En 2019 l’Association Contre-Ut proposait au Centre Universitaire Méditerranéen un spectacle autour de Mistinguett et Joséphine Baker dans lequel Isabelle Servol et Jussanam incarnaient respectivement les deux étoiles des nuits de Paris qui connurent une gloire internationale. Par ailleurs, plus récemment Sophia Naït a écrit, réalisé, mis en scène et interprété au Théâtre Francis Gag une « biographie musicale » consacrée à Joséphine Baker : Sous la peau de Joséphine. La rencontre entre Isabelle Servol et Sofia Naït a permis de réaliser un spectacle en tous points nouveau qui narre quelques épisodes significatifs de la carrière de ces deux meneuses de revues au travers de leurs histoires particulièrement riches et de leurs triomphes gravés à jamais dans la mémoire collective.
On assiste désormais à une véritable œuvre de théâtre musical où sont, entre autres, évoquées les relations de Joséphine avec Giuseppe Abbatino qu’elle surnommait affectueusement Pepito (lequel fut à la fois son manager, son imprésario et son amant) et celles de Mistinguett avec Léon Voltera célèbre producteur de spectacles qui dirigea, outre le Casino de Paris, l’Olympia, le Lido, le Théâtre Marigny et les Folies Bergère sans évidemment oublier les amours de Mistinguett avec Maurice Chevalier.
Et quel plaisir d’entendre les chansons les plus célèbres de ces deux idoles emblématiques de l’histoire du music-hall ! En Mistinguett, Isabelle Servol dispensant gouaille et entrain livre, avec l’abattage qu’on lui connait, quelques-uns des plus célèbres tubes de la Miss comme : « Je vous ai reconnu », « Je cherche un millionnaire », « C’est vrai », « Ça c’est Paris », « Mon homme », « Pour être heureux…chantez », « On m’suit », tandis que Sofia Naït alterne avec exubérance et émotion, les grands succès de Joséphine Baker : « Si j’étais blanche », « La Tonkinoise », « J’ai deux amours », « Dans mon village » « Don’t touch my tomatoes » et en duo avec Isabelle Servol « Dans la vie faut pas s’en faire ».
On apprécie, entourant les deux comédiennes-chanteuses, la troupe de danseurs composée de Fabio Prieto Bonilla, Anna-Louise Lama, Marc Schürmann, Alix Natali. Pour la circonstance Serge Manguette, qui avait déjà œuvré lors du spectacle en 2019, est venu tout spécialement d’Italie pour réaliser de nouvelles chorégraphies adaptées à ce spectacle dont la conception et la mise en scène ont été assurées par Isabelle Servol (scénographie Loïc Deltour et direction musicale Alain Joutard). Julien Faure de la Compagnie Miranda dont on connait l’excellence (dirigée par Thierry Surace) endosse les divers rôles des hommes qui ont entouré les deux stars tout en chantant et exécutant comme les danseurs des séquences de claquettes trépidantes. Dans une mise en scène très enjouée on admire les nombreux et fastueux costumes (plumes, aigrettes et paillettes sont au rendez vous). Des bandes-sons mais pour la plupart des chansons un accompagnement au piano de Jean-Patrick Merlino.
Un après midi sous le signe du rythme et de la bonne humeur.
Christian Jarniat
5 mars 2023