Nous avons assisté à la quatrième production scénique du festival lyrique 2025 de Lamalou-Les-Bains, Le Pays du sourire de Franz Lehár. Les festivaliers auront pu applaudir auparavant La Périchole, 4 Jours à Paris ainsi qu’une création De Paris à Broadway avant Le Chanteur de Mexico qui clôturera le 17 août cette édition.
Des concerts gratuits, ainsi que des rencontres avec des artistes ont agrémenté – autour de ces spectacles – les chaudes soirées d’été d’un festival qui a repris depuis quelques saisons de belles couleurs, grâce à la sagacité d‘Annie Grenier et de ses fidèles équipes.
C’est toujours un grand plaisir de retrouver des figures familières, qui partagent leur amour de la musique avec un public attentif et fidèle.
On ne peut hélas pas tous les citer, mais Mikhael Piccone, Eve Coquart, Valentine Lemercier, Grégory Juppin, Julie Morgane, Perrine Cabassud, Christian Blain, Grégory Benchenafi, Vincent Alary, Claude Deschamps, Jérémy Duffau, Amélie Robins, Juan Carlos Etcheverry, Perrine Madoeuf, Jean-Pierre Duclos, Frédéric Cornille, Maxime De Toledo – venus prêter main forte à une bande de nouveaux participants enthousiastes de rejoindre une si belle équipe. C’est ainsi qu’Ahlima Mamdi incarne une superbe Périchole, Béatrice Nani une pétaradante Amparita.
Un immense coup de chapeau peut être tiré à l’équipe de Paris-Broadway, qui nous a offert un show digne de Londres ou de New-York !
Le pari d’Annie semble gagné : faire tomber les barrières entre les genres musicaux, opéra-opérette-comédie musicale – grâce à des artistes pluridisciplinaires aux talents éclectiques.
Notre avis sur Le Pays du sourire :
TLA reprend avec bonheur cette production donnée en janvier dernier au Pin Galant (Mérignac) avec une distribution similaire. Claude Deschamps signe de nouveau la mise en scène, en respectant l’ouvrage de Lehár, plus proche de l’opéra que de l’opérette.
Que dire en quelques mots de cette représentation ? Elle est soignée, élégante, tout comme les interprètes choisis qui méritent les mêmes qualificatifs.
La version en langue française donnée à Gand en 1932 (bien que remaniée dans son dénouement pour terminer par un happy end) rend justice au livret original.
Point d’union heureuse pour Lisa et Tchang (ni d’ailleurs pour Mi et Gustave) : tradition oblige, ils fuiront en Europe le cœur brisé.
On songe – par une association de destins malheureux – aux protagonistes de la comédie musicale Le Roi et Moi (Rodgers et Hammerstein) qui les obligeait pareillement à renoncer à leur hymen.
Les notes de ce Pays du sourire n’ont plus rien à voir avec le Lehár des années 1910 (cf. La Veuve Joyeuse). Il restera sombre dans ses œuvres postérieures (Tsarévitch, Paganini, Frédérique) ; la valse ne sera plus aussi grisante qu’auparavant.
Le couple formé par Amélie Robins et Jérémy Duffau convainc totalement, malgré la difficulté de chanter par un temps caniculaire qui ne facilite pas la tâche des chanteurs lyriques. On notera que les artistes du théâtre de Lamalou ne sont pas équipés de micros, détail que nous apprécions à sa juste valeur !
Nous avons pris beaucoup de plaisir à entendre les airs fameux de l’ouvrage (de Je t’ai donné mon cœur à Toujours sourire) défendus par ces solides artistes, visiblement heureux de les interpréter !
De même, Julie Morgane qui endosse le rôle de Mi (subtile et toujours au top à chaque prise de rôle) forme avec le charmant Emilien Marion le couple également infortuné de l’intrigue.
Les personnages secondaires les entourent brillamment : Christian Blain incarne un inénarrable eunuque proche du clown (sa gestuelle étudiée lorgne du côté du cabaret burlesque) tandis que l’inquiétant Frédéric Bang-Rouhet (Tchang) ainsi que Jean-Pierre Duclos (Comte de Lichtenfels) endossent dignement leurs personnages.
Un agréable intermède chorégraphique ponctue le second acte (agencé par Carole Massoutié et dansé par Guillaume Caballe et Anaïs Suchet) ; la production s’avère soignée, les jolis costumes colorés nous transportent dans cet orient d’opérette, encore capable de nous faire rêver de nos jours.
Claude Lourties à la baguette emporte la troupe (solistes et chœur) qui récolte des applaudissements aussi nourris qu’amplement mérités !
Philippe Pocidalo
10 août 2025
Festival lyrique de Lamalou les bains
Le Pays du sourire
Création en français avril 1932
Opérette en 3 actes
Musique de Franz Lehár
Mise en scène : Claude Deschamps
Direction musicale : Claude Lourties
Chorégraphie : ACM Carole Massoutie
Chef des chœurs : Annabelle Rougemont
Décors et costumes : TLA
Distribution :
Lisa : Amélie Robins
Sou Chong : Jérémy Duffau
Mi : Julie Morgane
Gustave : Emilien Marion
Tchang : Frédéric Bang-Rouhet
l’eunuque : Christian Blain
le Comte de Lichtenfels : Jean-Pierre Duclos
Danseurs : Guillaume Caballe et Anaïs Suchet
