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L’enlèvement au sérail à l’opéra de Monte-Carlo

L’enlèvement au sérail à l’opéra de Monte-Carlo

mardi 26 mars 2019

photo Alain Hanel

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L’Enlèvement au sérail fut créé à Vienne le 16 Juillet 1782, l’ouvrage connut dès sa création un franc succès et demeura l’opéra de Mozart le plus apprécié du public de son vivant.
Selon la légende l’empereur qui assistait à la création aurait déclaré “ c’est trop beau pour nos oreilles et il y a trop de notes…” Il n’avait sans doute pas tout à fait tort car Mozart s’y était déjà repris à plusieurs fois pour alléger la partition de son “Singspiel”.
Et en fait si l’on y regarde d’un peu plus près le Singspiel, littéralement “pièce chantée” qui entremêle théâtre, musique et chansons d’inspiration populaire pourrait bien apparaitre comme une sorte d’ancêtre de la comédie musicale actuelle.
Fort de ce constat ainsi que de l’universalité et de l’intemporalité des thèmes mozartiens Dieter Kaegi ose une transposition des péripéties Turques de l’enlèvement dans les années 1920 mais toute l’action se déroule dans un train inspiré par l’Orient Express. Voilà donc Constance prisonnière du convoi qui se déplace allègrement de Monte Carlo au Caire en passant par Salzbourg, Budapest et Istanbul. Tout cela est remarquablement visuellement, le train paraissant se déplacer de gauche à droite grâce aux projections de sites et paysages en mouvement en arrière-plan. On ne peut s’empêcher de réagir en reconnaissant au passage les sites bien connus des voyageurs La riviera, la citadelle de Salzbourg ou les pyramides de Guizeh….
D’un compartiment à l’autre, du wagon restaurant au fumoir, le vaudeville joyeux prend une réelle consistance et les sourires fleurissent un peu partout parmi le public de la salle Garnier.
Coté distribution Jodie Devos est irréprochable dans son incarnation palpitante de Blonde et se taille un joli succès lors des saluts. La Konstanze de Rebecca Nelsen affiche agilité et prestance mais les notes les plus exposées sont souvent porteuses de stridences peu agréables à l’oreille. Cyrille Dubois campe un Belmonte au timbre argenté et à la projection affutée, la ligne de chant gagnerait à coup sûr en élégance si elle se départissait d’un zest de maniérisme tout à fait superflu.
SI Brenton Ryan est un honorable Pédrillo, Albert Pesendorfer est apparu bien discret, le baryton basse autrichien murmure les graves abyssaux d’Osmin et donne peu de relief à la truculence et aux arabesques du personnage.
Dans la fosse Patrick Davin rend justice au caractère jubilatoire de la musique, Mozart était amoureux de sa Constance et bonheur et joie transpirent sans bémol de la partition …..
Au final une soirée dépaysante qui doit beaucoup à la mise en scène ludique et inspirée de Dieter Kaegi.

Yves Courmes.

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