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L’Elixir d’Amour à l’opéra de Nice

L’Elixir d’Amour à l’opéra de Nice

mardi 28 novembre 2017
Photo Dominique Jaussein

Pour l’ouverture de sa saison lyrique l’Opéra de Nice a donc fait choix de « L’Elixir d’amour » qui, avec « La Fille du régiment » et « Don Pasquale », constitue sans doute la trilogie la plus connue des œuvres de Donizetti que l’on peut classifier sous les termes d’«opéra-bouffe » ou d’« opéra-comique » dans la mesure où s’en dégagent une ambiance joyeuse et où tout se termine au mieux pour le couple d’amoureux. Ces œuvres-là sont en quelque sorte les proches ancêtres de l’opérette puisque moins de 30 ans séparent la création de « L’Elixir d’amour » (1832) de celle d’« Orphée aux enfers » d’Offenbach (1858). La production niçoise est une sorte d’hommage au cinéma néo-réaliste italien à la manière de Vittorio de Sica. Nous sommes dans un village typique d’une Toscane revisitée pour les besoins de l’écran. Les femmes portent des robes colorées à la mode 1950 et les hommes, en pantalons et gilets, sont des pêcheurs, des commerçants et des notables. Il y a naturellement des uniformes et, bien sûr, l’incontournable curé de la paroisse. Toute la vie grouillante d’une bourgade italienne est parfaitement dépeinte et le metteur en scène, Eric Chevalier, s’attache à ce qu’il n’y ait strictement aucun temps mort dans une direction d’acteur maîtrisée et visant, en premier lieu, au plaisir du spectateur. Il est bien secondé en cela par la vidéo de Gabriel Grinda qui avait déjà fait une démonstration de son brillant talent à l’occasion des représentations de « Tannhäuser » à l’Opéra de Monte-Carlo la saison dernière. La vidéo permet, avec de simples panneaux, de donner une impression en 3D des décors mais aussi s’autorise quelques effets amusants comme le passage d’un avion jetant des ballons ou encore une évocation dans le ciel de « Tristan et Isolde » venant ainsi, à la manière d’un dessin animé, paraphraser le récit du philtre d’Adina. Autres joyeusetés : les feux d’artifice annonçant l’arrivée de Dulcamara ou encore la déformation des maisons ponctuant l’ivresse de Nemorino.

La distribution réunie pour la circonstance a pour qualité première son homogénéité, faisant ainsi la preuve que, sans grande star ni esbroufe, on peut néanmoins réussir son affaire. Gabrielle Philiponet est une charmante Adina au timbre cristallin et dont la voix rend justice aux ornementations de la partition tout particulièrement dans la scène finale. Davide Giusti, aussi mince qu’élancé, entre à merveille dans la peau du personnage de Nemorino avec ses allures de paysan timide et niais. Son adéquation stylistique s’accorde avec la partition de Donizetti. Philippe-Nicolas Martin joue de son physique avantageux pour un Belcore qui roule des mécaniques sous un tee-shirt d’athlète avec un timbre clair et une vaillance tout à fait convaincante. Enfin, Marc Barrard, déjà apprécié à plusieurs reprises sur cette scène, incarne, avec une faconde indéniable, un Dulcamara roué qui porte les habits et le couvre-chef d’un parrain de la mafia arrivant sur un improbable triporteur, flanqué d’une assistante qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la Gelsomina immortalisée par Giulietta Masina dans « La Strada » de Federico Fellini. Une mention toute spéciale à Aude Fabre, excellente Giannetta.

Enfin la représentation doit beaucoup à la direction de Roland Boër qui, d’une baguette ferme et précise, galvanise le plateau et mène à bon port cette œuvre jubilatoire ou la fraicheur et la finesse de la musique s’accordent à merveille à l’ambiance bucolique.

Christian Jarniat
28 novembre 2017

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