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Falstaff à l’opéra de Monte-Carlo

Falstaff à l’opéra de Monte-Carlo

mardi 29 janvier 2019
Simone Alaimo – photo Alain Hanel
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La reprise de la remarquable coproduction de l’Opéra de Monte-Carlo et de l’Opéra-Théâtre de Metz a de nouveau enchanté les spectateurs de la salle Garnier. Jean-Louis Grinda (mise en scène), Rudy Sabounghi (décors) et Jorge Jara (costumes) ont réalisé une alchimie parfaite pour offrir à la musique de « Falstaff », qui jaillit comme une source cristalline et bondissante, un environnement théâtral merveilleusement abouti. L’œuvre ultime de Verdi oscille sans cesse entre sourire et poésie. Elle porte le message d’un homme qui, au crépuscule de sa vie, renoue, au travers de l’écriture, avec la gaité et la jeunesse. Ainsi écrivait-il à Boito le 7 juillet 1889 « Je trouve avec Falstaff la manière de m’ôter dix ans de sur le dos, alors quelle joie ! ».

Et Giuseppe Verdi doit assurément se tordre de rire en contemplant, du haut du paradis des artistes, son chevalier pontifiant transformé en coq et régnant sur une basse-court de volatiles colorés. Et Boito de répondre à Verdi deux jours plus tard en écrivant « Il n’y a qu’un seul moyen de terminer votre carrière, mieux encore qu’avec « Otello », c’est de finir victorieusement avec « Falstaff ». Après avoir fait résonner tous les cris et toutes les lamentations du cœur humain, de finir par une explosion d’hilarité ! C’est de les ébahir ! ».

Mission accomplie donc avec la conception de Jean-Louis Grinda qui épouse étroitement les désidératas du compositeur et de son librettiste et laisse effectivement le spectateur ébahi et hilare lorsque Falstaff « coq » tortille du croupion et se pavane devant ses « poules ». Le propos est toujours juste, bien ciblé, jamais vulgaire et fait une place de choix à des contours visuels oniriques et poétiques qui soulignent subtilement le caractère, somme toute attendrissant, du chevalier ventripotent.

Musicalement se spectacle transporte littéralement l’auditeur. Le plateau est galvanisé par la performance de Nicola Alaimo, les graves sont fermes, l’aigu facile, l’articulation parfaite et la présence scénique confondante. On retrouve la même efficacité chez Jean-François Lapointe qui campe un Ford à la voix ample et ne sombre jamais dans la caricature. Enéa Scala est un Fenton de luxe au chant raffiné et élégant.

Côté féminin la Nanetta de Vannina Santoni arbore une fraîcheur primesautière de bon aloi et les joyeuses commères de Rachele Stanisci (Alice) et Anna Maria Chiuri (Mrs Quickly) reflètent brillamment les séquences très diversifiées de leurs emplois, tantôt l’allégresse, la séduction, la finesse ou encore la rouerie.

A la baguette Maurizio Benini fait ressortir tout le raffinement de l’écriture verdienne et peaufine les sonorités innovantes de la partition. Il trouve le juste équilibre pour épouser constamment le texte avec ductilité bien servi par les remarquables instrumentistes de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Un spectacle exceptionnel ovationné par un public souriant et conquis.

Yves Courmes

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