Paris accueille (après une création française à Nancy en février dernier) la comédie musicale mythique qui retrace le parcours tumultueux de la strip-teaseuse Gipsy Rose Lee, célèbre dans les années 30.
La soprano Natalie Dessay, personnage central de la pièce, incarne Rose Hovick, mère de deux filles, June et Louise.
Rose rêve de voir tout d’abord se transformer June, ensuite Louise en vedettes de music-hall et réussir ainsi ce qu’elle a entièrement raté.
June s’échappera de ce foyer toxique et de cet amour maternel démesuré, laissant la place à Louise qui après de minables tournées dans tout le pays deviendra une célébrité sous le nom de Gypsy Rose Lee.
Sa renommée lui vaudra par la suite d’apparaître dans des revues prestigieuses (telles les Ziegfeld Follies), puis à Hollywood de faire du cinéma avant de devenir une écrivaine reconnue et star incontestée du petit écran jusqu’à sa mort en 1970.
Le cœur de ce musical (qui vit le jour en 1959) se concentre sur les rapports entre Rose et Louise, ainsi que sur les frustrations d’une femme abîmée qui avait imaginé un autre destin.
Un grand nombre de vedettes féminines ont endossé l’habit de Rose, depuis sa créatrice Ethel Merman (en 1959) jusqu’en 2024 où Audra Mac Donald triomphe encore à ce jour à Broadway.
Londres a applaudi Angela Lansbury (1973) puis Imelda Staunton (2015), Dolly récemment récompensée aux Oliver Awards.
Et comment ne pas citer au passage les prestigieuses reprises de ce rôle en or, de Tyne Daly, Bernadette Peters, Patti LuPone ou bien encore de Bette Midler !
NOTRE AVIS :
Cet événement attendu, d’abord parce que ce musical – classique incontestable du répertoire de Broadway – n’avait jamais été monté en France permet en outre à Natalie Dessay d’orienter sa carrière vers un genre nouveau.
Nous l’avions déjà appréciée dans Les parapluies de Cherbourg (Legrand) ainsi que dans Passion (Sondheim), preuve que son aisance à s’engager dans de nouvelles voies artistiques relevait de l’évidence.
De surcroît, l’idée de jouer avec sa propre fille (Neïma Naouri) leur propre rôle donne une véracité et une légitimité incontestable à l’entreprise.
Certes Natalie nous offre une silhouette assez BCBG du personnage de Rose (contrairement à ses devancières), mais l’aplomb et la pugnacité sont toujours bien palpables.
Elles forment résolument un duo inoubliable, où l’émotion jaillit dans les scènes finales.
Le choix de la distribution n’est pas pas laissé au hasard par Laurent Pelly, orfèvre des mises en scène (opéra, opérette, théâtre) qui dans une mise en espace minimaliste donne vie avec éclat à tous les protagonistes. Les belles lumières (signées Marco Giusti) ainsi que les chorégraphies de Lionel Hoche constituent des atouts majeurs pour nous rappeler qu’en France aussi nous savons exceller dans le Musical, qui n’est plus uniquement réservé à Broadway ou à Londres.
Le plateau, ainsi que l’Orchestre de chambre de Paris (dirigé par un spécialiste du genre Gareth Valentine), chaleureusement applaudis, ont marqué cet événement musical incontournable.
Nous avons en particulier apprécié Antoine Le Provost, jeune danseur doué promis à une belle carrière.
Il nous fait penser par son aisance indiscutable à Charlie Stemp (Mary Poppins à Londres) artiste britannique complet en chant, danse et comédie.
De même, la jeune Medya Zana (issue de la classe libre du cours Florent, tout comme Antoine) impressionne par son indéniable abattage.
Daniel Njo Lobé se distingue en amoureux malheureux de Rose, tandis que nous succombons devant le quatuor explosif des Blondes, formé par les épatantes Kate Combault, Marie Glorieux, Barbara Peroneille et Juliette Sarre.
Les danseurs comédiens de la troupe (Rémi Marcoin, David Dumont, Léo Gabriel) sont multi-rôles ainsi que Thomas Condemine et Pierre Aussedat, tous complétant avec éclat la distribution.
Nous avons également apprécié la participation des enfants de la Maîtrise populaire de l’opéra-Comique, mis ainsi sur le devant de la scène.
Le spectacle tournera encore cette année (notamment à Caen et à Reims), autant d’occasions de rattraper ou de revoir cette superbe fable musicale !
Philippe Pocidalo
16 avril 2025
NB. Vous pouvez actuellement voir sur YouTube un film datant de 1943 qui s’appelle LADY OF BURLESQUE. https://youtu.be/I-e9dPnFL34?si=tqL8jpsDFrds8e25
Son intérêt principal est de donner à voir la vie de ces femmes, qui rêvaient de devenir des vedettes… Hélas beaucoup d’appelées et peu d’élues au final !
Direction : Gareth Valentine
mise en scène, costumes : Laurent Pelly
traduction des dialogues : Agathe Mélinand
chorégraphie : Lionel Hoche
lumières : Marco Giusti
scénographie : Massimo Troncanetti
collaboration aux costumes : Victoria Rastello
collaboration aux coiffures et maquillages : Daniela Eschbacher
assistant à la mise en scène : Paul HIggins
design sonore : Unisson Design
décor sonore : Aline Loustalot
chef de chant : Stéphane Petitjean
Distribution :
Rose : Natalie Dessay
Louise : Neïma Naouri
June : Medya Zana
Herbie : Daniel Njo Lobé
Tulsa : Antoine Le Provost
Mazeppa, Hollywood Blonde : Barbara Peroneille
Electra, Hollywood Blonde : Marie Glorieux
Tessie Tura, Hollywood Blonde : Kate Combault
Miss Cratchitt, Agnès, Hollywood Blonde, Renée : Juliette Sarre
L.A. : Rémi Marcoin
Kansas : David Dumont
Yonkers : Léo Gabriel
Uncle Jocko, Weber, Pastey : Thomas Condemine
George, père de Rose, Cigar, Mr Goldstone : Pierre Aussedat
Orchestre de chambre de Paris
Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique
Les autres rôles sont joués par les mêmes artistes
