Cette année marque le grand retour d’une des œuvres maîtresses de Jacques Offenbach dans la capitale.
Nous avons en effet pu voir au printemps dernier une production très colorée signée Valérie Lessort à l’Opéra Comique avec Stéphanie D’oustrac dans le rôle-titre.
Deux lectures bien différentes sont ainsi proposées ; celle dont nous vous parlons aujourd’hui est signée Laurent Pelly, habitué depuis plusieurs saisons à remonter Offenbach – on pense à sa Belle Hélène et à La Grande Duchesse de Gerolstein (les deux avec Felicity Lott), mais aussi à La Vie parisienne ou à Orphée aux enfers.
Son univers reste toujours assez contemporain voire intemporel dans la scénographie (assisté par la fidèle Chantal Thomas), l’adaptation des dialogues étant confiée à Agathe Mélinand, une autre incontournable collaboratrice de Laurent Pelly.
Avec Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre à la direction musicale, on ne change pas une équipe gagnante aussi brillante qui, disons le, fait mouche à chaque création.
Nous suivons avec amusement les aventures amoureuses de cette chanteuse des rues avec son amoureux fauché Piquillo, tous les deux ayant à affronter et à déjouer les pièges du redoutable vice-roi d’un Pérou d’opérette qui sonne cependant comme étant d’une curieuse actualité.
L’ouvrage nous interroge-non sans un certain humour-sur la liberté des artistes dans la société et sur leur rapport au pouvoir.
Les librettistes Meilhac et Halévy posaient déjà au XIXème siècle cette question dont nous n’avons peut être pas toujours la réponse.
Le plateau musical est brillant, composé d’interprètes pétillants, pleins d’entrain et dont les qualités artistiques nous ont réellement conquis.
Marina Viotti (en alternance avec Antoinette Dennefeld) est une Périchole volcanique parfaitement accordée avec son excellent partenaire Stanislas de Barbeyrac, Alexandre Duhamel campe un vice-roi despotique dont nous apprécions au fil des saisons un timbre de plus en plus assuré (en alternance avec Laurent Naouri).
Les trois cousines (Chloé Briot, Alix Le Saux ainsi qu’ Eléonore Pancrazi) ne sont pas réellement gâtées par un accoutrement peu flatteur mais elles remplissent parfaitement leur rôle de faire-valoir et nous divertissent comme il le faut.
Rodolphe Briand et Lionel Lhote complètent la distribution, ainsi que Natalie Perez.
Une très belle soirée somme toute de gaîté et de folie, c’est tout ce que nous attendions du Roi du Second Empire!
Cette même production est attendue à l’Opéra de Toulon pour les fêtes de fin d’année.
Philippe Pocidalo
14 novembre 2022