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L’orchestre Colonne, salle Gaveau à Paris.

L’orchestre Colonne, salle Gaveau à Paris.

dimanche 28 janvier 2024

© André Peyrègne

Colonne, on vous aime !

Je vous parle d’un concert qui a eu lieu le 2 mars 1873. J’y étais. Du moins, à sa reconstitution qui a eu lieu dimanche dernier en la Salle Gaveau à Paris – le concert de création de l’historique Orchestre Colonne !

C’était au temps de la Troisième République, des calèches et des crinolines, du bonheur retrouvé après que la France ait fini de payer les 5 milliards francs or qui constituaient sa dette de guerre à la suite de la débâcle de 1870. Les caisses de l’État étaient vides. (Tiens, déjà ?)

Ce jour-là, deux noms historiques étaient à l’affiche : le pianiste Camille Saint-Saëns, la cantatrice Pauline Viardot. On croit rêver ! Au programme figuraient le Carnaval de Guiraud, les  Jeux d’enfants  de Bizet, le Deuxième Concerto de Saint-Saëns, la Symphonie Italienne de Mendelssohn, le Roi des Aulnes de Schubert.

Dimanche dernier, devant une Salle Gaveau comble, le rôle de Saint-Saëns fut tenu par Marie-Josèphe Jude. Physiquement, ce n’était pas crédible ! Mais musicalement ce fut idéal. Il est impossible que le 2 mars 1873, Saint-Saëns ait joué mieux son concerto que Marie-Josèphe Jude dimanche dernier ! Tout y était sous ses doigts : la virtuosité, le brio, ainsi qu’une sorte d’élégance française qui lui faisait perler les notes et étinceler les traits.

Tatiana Probst, elle, tint le rôle de Pauline Viardot. Elle « dramatisa » le  Roi des Aulnes. Elle a eu raison. Cette œuvre est une sorte d’opéra en quatre minutes !

Mais venons en au héros du jour : l’orchestre. Il appartient au patrimoine de la musique française. En cent cinquante ans, il a créé des œuvres de Debussy, Ravel, Massenet, Fauré, a été dirigé par Mahler, Richard Strauss, Tchaïkovsky, Prokofiev, a participé, avec ses musiciens, à la création du Sacre du Printemps sous la direction du chef Pierre Monteux qui n’était autre que son alto solo. En plus de sa cohésion et de la qualité de ses solistes, l’orchestre Colonne a – mais est-ce le fait de notre imagination ? – une sorte de sonorité veloutée qui est comme la patine des tableaux historiques.

Ce dimanche, Jean-Claude Casadesus était chez lui à sa tête. Fine et droite silhouette, il semble n’avoir rien perdu de l’énergie de ses vingt ans. Sa direction est efficace, attentive, fine, brillante. Elle est ce qu’elle a toujours été !

On fut heureux d’être là. Colonne est indispensable au paysage musical parisien. Dans toutes les tempêtes que peut traverser le monde de la culture, Colonne doit rester de marbre. Colonne, on vous respecte, on vous aime !

André PEYREGNE

28 Janvier 2024

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