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Festival de Baden : Die Zirkusprinzessin ( La Princesse de Cirque)

Festival de Baden : Die Zirkusprinzessin ( La Princesse de Cirque)

mercredi 6 août 2025

©Christian Husar

Créée le 26 mars 1926 au Theater an der Wien avec Vera Schwarz (Fedora Palinska) et Hubert Marischka (Monsieur X), Die Zirkusprinzessin (La Princesse de cirque) appartient à la période de maturité d’Emmerich Kálmán, compositeur hongrois qui sut marier l’élégance viennoise au souffle mélodique des rythmes tziganes et des danses d’Europe centrale. Après le triomphe de Comtesse Maritza (1924), Kálmán s’aventure ici dans un univers théâtral original : le cirque comme décor de passions amoureuses et de quiproquos aristocratiques.

Le succès de La Princesse de cirque à sa création fut considérable, et l’ouvrage connut rapidement des traductions et adaptations à travers l’Europe, notamment à Berlin, Budapest, Paris et à Londres. Aujourd’hui quasiment oubliée des scènes françaises qui ne représentent de Kálmán que Princesse Czardas chaque reprise à l’étranger confirme néanmoins sa richesse musicale et théâtrale.

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©Christian Husar

L’argument

L’argument, à la fois romanesque et pimenté d’éléments exotiques, mêle intrigue sentimentale et atmosphère de cirque .Les conventions sociales, les rivalités amoureuses et les imprévus de la piste aux étoiles tissent un canevas où la fantaisie se conjugue avec le romantisme.

L’histoire est centrée sur « Monsieur X » qui se déguise en cavalier masqué pour exécuter chaque soir des numéros d’équitation périlleux au cirque Stanislavski à Saint-Pétersbourg. En réalité, sous ce déguisement et sous ce masque se dissimule Fedja Palinski le neveu déshérité d’un prince défunt car il aimait Fedora la femme du prince sans qu’elle le sache.

Acte : 1 Un soir au cirque se croisent la princesse Fedora, le prince Sergius épris de cette dernière et Toni Schlumberger, fils d’un hôtelier viennois, venu par admiration pour la cavalière Miss Mabel Gibson. Monsieur X exécute son numéro puis, sans ôter son masque, il est présenté à Fedora et s’émeut à sa vue. Concomitamment Fedora rejette les avances du prince Sergius. Ce dernier jaloux fomente un plan de vengeance. Il invite Monsieur X à dîner. Il doit y apparaître sous les traits du « Prince Korrossoff » et courtiser Fedora. Monsieur X accepte, désireux de se rapprocher de la princesse. Tous deux éprouvent une attirance réciproque et tombent rapidement amoureux.

Acte 2 : Le prince Sergius, poursuivant sa vengeance, remet à Fedora un prétendu ordre impérial lui ordonnant d’épouser le prince Korosoff. Fedora accepte avec joie le mariage. Monsieur X, cependant, exige que le prince Sergius dise la vérité à Fedora avant la cérémonie, ce qu’évidemment le prince s’abstient de faire. Le mariage a lieu et, par les gens du cirque venus la féliciter, Fedora apprend que son mari n’est autre que l’écuyer masqué. Elle est ridiculisée pour cela, et traitée de « princesse de cirque ». Monsieur X l’assure néanmoins de son amour et lui révèle être en réalité Fedja Palinsky. Fedora, cependant, exige une séparation immédiate.

Acte 3 : Un deuxième couple, plus heureux, s’est marié : Toni Schlumberger et Mademoiselle Mabel Gibson. De retour chez eux, Toni a peur d’annoncer son mariage à sa mère, Carla. Cependant celle-ci se réconcilie rapidement avec son fils. Pour sa part, le prince Sergius espère toujours gagner l’amour de Fedora. La princesse, cependant, cherche à revoir son mari, actuellement en visite à Vienne sous le nom de Monsieur X. Son amour pour lui est finalement plus fort que sa fierté, et Fedja Palinski peut enfin partager ses sentiments avec la femme perdue depuis longtemps.

