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Giovanna d’Arco de Verdi à l’Opéra de Marseille

Giovanna d’Arco de Verdi à l’Opéra de Marseille

dimanche 20 novembre 2022
©Christian Dresse

À quelques jours d’intervalle l’Opéra de Marseille proposait deux ouvrages en version concertante : Elisabetta, regina d’Inghilterra de Rossini et Giovanna d’Arco de Verdi toutes deux représentées pour la première fois sur la scène phocéenne. Septième opéra du compositeur parmi ses œuvres dites « de jeunesse » (Verdi avait 31 ans), c’est le librettiste Solera qui signa le livret de Giovanna d’Arco d’après Schiller pour lequel le compositeur avait une grande admiration, malgré l’énorme liberté avec l’histoire de notre héroïne nationale prise par le dramaturge. En effet, on y retrouve un épisode amoureux inventé entre le ténor (incarnant le roi Charles VII) et Jeanne la soprano, tandis que le père de Jeanne, baryton, comme dans nombre de livrets, s’oppose aux deux malheureux héros allant même jusqu’à livrer sa propre fille aux anglais ! 
Notre trio verdien traditionnel ainsi en place on retrouvera au fil de l’écoute de cet opéra des références soit par la musique soit par les personnages, chœurs compris, à des ouvrages mieux connus du compositeur. 

Autre point commun entre les deux versions de concert évoquées en exergue : le chef Roberto Rizzi Brignoli qui déploie la même ardeur à défendrE Giovanna d’Arco qu’il le fit pour l’Elisabetta (voir notre compte-rendu précédent). L’orchestre et le chœur répondent toujours à la baguette vive et efficace du maestro même si certaines cadences laissent parfois peu de temps pour installer un climat émotionnel.
 
Yolanda Auyanet, native de Las Palmas, incarne cette Giovanna d’Arco, après avoir interprété Élisabeth II de Valois il y a quelques années sur cette même scène et Norma à l’Opéra de Nice. On retrouve les qualités de cette voix ample, vocalisant avec précision, belcantiste (on sait que Norma est son rôle de prédilection), mais aussi vaillante et héroïque dans ses cabalettes ou duos. On ne peut tout au plus que lui reprocher certains sons métalliques dans les aigus. Le ténor sud-américain Ramon Vargas, remplaçant le ténor Yijie Shi initialement prévu pour le rôle de Charles VII, prodigue comme à l’accoutumée toutes les ressources d’une admirable leçon de chant avec une voix ronde et timbrée, des aigus assurés et une caractérisation dramatique qui laisse pantois lorsqu’on réalise qu’il a plus de 35 années de carrière à son actif. 
Le grand triomphateur de la soirée est le baryton espagnol Juan Jesùs Rodriguez qui livre une prestation mémorable de Giacomo père de Giovanna, personnage ambigu dans ce livret occasionnant quelques nouvelles entorses à notre histoire de France. Le timbre est d’emblée celui que l’on conçoit pour un véritable « baryton Verdi » avec cette longueur de souffle, cette amplitude vocale allant d’aigus éclatants à des graves dignes d’une grande basse et cet art de ciseler chaque mot. Un baryton d’exception, à la noblesse du phrasé que l’on a hâte de retrouver ici-même au printemps dans Nabucco
Le Chœur de l’Opéra de Marseille sous la direction d’Emmanuel Trenque ne peut susciter que louanges. Brèves mais efficaces interventions de Pierre-Emmanuel Roubet (Delil) et Sergey Artamonov (Talbot).
Giovanna d’Arco était considéré par Verdi comme « son meilleur opéra, sans exception et sans doute » ce qui fut partagé ce dimanche par un public enthousiaste (même si l’on eût souhaité que la salle soit davantage remplie à la mesure de la qualité de pareil événement), rappelant et ovationnant à de nombreuses reprises chanteurs, chœur et orchestre.

Catherine Pellegrin
20 novembre 2022

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