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MENU-DÉGUSTATION BERLINOIS POUR UN PUBLIC NOUVEAU

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lundi 16 septembre 2024

Une succession d’oeuvres courtes données devant un public international  – (c) Patrick Balmer

Capitale mondiale des formes de vie avant-gardistes, Berlin accueille chaque année au mois de septembre la Folsom Europe. Ce rassemblement international LGBT attire 25. 000 visiteurs. Une partie d’entre eux assiste au traditionnel concert donné en l’église luthérienne des Douze Apôtres. Il permet de faire découvrir la musique classique à des auditeurs n’en étant pas forcément tous familiers.

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Une fois de plus, il y avait une foule  composée de membres d’une vingtaine de pays pour écouter un concert donné par des artistes professionnels et tenant du menu-dégustation. Conçue depuis près de dix ans par Tyrone Rontganger, un traducteur  par ailleurs pianiste à ses moments de liberté, la soirée « Fetish Meets Classics » aura – en l’espace de deux heures  – permis de rencontrer quatorze œuvres courtes signées notamment Telemann, Poulenc, Verdi ou Händel. On y a été agréablement surpris par l’originalité des propositions artistiques. Qui connaît encore aujourd’hui Henri Mulet (1878-1967), ayant été l’organiste du sanctuaire parisien de Saint Eustache, et son « Tu es petra » datant de 1920 ? Qui peut se targuer d’avoir déjà entendu l’ « Andante pour cor et orgue » écrit par Saint-Saëns vers 1853 ? Ces pages ont tenu compagnie à d’autres raretés comme l’un des airs de la cantate d’église BWV 117 de Bach.

Un tel exercice a ses limites. L’acoustique de l’église luthérienne des Douze Apôtres est loin de s’avérer parfaite. Mais elle ne se trouve pas dans un quartier excentré. Les treize interprètes – instrumentistes et chanteurs – retenus pour le concert ont une expérience et des niveaux différents. Dans un pareil contexte, le jeu des comparaisons pourrait s’avérer cruel. Mais on aura été intéressé par le flûtiste Ash Hodge, à l’aise dans « Entracte » de Jacques Ibert, et par le corniste Niels von Tannenstein. Ce dernier contrôle de façon fiable un instrument rempli de traquenards.

Les formations à géométrie variable  du concert auront été à la fois des agents d’étonnement et de délectation. L’étonnement ? Voici plus d’un siècle qu’on ne confie plus à un piano la partie de clavier chez Bach ou Telemann. La révolution de la pratique du répertoire baroque est passée par là, surtout dans la ville abritant l’Akademie für Alte Musik Berlin. La délectation ? Elle aura eu deux aspects. D’abord un mouvement de la « Kammermusik » n°1 de Martinů écrite en 1959, étonnant sextuor durant lequel la harpe et le piano créent un partenariat timbrique étonnant. Ensuite, un mouvement du délicieux « Trio avec piano » en si bémol majeur opus 37 d’Ignaz Lachner (1807-1895), créateur réunissant l’art reçu de Haydn, de Schubert et de Marschner. Il fut rendu de manière superbe par le violoniste Davit K., l’altiste Janeks Niklavis et le pianiste Greg Winn. Ce dernier aura été le meilleur instrumentiste de la soirée. Il aura montré, comme Tyrone Rontganger, que la musique classique a de l’avenir si elle ne ressemble pas à un culte de l’entre-soi …

Dr. Philippe Olivier

 

 

 

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