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Luisa Miller à l’opéra de Monte-Carlo

Luisa Miller à l’opéra de Monte-Carlo

samedi 15 décembre 2018
Roberto Alagna, Aleksandra Kurzak et Artur Ruciński – Photo Alain Hanel
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C’était donc la première apparition en Principauté de « Luisa Miller », opéra assez peu souvent représenté qui marque pourtant une étape majeure dans le parcours artistique de Giuseppe Verdi. L’ouvrage, adapté d’une pièce de Schiller par Salvatore Cammarano, fut créé au San Carlo de Naples le 8 décembre 1849. C’est le quatorzième du compositeur, et la partition brillante et colorée annonce déjà la trilogie magique « Rigoletto », « Trouvère », « Traviata » des années 1851 à 1853. L’Opéra de Monte-Carlo proposait une prestigieuse distribution pour cette « Luisa Miller » en version de concert avec, en tête d’affiche, Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak. A dire vrai dire le couple très glamour formé par le ténor français et la soprano polonaise se trouve curieusement éclipsé par la performance d’Arthur Rucinski, époustouflant dans son incarnation de Miller, vieux soldat à la retraite et père de l’héroïne Luisa Miller. Une fois n’est pas coutume, ce rôle est écrit pour un baryton qui n’est ni le rival, ni l’ennemi du ténor, mais il requiert une sensibilité d’interprétation et des facultés d’intonation merveilleusement répercutées par Arthur Rucinski auquel le public a réservé plusieurs ovations notamment à la fin de son grand air du premier acte.

Largement plébiscitée elle aussi par le public, la belle mezzo-soprano russe Ekaterina Sergueieva illumine de son timbre mordoré, profond et chaleureux les trop rares interventions de Federica. Vitalu Kowaljov, qui remplaçait au pied levé Adrian Sampetrean souffrant, fait valoir une belle voix de basse, méchante à souhait dans son incarnation de Walter, et surmonte relativement facilement les écueils d’un emploi techniquement difficile dont la tessiture d’ensemble s’apparente presque au baryton. In-Sung Sim s’inscrit sans problème dans la tessiture moyenne de Würm et lui confère la duplicité qui sied au personnage. Au sein du couple vedette, Roberto Alagna semble parfois un peu émoussé par les accents de révolte paroxystiques qui caractérisent Rodolfo, mais l’expérience est bien là et la ligne de chant toujours aussi magique pour la cavatine inspirée du deuxième acte. A ses côtés Aleksandra Kurzak campe Luisa, un rôle qui selon Verdi sollicitait une ingénue capable de qualités très dramatiques » Un condensé en somme de Gilda, puis de Violetta et enfin de Leonora au dernier acte… Certes la voix de la soprano polonaise n’est pas immense mais elle demeure toujours bien placée et joliment agile et le timbre s’affiche fruité et clair, pour signer in fine une incarnation plutôt séduisante des diverses facettes de l’héroïne verdienne. L’orchestre joue un rôle majeur et l’aspect symphonique de la partition révèle pleinement l’évolution de l’écriture du compositeur notamment pour l’ouverture qui s’inscrit comme un immense prélude d’un seul tenant jusqu’au galop final. Le très expérimenté Mauricio Benini, à la tête de la rutilante phalange monégasque, prend un plaisir manifeste à jongler avec les tensions et les variations de rythme et encadre méthodiquement chaque intervention des chanteurs. Une très belle soirée longuement applaudie par un public très attentif à la redécouverte des qualités de l’ouvrage.

Yves Courmes
4 janvier 2019

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