Le dimanche 9 février, le rideau s’est levé sur la scène du Théâtre de Beaulieu à Lausanne pour la seconde édition d’Étoiles Montantes, un spectacle de danse imaginé et porté par Kathryn Bradney, directrice artistique et exécutive du Prix de Lausanne.
Figure emblématique du paysage chorégraphique international, ancienne première danseuse du Béjart Ballet Lausanne, Kathryn Bradney insuffle depuis plusieurs années une énergie nouvelle au célèbre concours, en conjuguant exigence artistique, ouverture et rayonnement international proposant ainsi au grand public une fenêtre privilégiée sur l’univers fascinant du Prix de Lausanne.
Avec Étoiles Montantes, elle offre une parenthèse lumineuse dans la semaine du Prix, en donnant à voir la quintessence de cette compétition, dans un format accessible et poétique.
Si le Prix de Lausanne fait vibrer les amateurs de danse depuis plus d’un demi-siècle, Étoiles Montantes en dévoile une autre facette : un moment suspendu, pensé comme une célébration des jeunes talents, loin de la pression de la compétition..
En 90 minutes, ce programme varié fait dialoguer avec grâce, rigueur académique, audace contemporaine et émerveillement.
Le spectacle met à l’honneur les finalistes et lauréats de l’édition 2025.
On salue les performances de YounJae PARK, lauréat du 1er Prix du Prix de Lausanne et récipiendaire de la bourse Caris, époustouflant dans une variation classique d’une grande propreté technique et d’une musicalité rare.
Le Prix du Meilleur Jeune Talent a été attribué à Eric POOR, dont la présence scénique, déjà très affirmée, a séduit le public et le jury.
Jakob WHEWAY HUGHES, quant à lui, a brillamment remporté plusieurs distinctions, dont le Prix d’interprétation contemporaine et le Prix du public web, confirmant une versatilité saisissante.
Le programme intégrait également les deux pièces finalistes du Young Creation Award, projet phare du Prix qui soutient la jeune chorégraphie.
- 20 Miles From Shore, signé par Henry Lichtmacher (Houston Ballet Academy), interprété avec intensité par Alex Westerman, sur une musique planante de Lars Meyer.
- Extinction, d’Alexander Mockrish (ABT Jacqueline Kennedy Onassis School), porté par la délicate Caroline Quiner, a su captiver par sa gestuelle fluide et son engagement expressif, sur les sonorités subtiles de Peter Sandberg.
Plusieurs autres bourses ont été remises à cette occasion :
• Fondation Maurice Béjart -Hanxi WANG , République de Chine, une bourse particulièrement symbolique, en hommage au grand maître du mouvement et à l’influence durable de son œuvre sur la jeune génération.
• Bourse Astarte – Hono HAMASAKI, lauréate japonaise soulignant une sensibilité artistique rare et une présence scénique lumineuse, promesses d’un avenir brillant.
Délivrés du cadre compétitif, ces jeunes artistes laissent libre cours à leur art. Une fraîcheur évidente émerge de leurs interprétations : leurs corps se délient, les personnalités s’affirment et l’émotion affleure. Étoiles Montantes révèle ainsi une autre vérité de la scène : celle de la transmission, du plaisir de danser, et du partage.
Moment fort de la soirée, la création Our Common Fate, signée par la chorégraphe new-yorkaise Jessica Lang, a été élaborée dans le cadre du Projet Chorégraphique des Écoles Partenaires (PSCP). En une semaine à peine, 26 jeunes danseurs issus des institutions les plus prestigieuses – Royal Ballet School, ABT JKO School, École de l’Opéra de Paris, entre autres – ont tissé une fresque chorégraphique saisissante. Sur une musique envoûtante et dans une scénographie quasi onirique, la pièce explore la dynamique de groupe et le destin partagé, mêlant lignes classiques et contrastes contemporains avec une fluidité remarquable.
Enfin, les invités d’honneur ont offert au public deux moments de magie : Margarita Fernandes et António Casalinho, étoiles montantes du Bayerisches Staatsballett de Munich – respectivement nommés Soliste et Premier Danseur en novembre 2024 – ont transporté le public avec deux pas de deux emblématiques. D’abord dans le pas de deux spectaculaires extraits du Corsaire, démonstration de virtuosité pure – pirouettes impeccables, portés d’une légèreté aérienne – puis dans le poignant pas de deux du balcon de Roméo et Juliette (version Cranko), où leur complicité dramatique et leur sens du phrasé chorégraphique ont ému jusqu’aux larmes.
Étoiles Montantes dépasse le cadre du simple gala : il incarne une vision. Celle d’une danse vivante, en constante évolution, portée par une jeunesse talentueuse et engagée. Ce rendez-vous désormais incontournable du Prix de Lausanne réunit, dans une même soirée, l’excellence d’aujourd’hui et la promesse de demain.
Alors que les applaudissements résonnaient encore dans la grande salle, une certitude s’imposait : ces jeunes étoiles qui scintillent sont déjà prêtes à illuminer les scènes du monde.
Cécile Beaubié
