Le monument écrit par ce géant de la littérature en 1862 appartient à notre patrimoine et reste une fierté que chacun ressent à la lecture de celui-ci.
De la Seine à la scène, il n’y avait que quelques lieues à franchir !
Au moment même où la cathédrale Notre-Dame de Paris – si chère à l’auteur – réouvre ses portes, une nouvelle production du musical de Boublil et Schönberg Les Misérables effectue un retour fracassant au théâtre du Châtelet.
À l’heure de la rédaction de cette chronique, une pluie d’éloges a déjà salué ce spectacle haut en couleur, mis en scène avec brio par Ladislas Cholat.
Il ne s’agit pour ce dernier nullement d’un coup d’essai dans le domaine musical. Il nous a proposé (entre autres titres) tout récemment Molière, l’opéra urbain, et présenté auparavant Oliver Twist, ainsi que Résiste, florilège construit autour des chansons de France Gall.
L’intrigue du roman-fleuve est bien connue de tous. En 1815, Jean Valjean est libéré du bagne de Toulon, après y avoir purgé une peine de dix-neuf ans. Initialement condamné à cinq ans de bagne pour avoir volé du pain, il voit sa peine prolongée à la suite de plusieurs tentatives d’évasion. Libéré, son passé de forçat le poursuivra et le contraindra à présenter (à chacun de ses passages dans une ville nouvelle) ses papiers attestant de son triste parcours. Il se heurte à chaque fois douloureusement au rejet social.
Ses péripéties rocambolesques lui feront rencontrer une galerie de personnages, que nous suivrons tout au long du récit : l’évêque de Digne, l’odieux couple Thénardier, Fantine, Cosette, Éponine, sans oublier Marius et Enjolras.
Son ennemi de toujours, l’implacable Javert, le poursuivra sans répit durant des années, désireux de l’anéantir – avant de connaître lui-même une fin tragique.
L’émotion sera palpable à la fin du récit, Valjean mourant seul après des années d’anonymat, désireux de ne pas salir son image auprès de sa protégée Cosette. Celle-ci trouvera finalement le bonheur auprès de Marius…
La production de 2024 (donnée en français) repose sur celle présentée à Londres et à Broadway par Cameron Mackintosh.
Installés à Londres en 1985, ces Misérables séjourneront dans le West end pendant dix-huit ans au Palace Theatre – avant un retour en 2004 au Queen’s Theatre, dans une version remaniée qui fait toujours salle comble.
L’aventure à Broadway débute en 1987 à l’Imperial Theatre et tient l’affiche durant seize ans.
Paris accueille une version en français à Mogador en 1991 qui sera couronnée l’année suivante par un Molière du meilleur spectacle musical.
Une tournée anglaise sera présentée en version originale en 2010 (déjà au Châtelet) mais ne convainc pas totalement. Néanmoins, le nombre vertigineux de spectateurs ayant vu le show depuis sa création semble assez incroyable : cent trente millions recensés dans tous les continents !
Ladislas Cholat et son équipe ont travaillé d’arrache-pied pendant de nombreux mois sur la conception de ce bijou théâtral et musical.
Il nous confie avoir souhaité demeurer le plus proche possible du roman éponyme. Tout d’abord par le choix de la scénographie et des décors animés (signés Emmanuelle Roy) qui nous rappellent les gravures de Gustave Doré : des touches d’encre aux couleurs pastel, rehaussées par les lumières fondues d’Alban Sauvé s’avèrent parfaitement adaptées aux tableaux qui défilent devant nous. Ces derniers, tantôt intimistes tantôt spectaculaires, alternent au gré de l’action à un rythme quasi cinématographique.
Les projections (tirées des dessins de Victor Hugo) leur donnent vie, tout comme les costumes usés et rapiécés créés par Jean-Daniel Vuillermoz qui témoignent de la misère palpable de nos personnages.
Le plateau artistique se montre de premier ordre : tous les artistes – des rôles principaux jusqu’aux ensembles – jouent, chantent, bougent à un rythme impressionnant. Tous seraient à citer sans exception !
Certaines représentations verront par ailleurs des artistes issus des ensembles s’emparer de rôles de premier plan.
Ils sont chorégraphiés par Romain Rachline Borgeaud, récemment récompensé pour son travail novateur dans le domaine de la comédie musicale.
Alexandra Cravero (en alternance avec Charlotte Gauthier) dirige l’orchestre du Théâtre du Châtelet avec fougue et recueille une part non négligeable des applaudissements nourris du public – conquis après trois heures de bonheur total !
Les enfants artistes, membres de la Maîtrise des Hauts-de- Seine, contribuent largement à ce moment de partage.
Philippe Pocidalo
27 novembre 2024.
D’après le roman de Victor Hugo.
Musique : Claude-Michel Schönberg.
Livret et texte : Alain Boublil.
D’après le texte original d’Alain Boublil et Jean-Marc Natal.
Paroles anglaises : Herbert Kretzmer.
Matériel additionnel : James Fenton.
Adaptation : Trevor Nunn et John Caird.
Orchestrations : Stephen Metcalfe, Christopher Jahnke et Stephen Brooker.
Orchestrations originales : John Cameron.
Originellement produit à Londres et à Broadway par Cameron Mackintosh.
Mise en scène : Ladislas Chollat.
Direction musicale : Alexandra Cravero
Décors : Emmanuelle Roy.
Costumes : Jean-Daniel Vuillermoz.
Vidéo : CUTBACK
Lumières : Alban Sauvé
Chorégraphie : Romain Rachline Borgeaud.
Coach de combat : Hugo Bariller.
Nouvelle production en français.
Jean Valjean : Benoît Rameau
Javert : Sébastien Duchange
Fantine : Claire Pérot
Monsieur Thénardier : David Alexis
Madame Thénardier : Christine Bonnard
Cosette : Juliette Artigala
Marius : Jacques Preiss
Éponine : Océane Demontis
Enjolras : Stanley Kassa
L’Évêque de Digne : Maxime de Toledo
Gavroche : Paul Wandrille Charbonnet ou Liam Jabnoune ou Victor Bigot ou Gaspard de Cerner
Cosette enfant : Maëlys O Neil ou Louise Monteil ou Bertille Grégoire ou Iris Monzini
Éponine enfant : Émilie de Froissard ou Suzanne Bafaro ou Roxane Carbonnier ou Menny Padilla.
Troupe et seconds rôles : Juliette Behar, Ludmilla Bouakkaz, Ambre Brisset, Mathilde de Carné, Clara Enquin, Myriana Hatchi, Louise Leterme, Camille Mesnard, Barbara Peroneille, Ariane Pirie, Basile Alaïmalaïs, Mickaël Alkemia, Grégory Benchenafi, Cédric Chupin, Ronan Debois, Joseph de Cange, Vincent Gilliéron, Bastien Jacquemart, Alexandre Jérôme, Yoann Launay, Ryan Malcolm, Arnaud Masclet, Henri Pauliat, Harold Simon.
Swings : Lara Pegliasco, Charlotte Hervieux, Louis Buisset et Sébastien Monier.