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©Christian Husar

Musicalement : l’héritage de la tradition viennoise et l’attrait pour les rythmes nouveaux des années 1925

Kálmán déploie dans La Princesse de cirque un éventail de couleurs qui illustre son art consommé du mélange : La virtuosité mélodique et la sensualité des valses et de la romance dans la tradition viennoise, la langueur des rythmes tziganes et hongrois et les couplets et duos comiques qui offrent le contrepoint léger indispensable et qui intègrent déjà les influences des années 1925 : le jazz, le swing, le tango le fox trot, tout en préservant la fluidité de l’action.
On y retrouve aussi l’usage raffiné de l’orchestre, qui ne se contente pas d’accompagner, mais peint des atmosphères : le scintillement de la piste, la tension des acrobaties, la douceur de l’aveu amoureux.

Sur le plan dramatique, l’œuvre joue sur un double registre. D’un côté, l’éclat spectaculaire des scènes de cirque, qui exploitent les possibilités visuelles et chorégraphiques ; de l’autre, l’intimisme des scènes sentimentales, où Kálmán atteint une sincérité émotive rappelant l’opéra comique français. On y retrouve également une veine mélodique digne de Lehár, mais avec une rythmique plus nerveuse et un goût pour les contrastes marqués.

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©DR

L’œuvre à la Sommerarena de Baden

La Sommerarena de Baden propose en cet été 2025 cette Princesse de cirque, dans une nouvelle production signée Isabella Gregor (mise en scène), Oliver Ostermann (direction musicale), Ulv Jakobsen (décors et costumes) et Anna Vita / Patricia Brandão Moura (chorégraphie). Le spectacle créé le 21 juin 2025 se joue jusqu’au 29 août 2025

Mise en scène

La metteuse en scène Isabella Gregor est bien connue que ce soit à Baden ( Funny Girl, L’Auberge du Cheval Blanc, Der Bettelstudent, Paganini ) ou encore au Festival Lehár de Bad Ischl ( Le Tsarévitch, Der Vogelhandler, My Fair Lady ) Pour La Princesse de cirque elle fait de l’identité masquée le fil rouge dramaturgique : au-dessus du plateau, la question « Wer bin ich? » (« Qui suis-je ? ») s’affiche en lettres lumineuses, rappelant que l’opérette tout entière joue des faux-semblants (Mister X, aristocratie russe fantasmée, mondes du cirque et des salons). On apprécie la pertinence et la limpidité de ce parti pris, mené avec esprit.

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©Christian Husar

Le rythme constitue de surcroit l’atout majeur de la production : Gregor enchaîne tableaux et quiproquos avec pour l’adaptation des dialogues un humour qui ne dénature jamais la tendresse mélancolique typique de Kálmán. Le mélange entre l’univers « cirque / opérette » est pleinement assumé : clowns, acrobates, animaux spectaculaires (un éléphant plus vrai que nature), attractions en cascade, tout concourt à une féerie visuelle qui reste au service de l’intrigue Fedora/Mister X.

Ulv Jakobsen signe des images opulentes – draperies, paillettes, silhouettes hautes en couleur – qui situent l’action dans un temps indéterminé à la saveur rétro, sans pour autant une illustration convenue ou désuète. Les décors en quinconce se croisent astucieusement ( évidemment en forme de X ) pour créer des espaces différents

La partition appelle beaucoup de danse : Anna Vita et Patricia Brandão Moura tissent un vocabulaire très lisible (marches de cirque, ensembles, intermèdes pantomimes), parfaitement réglé dans l’espace de la Sommerarena. Le Ballet de la Bühne Baden doit être salué pour sa précision et son allant.

