Logo-Resonances-Lyriques
Menu
La Battaglia di Legnano » (la Bataille de Legnano) brillamment gagnée à Parme lors du Festival Verdi !!!

La Battaglia di Legnano » (la Bataille de Legnano) brillamment gagnée à Parme lors du Festival Verdi !!!

lundi 7 octobre 2024

© Robert RICCI  Teatro Regio di PARMA

L’édition 2024 du Festival Verdi de Parma nous propose cette année encore une rareté, « la Battaglia di Legnano », qui fut créée à Rome à 1849 et connut un vif succès. L’ouvrage se situe chronologiquement entre le Corsaire et Luisa Miller, durant les fameuses années de « galère » précédant la trilogie populaire (Rigoletto, Traviata et Le Trouvère) qui a définitivement consacré le génie du grand Verdi.

La Battaglia di Legnano occupe une place particulière dans l’œuvre de Verdi. Aucune autre n’est liée aussi étroitement aux événements politiques de l’année 1848 dont les retombées influencent les étapes de la composition et déterminent le triomphe de la création à Rome, où la révolution semblait devoir l’emporter. Dans le sillage des mouvements révolutionnaires qui secouent l’Europe, l’ouvrage marque la pleine adhésion de Verdi à la cause du « Risorgimento », la fameuse « renaissance » cherchant à réaliser l’unité italienne contre la volonté de l’Autriche. L’Italie est mentionnée 30 fois dans La Battaglia di Legnano, qui suscita une telle ferveur patriotique que le dernier acte fut bissé entièrement le soir de la première. Cette œuvre de circonstance est donc fortement liée aux aspirations des partisans du « Risorgimento ». Tous les éléments de nature à exalter le sentiment national sont exploités par un livret construit sur un triangle amoureux traditionnel : Arrigo qu’on croyait mort au combat revient miraculeusement pour découvrir que son ami Rolando a épousé sa fiancée Lida, laquelle continue à nourrir de tendres sentiments pour lui. On a souvent souligné la présence d’une influence du « grand opéra à la française » dans cette œuvre écrite à Paris où Verdi séjournait alors en compagnie de Giuseppina Strepponi. On perçoit même un écho de « La Marseillaise » dans l’ouverture. Le caractère grandiose de l’instrumentation, l’orchestration très raffinée et l’utilisation de vastes tableaux scéniques rappellent l’art de Meyerbeer ou celui d’Halévy. « La Battaglia di Legnano » n’est jamais parvenue à sortir de l’oubli en dépit de quelques reprises notables comme celle de la Scala en 1961. Cependant la partition recèle plusieurs pages magnifiques annonciatrices des opéras de la maturité.

0731 LaBattagliaDiLegnano2024 1294x600 1
©Robert RICCI Teatro Regio di PARMA

Dans la mise en scène de Valentina Carrasco le plateau est transformé en champ de bataille, sombre, brumeux sur le devant duquel sont allongés des chevaux morts, dont un est même décapité et plein de sang. D’autres chevaux en bois, grandeur nature, sont éparpillés sur la scène. A l’arrière du plateau, un écran géant projette des reproductions de tableaux célèbres représentant des chevaux durant les batailles (on croit reconnaître un tableau de Paolo Ucello). Valentina Carrasco a mis l’accent sur l’horreur des guerres à travers la souffrance des animaux. D’ailleurs dans ses commentaires cités dans le programme, elle explique que le cheval fut jusqu’au 20e siècle, l’animal le plus étroitement lié à l’homme, car il a accompagné les soldats dans la mort pendant les guerres.

La sobriété de sa mise en scène nous a permis de nous concentrer pleinement sur la musique tellement patriotique et intense de Verdi, et on a vraiment apprécié !!!

A la tête de l’Orchestre du Teatro Communale de Bologne, le jeune chef Diego Ceretta offre une lecture dynamique et emportée de la partition du Maestro de Busetto, rendant toute l’ardeur, la fougue dans les moments de grande intensité, en évitant toutefois, l’aspect parfois « pompier » de certains passages. De plus, on a remarqué que tout au long de la soirée, il a été très attentif aux chanteurs.

1048 LaBattagliaDiLegnano2024 1294x600 1
©Robert RICCI Teatro Regio di PARMA

Quant au plateau vocal, il a été à la hauteur de l’exigence de la partition de cette Bataille de Legnano. Les quatre rôles principaux tenus par d’excellents interprètes, tant vocalement que scéniquement ont su rendre parfaitement la passion de Verdi dans cette œuvre, hélas trop peu jouée.

C’est le baryton russe Vladimir Stoyanov qui interprète Rolando, le mari jaloux, avec toujours son habituelle élégance, surtout dans les duos d’adieu avec Lida et Arrigo avant la bataille, qui reflètent une belle émotion. Mais son air de la folie, lorsqu’il découvre la trahison de son épouse, manque de relief et de vigueur, laissant n’entendre que les plaintes d’un homme souffrant et malheureux.

0936 LaBattagliaDiLegnano2024 1294x600 1
©Robert RICCI Teatro Regio di PARMA

Quelle excellente idée d’avoir choisi la soprano lettone Marina Rebeka (une habituée du Festival Verdi) pour chanter le rôle de Lida. Son air du 1er acte est parfaitement maîtrisé, offrant ainsi une palette de nuances et une belle puissance vocale. Elle a séduit le public non seulement par son timbre rond, son phrasé exceptionnel et ses vocalises virtuoses, mais aussi par son engagement de femme forte et volontaire, non une victime comme c’est souvent le cas dans les opéras.

0155 LaBattagliaDiLegnano2024 1294x600 1
©Robert RICCI Teatro Regio di PARMA

Mais la grande surprise de la soirée vient du ténor italien Antonio Poli, dans le rôle si exigeant d’Arrigo. Son timbre est beau, sa technique très assurée et l’émotion est palpable durant toute l’œuvre, menant cette « bataille » avec vigueur vocale et énergie scénique.

La basse italienne Riccardo Fassi campe un Barbarossa très convaincant, avec beaucoup d’autorité, traduite par sa voix sombre et grave.

1408 LaBattagliaDiLegnano2024 1294x600 1
©Robert RICCI Teatro Regio di PARMA

Une belle soirée à tout point de vue, sans fausse note. Un immense merci au Festival de Verdi de Parma d’avoir programmé et réhabilité cette Battaglia di Legnano de Giuseppe Verdi 

Marie-Thérèse Werling

7 octobre 2024

mise en scène : Valentina Carrasco 
Direction : Diego Ceretta
Décors : Margherita Palli
Costumes : Silvia Aymonino
Lumières : Marco Filibeck 

Distribution :

Federico Barbarossa : Riccardo Fassi
Lida ; Marina Rebeka
Arrigo : Antonio Poli Bdullaiev
Rolando : Vladimir Stoyanov
Marcovaldo :  Alessio Verna
Il Podestà di Como, console di Milano ; Emil Abdulaiev
Il console : Bo Yang
Imelda : Arlene Miatto Albeldas
Uno Scudiero di Arrigo/ Un Araldo : Anzor Pilia

 

Imprimer
Cookies
Nous utilisons des cookies. Vous pouvez configurer ou refuser les cookies dans votre navigateur. Vous pouvez aussi accepter tous les cookies en cliquant sur le bouton « Accepter tous les cookies ». Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre Politique de confidentialité et des cookies.