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​Disparition de Gabriel Bacquier (17 Mai 1924-13 Mai 2020)

​Disparition de Gabriel Bacquier (17 Mai 1924-13 Mai 2020)

mercredi 13 mai 2020
 Gabriel Bacquier : Don Giovanni Aix-en-Provence / Crédit Photo Gérard Landau (Ina)

Gabriel Bacquier naît à Béziers le 17 mai 1924. Passionné par la discothèque lyrique que possédait son père mais attiré encore plus par le dessin il s'inscrit à l’École des Beaux-Arts de Montpellier. Pour ne pas être obligé de participer au STO* ses parents, eux mêmes cheminots, le font entrer aux chemins de fer et c'est à cette époque qu'il se rend, pour se distraire, avec des amis à la classe de chant de Madame Bastard à Beziers. 

Cette dernière décèle tout de suite les talents de son jeune élève et propose à ses parents de le faire entrer au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris d'où il ressort diplômé en 1950 avec ses prix de chant, d’opéra et d’opéra-comique. Après quelques années difficiles il entre dans la troupe de La Monnaie de Bruxelles, chante les répertoires français et italien. Entre 1955 et 1958 il enregistre les versions discographiques du Comte de Luxembourg de Franz Lehár, des Mousquetaires au Couvent de Louis Varney et de La Fille de Madame Angot de Charles Lecoq. Il fait ses débuts à l’Opéra Comique (Madame Butterfly) et à l'Opéra Garnier (La Traviata). 

Remarqué par Gabriel Dussurget, directeur artistique de l’Opéra de Paris et fondateur du festival d’Aix-en-Provence, il se voit confier le rôle de Scarpia aux côtés de Renata Tebaldi dans Tosca puis le rôle-titre de Don Giovanni au festival d’Aix, qu’il aborde le 9 juillet 1960 pour la première fois sous la direction d’Alberto Erede.

Le spectacle est diffusé en Eurovison, la carrière internationale de Gabriel Bacquier est lancée ainsi qu'une collaboration de plus de 30 ans avec le Festival d'Aix-en-Provence où il fera notamment la prise de rôle de Golaud dans Pelléas et Mélisande, également l'une de ses incarnations majeures.

La truculence de son accent, son franc parler, ses qualités de chanteur et de comédien en font une véritable star grand public, côtoyant les plus grandes divas de l'époque, Maria Callas, Renata Tebaldi, Birgit Nilsson et Régine Crespin et ce sur les plus prestigieuses scènes du monde : le Metropolitan Opera où il fait ses débuts en 1964 pour y chanter 123 représentations jusqu’en 1982, le Royal Opera House de Londres ou encore l’Opéra de Vienne. 

Le statut de star internationale, fait rare à cette époque pour les chanteurs français, permet à  Gabriel Bacquier de poursuivre sa carrière à l'Opéra de Paris sous ce qui a été appelé l' « ère Liebermann ». Ainsi, fut-il le Comte lors de la première des légendaires Noces de Figaro mises en scène par Giorgio Strehler pour l'ouverture du glorieux mandat de Rolf Liebermann en 1973, au château de Versailles avant le Palais Garnier. Il y sera aussi Iago dans Otello aux cotés de Placido Domingo et Margaret Price, rôle qu'il enregistre au disque sous la direction de Georg Solti, tout comme Falstaff en vidéo.

Il parcourt les scènes du monde, chante avec les plus grands, enregistre une centaine de disques, et assoit sa réputation de plus grand baryton de son temps.

Dans les années 80, Gabriel Bacquier retrouve le répertoire d’opérette. On a pu ainsi l’applaudir dans L’Etoile (Siroco), La Périchole (le Vice-Roi), La Vie Parisienne (le baron), Les Mousquetaires au couvent (l’abbé Bridaine)… 

Il a également été le créateur d’œuvres contemporaines comme Le Dernier sauvage de Giancarlo Menotti (1963) ou André del Sarto de Jean-Yves Daniel-Lesur (1969). Il est aussi un grand amateur de mélodies signées Mozart, Poulenc, Ravel ou Déodat de Séverac. 
Dans une interview, il raconte sa rencontre avec le grand compositeur Francis Poulenc: “Il m’a dit: je vous ai entendu, ça n’était pas bien, mais tout simplement admirable”

Gabriel Bacquier met un terme à sa carrière en juin 1994 après une dernière représentation de Don Pasquale de Donizetti, dans la salle qui a vu ses débuts, l'Opéra Comique de Paris. 

A partir de 2001, passionné par l'enseignement, il fait profiter de son expérience aux élèves du Conservatoire de Paris et de l'Académie de Monaco.

Sa discographie riche d'une centaine de références couvre quatre décennies de productions lyriques de haut niveau.
Il a excellé dans le répertoire italien et français, a reçu de nombreuses distinctions : chevalier de la Légion d’Honneur, officier dans l’Ordre du Mérite, commandeur des Arts et Lettres (France et Monaco).
Il a été deux fois honoré par les Victoires de la Musique (1985 / meilleur artiste lyrique et 2004 pour l’ensemble de sa carrière). 
En 2004 et 2013, il reçoit, pour l’ensemble de sa carrière, l’Orphée d’Or Herbert von Karajan de l’Académie du disque.
 
Parmi ses autres récompenses, on peut citer le prix national du Disque et prix Charles-Panzéra en 1963, le prix Lily-Pons en 1966 et la Cigale d'or (félibre majoral) attribuée par le Festival d'Aix-en-Provence en 1975, et il reçoit également la médaille de vermeil de la Ville de Paris.
De multiples prix du disque et l’International Fidelio Medal of de Directors s’ajoutent à ce palmarès.
 
Il est l'auteur d’un ouvrage sur Verdi (Eyrolles 2013) et a rédigé de nombreuses préfaces.
 
Devenu veuf, il avait épousé, fin 2013, l’écrivaine et cantatrice Sylvie Oussenko, auteure de sa  biographie (Gabriel Bacquier, le Génie de l’interprétation, MJW 2011)

* STO : Service Travail Obligatoire instauré par l'Allemagne nazie durant l'occupation en France pendant la seconde guerre mondiale

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