Soirée STRAUSS avec les 4 derniers lieder et la Vie d’un Héros où le génie de Petrenko a encore frappé
En prélude à la Vie d’un héros, Diana Damrau nous a offert les 4 derniers lieder de Richard Strauss.
Après avoir écrit des Lieder toute sa vie, dont les plus beaux étaient destinés à son épouse Pauline, soprano de grand talent, Strauss a dû faire appel à tous ses dons pour créer une œuvre de poids. Il y parvint en écrivant Les quatre derniers Lieder pour soprano et grand orchestre.
Strauss, dans ses quatre derniers Lieder, met en valeur le cor dans Abendrot et dans September et surtout un solo de violon glorieux dans Beim Schlafgehen. Strauss mourut à peine un peu plus d’un an après avoir achevé ces quatre derniers Lieder le 9 septembre 1949.
Cette œuvre exige un éclat spécifique de la part de la soprano (Elisabeth Schwarzkopf y excella)…C’est ce qui a fait un peu défaut ce soir avec Diana Damrau qui n’a pas tout à fait réussi à convaincre. Son timbre manquait de couleurs et sa voix était quelque peu pincée. Dommage car son enregistrement à Munich sous la direction de Jansons était sublime.
Par contre, les Berliner Philarmoniker et leur chef Kirill Petrenko ont réussi des prouesses musicales pour ne pas couvrir sa voix, tout en nous offrant un son aérien, magique et magnifique.
Après la pause, les Berliner Philarmoniker, au grand complet, se sont retrouvés pour la Vie d’un Héros. Strauss n’avait que 24 ans lorsqu’il entreprit de résumer sa vie dans son 8e poème symphonique Ein Helden Leben. Il débute par un portrait viril du héros, puis décrit ses exploits face à ses adversaires (les critiques), sa rencontre avec sa future femme Pauline, incarnée par un violon solo, ses œuvres et finalement la façon dont il se retire du monde.
La direction de Kirill Petrenko donne toute la sensibilité à ce poème symphonique, soulignant le sublime sentiment d’accomplissement des dernières pages. Tantôt la direction est tonitruante, tantôt empreinte de nuances merveilleusement lyriques.
Petrenko, rayonnant d’énergie nous a donné ce soir, une belle exécution straussienne de cette œuvre. Le résultat est exceptionnel et extraordinaire.
Une mention spéciale est à attribuer à la violoniste solo « Konzertmeisterin » Vineta Sareika-Völkner, nommée il y a deux mois au sein des Berliner Philarmoniker, dans les deux magnifiques solos de violon, surtout dans la 3e partie de l’œuvre, qu’on peut considérer comme un « petit concerto pour violon ».
Mais le véritable héros de cette soirée est incontestablement Kirill Petrenko, incomparable chef aux grandes qualités humaines….
Marie-Thérèse Werling
7 avril 2023
