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Festival de Bregenz 2024 « Un (e) Tancrede » Contemporain à Bregenz !!!

Festival de Bregenz 2024 « Un (e) Tancrede » Contemporain à Bregenz !!!

lundi 29 juillet 2024

© Karl FOSTER

On est loin du Tancrede de Rossini, premier opéra qu’il composa, alors qu’il était à peine âgé de 21 ans et qui remporta un très grand succès à Venise lors de la première représentation le 6 février 1813.

Stendhal écrivait à propos de Tancrède « Candeur virginale ». Il serait sans doute surpris de la version proposée ce soir par le metteur en scène Jan Philipp Gloger, puisque Tancrède est une femme, amoureuse d’Amenaide. Depuis très longtemps maintenant, la question sexuelle du « Travesti » obsède les metteurs en scène (serait-ce leurs propres fantasmes !!!!), car dans le deuxième spectacle du Festival de Bregenz Le Freischutz Agate a un faible pour Ännchen …. !!!

TANCREDE 4
©Karl FOSTER

La mise en scène de Gloger déplace l’action de la Syracuse médiévale dans un cartel de drogue sud-américain, et exploite la culture du « machisme » dans un environnement religieux et répressif. Sur un immense plateau tournant, les décors de Ben Baur, très parlants, évoquent un palais en ruines où est installé l’ appartement des années 70 (buffet et table de cuisine en formica…) d’Argirio et de son épouse. C’est dans ce décor que s’affrontent les deux clans que Tancrède s’efforce d’anéantir. Tout est violent, ce qui est devenu habituel dans tous les opéras du monde : passages à tabac, hommes armés de mitraillettes et de revolvers tirant à bout portant, suspect attaché sur une chaise, un sac noir sur la tête, salle de tortures, du sang sur les murs, corps sanguinolents, au point de vivre un cauchemar, alors que l’on aimerait un peu « rêver » en allant à l’opéra et être débarrassé de toute cette violence que l’on voit au quotidien, relayée par les médias. Même les chœurs d’hommes créent en permanence un air de menace en accentuant la masculinité qui est illustrée au premier tableau par la torture et la mise à mort d’un des membres du cartel parce qu’il est « gay ». Le thème de l’amour interdit augmente la tension d’Amenaide, prise entre la volonté oppressante de son père et un amour désespéré.

tancrede 1 Copie
© Karl FOSTER

Dans le second acte, les coups de feu et les bagarres abondent et finissent par lasser. Tancrède habillée en homme, se faufile régulièrement dans la maison d’Argirio dont on a compris qu’il était le baron de la drogue, pour courtiser sa fille Aménaide, puis se bat au couteau. C’est tout simplement horrible, mais le pire est la fin tragique où Tancrède est abattue par un policier, puis laissée pour morte, rampant sur la scène jusqu’à ce qu’elle se vide de son sang. C’est d’un sinistre déconcertant. Puis Aménaide qui s’est battue courageusement pour leur amour est emmenée par deux policiers après avoir vu son amante abattue. C’est déroutant, sinistre, d’une violence gratuite.

Le plateau vocal quant à lui, est très inégal. Anna Goryachova (Tancrède) et Mélissa Petit (Aménaide) forment un beau couple, très crédibles et convaincantes scéniquement et vocalement. Anna Goryachova possède un timbre bien velouté, elle respecte à perfection la partition, mais manque de tempérament, de fougue et l’émotion paraît un peu factice. Mélissa Petit campe une Aménaide pleine de spontanéité et de légèreté, tout à tour charmante, passionnée et dramatique. Son air « Di mia vita infelice » est chanté d’une voix d’une belle couleur mozartienne.

TANCREDE 2
©Karl FOSTER

Le ténor Antonio Siragusa retouve le rôle d’Argirio qu’il a chanté de nombreuse fois notamment à Pesaro. Sa voix stridente et perçante est techniquement restée la même, mais on ne peut pas dire qu’il dégage un grand plaisir auditif car son ton est devenu trop nasillard. (pourtant il fut un excellent Alfredo le Grand au Festival de Bergamo en 2023). Orbazzano est interprété justement (mais sans plus) par Andreas Wolf. Laura Polverelli dans le rôle d’Isaura (épouse d’Argirio) est insignifiante vocalement.

Les chœurs du Philarmohnic Choir de Prague chantent puissamment, à la manière allemande, mais on attendait une interprétation plus rossinienne.

Le Wiener Symphoniker, dirigé par la cheffe taïwanaise Yi-Chen-Lin qui n’est pas une spécialiste de Rossini a donné le meilleur de lui-même, sonnant avec brio, des cadences bien tenues, notamment par les cordes. Malgré tous ses efforts, elle n’a pas réussi à faire oublier les moments désordonnés de cette mise en scène à oublier….

Marie-Thérèse Werling
29 juillet 2024

Direction musicale : Yi-Chen Lin
Mise en scène :
Jan Philipp Gloger
Décors : 
Ben Baur
Costumes :
Justina Klimczyk
Lumières :  
Martin Gebhardt
Chorégraphie des combats :
 Ran Arthur Braun

Dramaturgie Claus Spahn, Florian Amort

Argirio Antonino Siragusa
Tancredi 
Anna Goryachova 
Orbazzano 
Andreas Wolf 
Amenaide
 Mélissa Petit 
Isaura 
Laura Polverelli


Prague Philharmonic Choir
direction :  Lukáš Vasilek
Wiener Symphoniker 

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