Deuxième production du Festival Franz Lehàr à Bad Ischl, le Sterngucker est une opérette en trois actes composée par Franz Lehàr, en collaboration avec les librettistes Fritz Löhner-Beda et Alfred Maria Willner. La première eut lieu le 14 janvier 1916 au Théâtre der Josefstadt à Vienne.
Ce soir, elle est présentée dans une production semi-scénique, avec un casting de haut niveau.
Cette opérette fut une énorme déception pour Franz Lehàr. Elle n’a pas été acceptée par le public et fut retirée du programme après 79 représentations. Lehàr a révisé l’ouvrage, courant 1916. Des numéros ont été supprimés, d’autres ont été nouvellement composés. Certains des numéros musicaux originaux ont été perdus, d’autres conservés sous forme de réductions pour piano. Même le manuel original est introuvable. Alfred Maria Willner a également révisé le livret. La deuxième version a été créée au Theater an der Wien le 27 septembre 1916. Cette deuxième version de l’opérette n’eut pas non plus un succès durable. L’une des raisons en était qu’au milieu de la Première guerre mondiale, le public avait envie de se distraire avec de grandes opérettes dansées, mais le Sterngucker n’était pas cela. Seule la version italienne jouée à Milan le 27 septembre 1922 sous le titre La Danza delle libellule fut mieux accueillie par le public italien et y resta au répertoire pendant des années. En Allemagne, l’opérette était plus ou moins oubliée. Seul l’air « Und der Herrgott lacht, weils Ihm Freude macht » de la version originale a survécu dans l’opérette de Lehàr « Schön ist die Welt, avec le nouveau texte « Liebste glaubt an mich » que le ténor Richard Tauber a rendu célèbre.
L’intrigue
La pièce a une intrigue typiquement joyeuse et romantique : quatre jeunes filles de la haute société recherchent le bonheur, et bien sûr un mari. Cependant, un architecte engagé à contrecœur, un frère jaloux et un étrange astronaute s’impliquent tous et se mêlent de tout cela, transformant leurs efforts en chaos brillant et hilarant.
Le jeune metteur en scène Sebastian Kranner a reproduit cette agitation d’une manière très colorée et amusante, assisté par la chorégraphe Astrid Nowak pour les danses. Les costumes très chatoyants de Jenny Thost correspondent fort bien à la bonne vieille opérette de salon.
Le conteur étrange Walter Sachers, assis au bord de la scène rend la soirée très divertissante, en annonçant les différents tableaux, comme un professeur de musique. Autre personnage très drôle, Sebastian A.M.Brunner dans le rôle du valet de chambre mais aussi d’autres personnages (pères et mères des jeunes fille) maîtrise superbement l’art du burlesque rapide, et est même autorisé à chanter un couplet mélancolique sur un amour perdu nommé « Josefine » quel brio et quelle performance applaudis avec enthousiasme par le public.
Christoph Gerhardus est un astrologue fort sympathique et convaincant, grâce à son chant finement articulé. Matthias Koziorowsksi campe un Paul von Rainer élégant. Dommage que la sonorisation était si mal réglée !!! Cela sonnait vraiment trop fort par moment, rendant le chant peu agréable.
Les rôles féminins sont de très haut niveau. Corina Koller en Kitty est toujours aussi distinguée lyriquement. Loes Cools campe une Lilly à la fois entraînante, mignonne (son physique y est pour beaucoup). Sophie Schneider (Isolde) et Claire Winkelhöfer (Mizzi) ne déméritent pas et méritent des éloges.
A la tête du brillant Orchestre Franz Lehar, Marius Burket a encore fait des merveilles : une réduction pour piano, des esquisses avec son propre savoir-faire, beaucoup de travail de détail, d’élan et ce soir, souvent un peu trop de volume. Dommage la prestation aurait été meilleure, si les solistes sur scène n’étaient pas défigurés vocalement et physiquement par des microports.
De chaleureux applaudissements ont récompensé solistes, musiciens et leur chef Marius Burket.
Encore de beaux moments de fraîcheur, de bonne humeur, de joie !!!!
Marie-Thérèse Werling
11 août 2024
Direction : Marius Burker
Mise en scène : Sebastian Kranner
Chorégraphie : Astrid Nowak
Chef de chœur: Matthias Schoberwalter
Distribution :
Dr. Franz Höfer, Astronome : Christoph Gerhardus
Kitty : Corina Koller
Nepomuk : Sebastian A.M. Brummer
Lilly : Loes Cools
Isolde : Sophie Schneider
Mizzi : Claire Winkelhöfer
Paul von Rainer : Matthias Koziorowski
Erzähler : Walter Sachers