Pour être mélomane, en été, il faut être touriste. Il faut savoir aller d’un festival à l’autre par les petites routes de France, les chemins buissonniers, les départementales campagnardes.
Nous voici dans les Cévennes. Le Causse du Larzac s’étend, non loin, avec ses paysages tourmentés, envoûtants, grandioses. Des routes étroites serpentent au milieu des contrées boisées. Au détour d’un virage apparaît la commune du Vigan. Adossée au versant sud du mont Aigual, elle semble un paisible témoin de l’histoire de la France « profonde ». Quelques demeures imposantes méritent leur nom de château.
Au Vigan, depuis quarante sept ans, le pianiste Christian Debrus organise un festival. Il faut lire la liste des artistes qui s’y sont produits en presque cinq décennies. Elle est prestigieuse. Certains concerts se déroulent au Temple. Ces pierres séculaires ont connu des guerres religieuses, abrité des secrets historiques. Mais la grande musique ignore les conflits d’antan. Nous avons entendu Pierre Génisson en ce lieu. Il est peu de dire qu’il est l’un de nos grands clarinettistes français.
Il nous a offert une version de rêve du célèbre quintette de Mozart. Sa manière de jouer avait ici une élégance dansante, là une sérénité paradisiaque. Il interpréta aussi le quintette de Weber aux traits rutilants aux ritournelles enjouées. Il était un parfait meneur de jeu au milieu des jeunes musiciens du Quatuor Métamorphoses. Excellent, ce quatuor ! Il joue fin, juste, cohérent. Il mérite d’accomplir une belle carrière sur les chemins princiers du quatuor à cordes.
Au Vigan, on a l’impression que toute la commune participe à son festival. La mairesse et la sous-préfète assistent aux concerts. Dans la rue, Christian Debrus est aussi connu que, jadis, le chevalier d’Assas, originaire du lieu, dont la statue, épée au poing, trône sur la place principale. Et c’est ainsi que, grâce à lui – Christian Debrus – on peut entendre du Mozart au cœur des Cévennes…
André PEYREGNE
22 juillet 2024
