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KAISERIN JOSEPHINE / IMPERATRICE JOSEPHINE / cd

KAISERIN JOSEPHINE / IMPERATRICE JOSEPHINE / cd

mardi 23 avril 2019

Depuis 2003, le Festival de Bad Ischl s’attache à présenter des œuvres rares qui font l’objet d’enregistrements discographiques pour la firme CPO : en 2003 Les Perles de Cléopâtre (Oscar Straus), en 2006 Fatinitza (Franz von Suppé), en 2010 Frasquita (Franz Lehár), en 2013 Gasparone (Carl Nilloker) et Où chante l’alouette (Franz Lehár), en 2014 L’Impératrice (Léo Fall), en 2015 Les Noces hongroises (Nico Dostal) et en 2016 Le Mariage pour rire (Franz Lehár). Le mérite de ce procédé est de donner à l’amateur d’opérette l’occasion de pouvoir écouter des œuvres qui sont très rarement représentées, surtout dans notre pays. Ces enregistrements sont réalisés en public, pour la plupart dans des versions semi-concertantes, c’est-à-dire que les interprètes, le chœur et les danseurs jouent leurs rôles en costumes et avec des déplacements comme au théâtre sur un espace certes réduit (car l’orchestre occupe la plus grande partie du plateau) mais qui permet néanmoins de se mouvoir et de jouer (et même de danser) comme dans une opérette traditionnelle. Il en va ainsi pour la saison 2017 de cette Impératrice Joséphine.

Kaiserin Joséphine (L’Impératrice Joséphine) est la 21ème opérette sur les 23 que composa Emmerich Kálmán sur un livret de Paul Knepler et Geza Herczeg. Elle a été créée le 18 Janvier 1936 au Théâtre d’Etat de Zurich sous la baguette de Victor Reinshagen.

Argument
L’action se déroule à Paris au Quartier général de Napoléon Bonaparte et dans les campements durant la campagne d’Italie.

Après qu’Alexandre de Beauharnais ait été exécuté par le tribunal révolutionnaire en 1794, sa belle veuve Joséphine, une créole martiniquaise, est contrainte de mener dans Paris une vie d’extrême pauvreté avec son jeune fils. Dans son air d’entrée, « Schöne marquise » (« Jolie marquise »), Joséphine se souvient du temps où elle vivait heureuse et se demande si, dans l’avenir, elle pourra sourire à nouveau. Une vieille voyante lui prophétise qu’elle deviendra un jour impératrice. Grâce à Thérésa Tallien, une femme d’influence dans les sphères du pouvoir, elle rencontre Bonaparte, lequel est immédiatement fasciné par elle. Mais il n’est encore qu’un simple général qui n’a pas pour l’instant connu la gloire. D’ailleurs lui aussi souhaite recevoir l’aide de Madame Tallien et de ses amis. Joséphine dédaigne Napoléon qu’elle considère comme sans envergure. Mais lorsque, plus tard, ce dernier l’aide à sauver son fils, qui est arrêté au cours d’une manifestation politique, elle se sent redevable envers lui et l’épouse.

Bonaparte devient commandant en chef des forces françaises en Italie et part dans ce pays à la tête de ses troupes. Follement épris de Joséphine sa femme lui manque et il la prie à plusieurs reprises de le rejoindre. En vain. La belle créole préfère résider à Paris pour mener joyeuse vie et se lancer à corps perdu dans un tourbillon de fêtes et de danse. C’est à cette occasion qu’elle noue une relation amoureuse avec Hyppolyte Charles un jeune sous-lieutenant du régiment des hussards. Dans la scène 5, couchée dans sa chambre, elle s’abandonne aux souvenirs d’une troublante soirée en rêvant à son amour naissant avec Hippolyte (« Mein traum, Mein traum ») (« Mon rêve, mon rêve »). Elle refuse donc de se rendre en Italie puis finit par s’y résoudre car son amant entend solliciter l’aide de Bonaparte pour sa carrière. Ayant eu vent de la relation de Joséphine, Napoléon, en stratège avisé, envoie le jeune homme seul dans une mission qu’il sait dangereuse et ce faisant n’a aucun mal à démontrer sa couardise. Joséphine découvrant ainsi la réalité finit par se rendre à l’évidence. Quelques mois plus tard, elle et Napoléon sont couronnés empereur et impératrice en une cérémonie qui voit ainsi s’accomplir la prophétie faite en son temps à Joséphine.

