Ce spectacle, défini par les auteurs Julien Delpech et Alexandre Foulon comme comédie historique, met en lumière une page de notre histoire qui fait étrangement écho à ce que nous vivons actuellement. Antisémitisme, censure, fausses rumeurs sont bien évoqués dans ce texte habilement troussé qui réserve de nombreux rebondissements et coups de théâtre à répétition.
L’action se situe en 1894 dans un pays plus que divisé par l’affaire Dreyfus qui déchaîne les passions .
Le capitaine en question est accusé d’espionnage et déclaré coupable.
Zola, écrivain éminemment reconnu, enquête sur cette affaire sulfureuse, à l’encontre de l’avis de son éditeur. Il rédige alors un redoutable pamphlet.
Le cinéaste Méliès s’engage de son côté à dénoncer un scandale d’état en réalisant un film de propagande (très vite censuré par ailleurs) qui sera projeté dans le monde entier.
Rien n’arrêtera nos trois Téméraires dont les noms seront à jamais scellés dans l’histoire, unis par un sens du devoir hors du commun.
Ils feront, armés du même courage, éclater la vérité .
Nous suivons avec intérêt les péripéties d’une trentaine de personnages (interprétés par seulement sept comédiens) qui endossent leurs rôles avec une aisance et une véracité assez stupéfiantes.
La mise en scène de Charlotte Matzneff, efficace à souhait, nous fait vivre des instants proches d’un feuilleton cinématographique dont on attend la suite avec impatience.
Les rapides changements à vue des éléments de décors qui composent la scénographie astucieuse d’Antoine Milian la servent à merveille.
Nous avons apprécié la justesse des costumes d’époque signés Corinne Rossi tout comme l’accompagnement musical imaginé par Mehdi Bourayou qui enveloppe le spectacle avec sobriété.
Romain Lagarde campe un Zola fort convaincant face à son épouse Sandrine Seubille (très émouvante dans les scènes avec Jeanne, sa rivale).
Le couple que rien ne pourra séparer malgré les différentes embûches se révèle extrêmement touchant.
Stéphane Dauch, Méliès, ami et complice de la première heure donne une force indéniable au spectacle.
Nous saluons également Antoine Guiraud, Thibault Sommain ainsi que Fanny Chasseloup et Kathia Ghanty qui ce soir là ont défendu de multiples emplois avec talent.
Une des clés de la réussite de cette palpitante saga tient également au fait que l’intrigue touchera la sensibilité d’un public de tout âge ; chacun trouvera son compte à ce récit de portée universelle qui fait du bien.
Philippe Pocidalo
29 mars 2024