Le festival off d’Avignon nous révèle bien souvent d’intéressantes découvertes théâtrales ; c’est ici le cas avec la présentation parisienne de la nouvelle pièce de Stéphane Guérin La Grande Musique .
Ce dernier nous livre régulièrement de beaux textes qui connaissent un franc succès depuis plus de vingt ans (Le premier de nous deux en 2001 jusqu’à cette Grande musique) – ouvrage aujourd’hui habilement mis en scène par Salomé Villiers.
2022 a par ailleurs été une année de récompense pour Salomé qui a adapté le roman de Jean Teulé Le Montespan ; elle y interprète le rôle-titre et s’est vue décerner le Molière de la Révélation Féminine lors de la dernière cérémonie des Molières en juin dernier.
Nous sommes plongés dans une histoire de famille qui se déroule des sombres années de l’occupation jusqu’à nos jours.
Six personnages que l’on découvre dans un bal de mariage vont s’aimer, se déchirer et essayer de réunir, via la psychogénéalogie, toutes les pièces d’un improbable puzzle .
Le passé, quand des zones d’ombre subsistent, laisse des traces indélébiles lorsqu’ il n’est pas compris et clairement analysé.
Les traumatismes vécus par nos ascendants peuvent laisser des séquelles bien des années après ; nous le découvrirons au fil de la pièce qui est construite comme un vrai polar.
Entre passé et présent, nous voyageons de la France à l’Autriche avec ces personnages en quête de la vérité, de leur vérité… seul remède pour essayer de panser des blessures profondes.
Douze artistes se partagent en alternance les six rôles qui composent la distribution ; nous retenons Hélène Degy qui s’était faite remarquée en 2017 dans La peur d’après Stefan Zweig, Raphaëlle Cambray actrice mais aussi metteuse en scène et musicienne, Jérôme Anger, Geoffrey Couët, Thomas Zaghedoud et Adrien Melin.
Tous sont à applaudir sans réserve par la justesse de leur jeu qui emporte le spectateur dans ce labyrinthe sentimental et historique, où se pose une énigme que nous ne vous devoilerons pas !
Saluons la scénographie de Georges Vauraz qui donne au spectacle une allure très cinématographique sous de belles lumières de Denis Koransky, ainsi qu’une bel accompagnement musical signé par le talentueux Raphaël Sanchez.
La patte chorégraphique de Johan Nus apporte à cette Grande Musique un atout supplémentaire au texte qui nous a beaucoup touché par son infinie délicatesse.
Philippe Pocidalo
Comédie Bastille Paris XIe
jusqu’au 28 Mai 2023
Mercredi 19h, jeudi 21h , vendredi 19h, samedi 21h et dimanche 17h
https://comedie-bastille.com/appert/