La pièce de Michel Marc Bouchard que nous découvrons en ce début de saison se révèle être un cocktail incroyablement explosif !
Prenez le meilleur du dramaturge Tennessee Williams, un zeste de Six feet under rehaussé d’une bonne dose d’humour British et vous obtiendrez une pépite théâtrale inégalée !
Nous avions découvert cet auteur canadien il y a vingt ans, dans ce même théâtre, avec Les Muses orphelines – déjà mis en scène par Didier Brengarth.
Il y était question d’affaires de famille, avec des thèmes chers à l’auteur : le mensonge, la manipulation, les secrets inavoués… On les retrouvera par la suite dans Tom à la ferme avec d’autres obsessions – telles que les déviances et penchants sexuels enfouis, qui pèsent lourd dans la vie de tous ces personnages tourmentés.
Nous sommes d’emblée au cœur de l’intrigue : Mireille – thanatopractrice renommée – revient dans sa ville natale après onze années d’absence, pour embaumer le corps de sa défunte mère.
Ses trois frères et sa belle-sœur la rejoindront à cette occasion. La révélation du viol qu’elle a subi dans son enfance ne cache-t-elle pas une autre vérité ?
Une longue descente aux enfers va s’amorcer ; on comprendra que cette famille dévorée par les non-dits et les démons qui les rongent ne sortira pas indemne de l’histoire.
La réussite ne serait pas totale sans une distribution de premier ordre : l’élégante Gaëlle Billaut-Danno s’avère extrêmement touchante et convaincante dans ce rôle de femme blessée, qui doit affronter les tempêtes de ses frères (excellents David Macquart, Benjamin Penamaria et Julien Personnaz). En contrepoint, la cocasserie (parfois involontaire) de Marie Montoya distille heureusement des bulles d’oxygène véritablement bienvenues.
Margaux Van Den Plas apporte elle aussi un peu de douceur dans ce sombre déballage familial.
La mise en scène efficace et très cinématographique de Didier Brengarth ne laisse aucun temps mort.
Une bien jolie surprise de rentrée nous est ainsi offerte : nous ne pouvons souhaiter à ce spectacle que le succès qu’il mérite amplement !
Philippe Pocidalo,
20 septembre 2024.