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©Christian Husar

Direction musicale, orchestre et chœur

À la baguette, Oliver Ostermann conduit l’Orchestre de la Bühne Baden avec une élégance et un chic léger et dansant : rubato respiré, swing sans lourdeur, accentuations nettes dans les czardas et les marches. Le chœur (préparé par Victor Petrov) est très engagé scéniquement et exubérant agite les scènes de foule.

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©Christian Husar

Distribution

En Mister X, Clemens Kerschbaumer (déjà remarqué sur cette scène dans Une nuit à Venise) s’illustre par une voix à la projection large, une incontestable autorité vocale et une présence scénique assurée .

On a regretté de ne pas entendre Sieglinde Feldhofer dont on a apprécié depuis des années les multiples qualités dans nombre de rôles aussi bien à Baden, Bad Ischl ou Morbisch (et parmi ses prestations les plus récentes Le Monde est beau, Le Comte de Luxembourg et Les femmes viennoises de Lehár).

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©Christian Husar

La soprano macédonienne-australienne Ivana Zdravkova (qui fut sur cette scène Micaela en 2023 et Mimi en 2024) en alternance dans le rôle de Fedora ne manque pas toutefois d’assurance sur le plan vocal, dotée d’une tessiture longue et convainc sur le plan interprétatif.
On a admiré le Prince Sergius de Marco Di Sapia fascinant interprète qui donne à son personnage retors un relief d’une ironie savoureuse

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©Christian Husar

Victoria Sedlacek dessine une Miss Mabel Gibson pétillante à laquelle Ricardo Frenzel Baudisch (en Toni Schlumberger) donne une éloquente réplique, tous deux aussi parfaits dans le chant que virevoltants dans la danse.

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©Christian Husar

Une mention spéciale à Oliver Baier (habitué à des rôles de composition tels que le Professeur Higgins dans My Fair Lady ou Frosch dans La Chauve souris) pour son irrésistible maître d’hôtel Pelikan ainsi qu’à Verena Scheitz excellente Carla. Beppo Binder et Susanna Hirschler habitués du festival complètent avec bonheur la distribution.

Cette Princesse de cirque par son énergie, sa vision colorée séduisante, sa séduction musicale, sa distribution alerte réunit les ingrédients pour emporter l’adhésion du public. La musique de Kálmán pleine de charme d’émotion et de rythme y contribue largement .

Christian JARNIAT
6 aout 2025

Direction musicale : Oliver Ostermann 
Mise en scène : Isabella Gregor
Décors/costumes : Ulv Jakobsen 
Chorégraphie : Anna Vita / Patricia Brandão Moura.

Distribution

Mister X : Clemens Kerschbaumer
Princesse Fedora Palinski : Ivana Zdravkova
Prince Sergius : Marco Di Sapia
Miss Mabel Gibson : Victoria Sedlacek
Toni Schlumberger : Ricardo Frenzel Baudisch
Carla Schlumberger : Verena Scheitz
Pelikan : Oliver Baier
Baron Boris Brusowsky / Samuel Friedländer: Beppo Binder
La directrice du cirque : Susana Hirschler

Discographie et vidéographie sélective de La Princesse de cirque

1954 – Wiener VolksoperAnny Schlemm, Rudolf Christ, Wiener Volksoper Orchestra, Franz Bauer-Theussl (EMI / réédition CD)
1960 – Enregistrement radiophonique ORFMelitta Muszely, Adolf Dallapozza (archives).
1970 – Version studio avec Anneliese Rothenberger et Nicolai Gedda (EMI).1980 – Télévision allemande (ZDF) – Dagmar Koller, Peter Minich. Disponible en DVD dans certaines collections spécialisées.
1980 – Télévision allemande (ZDF) – Dagmar Koller, Peter Minich. Disponible en DVD dans certaines collections spécialisées.
2003 – Festival de Mörbisch – Elisabeth Flechl, Heinz Holecek, dirigé par Rudolf Bibl (DVD)
2014 – Budapest Operetta Theatre (DVD)

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