images et la musique fut parfaite. La connivence hors du temps entre Strobel et Chaplin était totale. Une bande enregistrée n’aurait pas fait mieux. Mais là, on avait le frisson de la musique jouée en direct. De qui était la musique ? De Charlie Chaplin lui-même. Mais oui ! On le dit assez peu, ce réalisateur et acteur de génie était aussi musicien. Sa musique avait toutes la volupté des mélodies et harmonies de la Belle Époque.
Lorsque la salle éclata en bravos à la fin, les applaudissements étaient destinés non seulement au chef et aux musiciens mais aussi aux acteurs du film, comme s’ils étaient vivants et allaient sortir des coulisses pour venir nous saluer !
En ce moment se déroule le festival de Cannes. Voulez-vous savoir, cette soirée valait toutes celles de ce festival !
André PEYREGNE
15 Mai 2024