L’œuvre à Bad Ischl
Dès l’ouverture de la première scène on comprend que Kálmán a suivi le même chemin que Franz Lehár pour ses œuvres de maturité : une maîtrise et une opulence de l’orchestration qui emprunte aux maîtres de l’opéra du 20ème siècle, à savoir Puccini et Richard Strauss. Cela se traduit dans la luxuriance comme dans le raffinement de l’écriture particulièrement copieuse puisqu’avec relativement peu de dialogues cette Impératrice Joséphine dure plus de trois heures. Un orchestre de 70 musiciens avec de magnifiques instrumentistes rend justice à cette partition. Elle est aussi d’une grande exigence vocale puisque la tessiture des rôles est extrêmement étendue et sollicite à la fois un médium puissant mais aussi un aigu à toutes épreuves car abondent les si et les contre-ut, donc l’endurance vocale est, en la circonstance, requise et ici complètement assurée par les deux principaux protagonistes. Vincent Schirrmacher, qui interprète Napoléon, chante par ailleurs Tosca, Le Trouvère et Turandot, tandis que sa partenaire, Miriam Portmann, interprète Traviata, Ariane à Naxos et Turandot. Outre les grands passages lyriques qui rapprochent l’œuvre de l’opéra et les immenses finals caractéristiques de l’opérette viennoise, cette Impératrice Joséphine s’enrichit également des influences musicales des « années folles » ainsi que de la musique américaine dans les années 1930 a envahi nombre de continents. Certes, la valse règne encore en maître comme dans l’air d’entrée de la protagoniste mais, dès la deuxième scène, dans la réception chez Madame Tallien, on y trouve pour les chœurs un rythme de fox-trot ainsi qu’une rumba lente mâtinée de tango lorsque Joséphine s’exprime, le tout se transformant, au fil de la musique, en un brillante czardas. Cette œuvre exige en outre une distribution particulièrement importante puisqu’on y trouve les principaux généraux de Napoléon comme Berthier, Junot, Murat ainsi que les aides de camp et les personnages historiques du directoire comme Barras, Talleyrand, Madame Tallien, etc.

A côté du couple principal (et toujours dans la tradition de l’opérette viennoise d’essence dramatique) figure le couple « joyeux » qu’on ne pourra ici qualifier de « fantaisiste » car cette notion, strictement franco-française, n’existe pas dans les pays germaniques où les rôles dits « secondaires » sont en fait confiés, pour les hommes, à des ténors ou barytons et, pour les femmes, à des sopranos capables, dans d’autres ouvrages, de chanter les premiers rôles. De fait, le baryton Roman Martin, déjà apprécié dans Boni de Princesse Czardas, incarne avec beaucoup de verve le rôle du caporal Bernard, aide de camp de Napoléon qui file le parfait amour avec Juliette, la servante et amie de Joséphine, fort bien interprétée par Thérésa Grabner, découverte sur cette même scène dans Les Noces hongroises. Tous deux ont aussi beaucoup à chanter et à danser. On doit aussi mentionner, dans cette impressionnante distribution, August Schram, qui campe avec beaucoup d’aplomb le personnage ambigu d’Hippolyte Charles, amant de Joséphine.

Deux CD cpo 555 136-2 enregistrés à Bad Ischl en août 2017 (publiés en 2018).

Christian Jarniat
13 août 2017

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