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« Et les étoiles brillaient » pour l’ultime soirée des Chorégies 2024

« Et les étoiles brillaient » pour l’ultime soirée des Chorégies 2024

lundi 22 juillet 2024

(c) Violaine Plagne

Pour célébrer le centenaire de la mort de Giacomo Puccini, les Chorégies d’Orange nous proposent un opéra unique en version de concert. Tosca, œuvre où intrigue amoureuse et conflits politiques s’imbriquent de façon diabolique, nous promet de grandes émotions. Servi par un trio vocal d’exception bien décidé à braver les féroces rafales de mistral, le public assiste à une version, certes dépourvue de mise en scène, mais débordante de théâtralité.

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(c) Violaine Plagne

Dans cet ouvrage où s’enchevêtrent art, amour, religion, sadisme et complot, le chef d’orchestre doit être le bâtisseur du drame. La jeune cheffe italienne Clélia Cafiero dirige pour l’occasion l’Orchestre Philharmonique de Nice. Même si quelques imprécisions et décalages probablement liés aux rafales de mistral se font sentir, l’orchestre livre une performance d’ensemble plutôt convaincante. Les cinq premiers accords, assénés lentement mais avec âcreté par tout l’orchestre, résonnent comme un avertissement menaçant. La palette de couleurs et les subtiles nuances développées par les musiciens confèrent au lever du jour précédant l’exécution capitale, un caractère doux et irréel. La prière de Tosca est aussi somptueusement portée par un orchestre galvanisé. A travers sa lecture de la musique de Puccini, la jeune cheffe confère au personnage la noblesse des sentiments et la pureté des passions universelles.

Le public a eu la chance d’assister à une performance portée par un plateau vocal prestigieux, réunissant des chanteurs d’exception.

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(c) Violaine Plagne

Roberto Alagna revêt le costume de Mario Cavaradossi, peintre engagé, non seulement d’un point de vue politique mais plus généralement au nom d’un idéal. Volant au secours du remarqué Angelotti de Jean-Vincent Blot, il propose un chant généreux et empli de conviction. Sa connaissance précise de l’acoustique du théâtre lui permet de passer sans difficultés l’orchestre. Il fait ainsi raisonner son timbre solaire, même si la voix a parfois perdu de son éclat d’antan. La prestation de Roberto Alagna se transforme, l’opéra avançant, en une démonstration vocale avec des notes particulièrement tenues, par moment au détriment des nuances auxquelles il nous a habitués. Précédé d’un échange avec le sacristain suspicieux et bourré de tics interprété par Marc Barrard, le ténor entame un des moments les plus attendus de l’ouvrage. « Recondita armonia » accueilli avec enthousiasme par un public nombreux venu partager cette soirée festive de clôture.

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(c) Violaine Plagne

La vedette est laissée à sa femme, la soprano polonaise Alexandra Kurzak qui propose une interprétation enthousiasmante de la diva ! Son timbre plus léger et lumineux sied parfaitement à la jeune femme piquante, jalouse et naïve de l’acte 1. Parée d’une magnifique robe à paillettes, la soprano aborde le huis clos du second acte comme une véritable tigresse laissant exploser son tempérament de tragédienne. Le « vissi d’arte » proposé constitue une véritable pause dans l’action. A genoux sur scène, torturée tant physiquement que moralement par un manipulateur, Alexandra Kurzak nous offre un véritable moment suspendu. Sans jamais laisser s’échapper la tension dramatique de l’instant, elle développe des couleurs et une longueur de souffle incroyables. Sa prière pleine de noblesse et d’émotion se conclut par un sublime et bouleversant pianissimo provocant un véritablement embrasement du public. Ce sont donc des débuts in loco parfaitement réussis pour la soprano.

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(c) Violaine Plagne

Tosca et Cavaradossi pourraient apparaître comme quasi insipides s’il n’y avait Scarpia. Le baryton-basse gallois BrynTerfel livre une prestation extrêmement incarnée nous faisant oublier l’absence de mise en scène. Toujours accompagné d’une mimique ou de la gestuelle adaptée, nous assistons au cours de la soirée à un cruel effeuillage de toutes les facettes sombres du personnage. Certes la voix n’a plus la brillance d’antan mais le charismatique artiste vit son personnage et sait faire de ses limites vocales des atouts théâtraux. Durant le « Te deum », tout comme lors de l’acte 2, il nous tient en haleine par la théâtralité insufflée à son chant. Une même volupté parcours le public visiblement conquis par ce Scarpia qui suscite des « spasmes de haine ou des frissons d’amour ». Assassiné par sa victime innocente qui semble lui échapper, Bryn Terfel s’effondre sur scène. Il reste, même au-delà de sa mort, celui qui réussit car son plan machiavélique se poursuit selon ses décisions ! Ses sbires, Spoletta, vaillamment interprété par Carlos Natale, et Sciarrone, porté par Jean-Marie Delpas y veilleront.

Après cette magnifique soirée passée sous les étoiles lors des Chorégies d’Orange, le rendez-vous est déjà fixé pour l’année prochaine. Et cette fois, nous aurons le plaisir d’assister à non plus un, mais à deux opéras, comme promis. Enfin !

Aurélie Mazenq

22 juillet 2024

Lumières : Vincent Cusset

Direction musicale : Clelia Cafiero

Floria Tosca : Aleksandra Kurzak
Mario Cavaradossi : Roberto Alagna
Scarpia : Sir Bryn Terfel
Le Sacristain : Marc Barrard
Cesare Angelotti : Jean-Vincent Blot
Spoletta : Carlos Natale
Sciarrone / un geôlier : Jean-Marie Delpas
Un berger : Galia Bakalov

Chœurs des Opéras Grand Avignon et des Chorégies d’Orange
Direction Pierre-Louis Bonamy

Orchestre philharmonique de Nice

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