Festival : Aix se prend pour Avignon
Le Festival d’Aix a fait les soldes. Il nous offre l’Opéra de Quat’ sous. Ça ne vaut pas plus ! On imaginait une comédie musicale, on a droit à un (trop) long spectacle politique visant à mettre en exergue les idées anarchistes très datées de Berthold Brecht. Aix se prend pour Avignon. Heureusement, la musique de Kurt Weill sauve les meubles avec, en particulier, la célèbre chanson de Mac-la-Lame que tout le monde connaît.
La vraie valeur de ce spectacle tient dans la performance-même des acteurs de la Comédie-Française et en particulier dans le fait qu’ils chantent juste. Et chanter juste n’est pas donné à tous les comédiens !
L’histoire se passe dans les bas-fonds londoniens de Soho où Mac-la-Lame fait régner sa loi. Il a d’abord épousé Lucy, fille d’un policier véreux, puis Polly, héritière du roi des mendiants. Ce dernier gère la misère de la rue comme une entreprise. Mac-la-Lame est dénoncé à la police par une prostituée et est condamné à la potence. Mais – coup de théâtre – on ne vous raconte par la fin…
L’histoire est claire et pourtant le metteur en scène Thomas Ostermeir a si peu confiance dans les capacités intellectuelles du public qu’il fait défiler des bandeaux lumineux explicitant l’action au fur et à mesure. Exemple : « Polly chante une chanson pour expliquer à ses parents qu’elle a épousé un bandit ». Merci, on avait compris !
Le décor est rudimentaire, réduit à une inutile passerelle et à des vidéos d’époque qui passent là par hasard.
Au milieu de la longueur du spectacle se trouvent quelques numéros de cabaret plutôt réussis, au cours desquels les comédiens interpellent le public avec drôlerie.
Tout cela est accompagné par un petit orchestre, comme à la création de l’ouvrage. On entend, soudain, au milieu, une balalaïka. Mais que fait là, oh la la, la balalaïka ? Était-ce la volonté de Weill ? L’orchestration semble inachevée à certains endroits, réduite parfois à un seul trombone qui joue la mélodie sans harmonie. Bon pour quat’sous, on ne pouvait s’attendre à plus ! L’orchestre s’appelle le Balcon. C’est la première fois qu’on voit le balcon dans la fosse ! A « Quat’sous », on est sens dessus-dessous. Ainsi va Weill sous le ciel aixois…
André PEYREGNE
22 juillet 2023
à retrouver également sur Arte concert : https://www.arte.tv/fr/videos/114774-001-A/brecht-weill-l-opera-de-quat-sous/
Direction musicale : Maxime Pascal
Adaptation et mise en scène : Thomas Ostermeier
Scénographie : Magda Willi
Costumes : Florence von Gerkan
Lumière : Urs Schönebaum
Dramaturgie et collaboration artistique : Elisa Leroy
Chorégraphie : Johanna Lemke
Vidéo : Sébastien Dupouey
Son : Florent Dere
X Assistant à la direction musicale : Alphonse Cemin
Chef de chant : Vincent Leterme
Assistante à la mise en scène : Dagmar Pischel
Assistante aux décors : Ulla Willis
Assistante aux costumes : Mina Pureši?
Assistant à la vidéo : Romain Tanguy
Assistante au son : Koré Préaud
Consultante dramaturgique diversité : Noémi Michel
Troupe de la Comédie-Française
Celia Peachum : Véronique Vella
Jenny : Elsa Lepoivre
Jonathan Jeremiah Peachum : Christian Hecq
Robert, homme de Macheath et Smith : Nicolas Lormeau
Brown : Benjamin Lavernhe
Macheath : Birane Ba
Lucy : Claïna Clavaron
Polly Peachum : Marie Oppert
Filch et Saul, homme de Macheath : Sefa Yeboah
Matthias, homme de Macheath : Jordan Rezgui
Et
Jacob, homme de Macheath : Cédric Eeckhout
Chœur amateur : Passerelles
Chef de chœur : Philippe Franceschi
Orchestre : Le Balcon