Le dernier concert de l’ensemble Découvertes (ensemble émanant du Philharmonique de Nice) a mis en lumière l’œuvre Ombres et brisures du compositeur niçois Alain Fourchotte.
L’œuvre était donnée en création au Musée Chagall de Nice.
L’effectif instrumental comprenait un quatuor à cordes, trois bois, deux cuivres, un piano et des percussions. Alain Fourchotte, qui est non seulement compositeur mais aussi un universitaire de haut vol, enseignant à la faculté de Nice, possède une totale maîtrise de son art. Cela s’entend à la manière dont il organise son propos, dont il dose ses effets musicaux, dont il réalise son orchestration. Le titre de l’œuvre nous prévient, c’est dans l’univers nocturne que se situe son inspiration. Il sait créer une atmosphère sombre avec des longs sons tenus, avec des notes frémissantes dans les graves, avec un jeu subtil de résonances. Il est un maître du mystère, entretenant une sorte de suspens dans son propos. Soudain, un cri dans la nuit. Frisson assuré. On croit entendre passer des personnages, sur la pointe des pieds, d’un pas saccadé, dans l’obscurité. C’est là que se situent sans doute les « brisures » annoncées dans le titre. Parfois l’ambiance devient méditative quand la clarinette dialogue avec la flûte ou avec l’alto. La nuit d’Alain Fourchotte dans cette pièce est plus fantasmagorique que tranquille. En tout cas elle nous a séduit.
Deux autres pièces étaient au programme : Fight music de Philip Venables, œuvre très réussie, pleine d’énergie et de rythmes.
Nous avons moins été convaincus par l’exercice de style réalisé par la compositrice Isabel Mundry consistant à « arranger » des rondeaux de Dufay. Le concept intellectuel ne produit pas l’effet recherché en audition publique.
L’ensemble Découvertes était fort bien mené par le chef Léo Warynski, que nous avons déjà apprécié à plusieurs reprises à Nice, notamment dans la direction d’Akhnaten de Philipp Glass à l’Opéra. En cette année de célébration du centenaire Boulez, on ne peut qu’applaudir les ensembles et les orchestres qui ont encore le courage de programmer des créations de musique contemporaine.
André PEYREGNE
9 Janvier 2025
