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Didon, reine de Carthage de Christoph Graupner au Festival de musique ancienne d’Innsbruck

Didon, reine de Carthage de Christoph Graupner au Festival de musique ancienne d’Innsbruck

mardi 27 août 2024

Crédit photographique © Birgit Gufler

Le premier opéra connu de Christoph Graupner, Dido, Königin von Carthago (Didon, reine de Carthage)est la troisième production d’opéra présentée cet été à Innsbruck dans le cadre des Semaines festives de musique ancienne ( Innsbrucker Festwochen der Alten Musik). Cet opéra, dont la première eut lieu en 1707 à l’Opéra de Hambourg, sur le Gänsemarkt, a été redécouvert depuis peu en version de concert. On en trouve une interprétation par l’orchestre baroque Elbipolis dirigé par Florian Heyerick, qui a été enregistrée en avril 2010 au Konzerthaus de Berlin. En février 2024, l’orchestre baroque La Cetra, dirigé par Andrea Marcon, l’a joué en version concertante à Amsterdam et à Bâle, avant d’être invité cet été dans la capitale tyrolienne. 

La grande nouveauté de la production du Festival d’Innsbruck est de proposer Dido en version scénique, une première depuis près de deux cents ans. Pour le plus grand bonheur des festivaliers, la mise en scène a été confiée à la talentueuse Deda Christina Colonna, qui est à la fois spécialiste de l’opéra des 17e et 18e siècles et de la danse de la Renaissance et de l’époque baroque. Il est à souligner que tant le chef que la metteuse en scène, tous deux d’origine italienne, parlent couramment l’allemand, ce qui constitue un atout non négligeable quand on sait que le livret de Dido est bilingue : le livret de Heinrich Hinsch a l’allemand pour langue principale, mais sur la trentaine d’arias qu’il comporte  treize sont en italien. Cette combinaison de l’allemand et de l’italien était à l’époque d’usage à Hambourg, les récitatifs étaient tous écrits en allemand, ce qui facilitait la compréhension de l’action.

Le compositeur

Christoph Graupner (* 13 janvier 1683 ; † 10 mai 1760)  naquit à Kirchberg, en Saxe, en 1683 ou 1684. Il y apprit les principes de musique à l’école publique et reçut quelques leçons de piano de l’organiste Kuester. Cet organiste ayant été appelé à Reichenbach, Graupner l’y suivit et continua de travailler sous sa direction pendant deux ans. Il se rendit ensuite à l’école Saint-Thomas de Leipzig, et y passa neuf années entières. Pendant qu’il y faisait ses études littéraires et qu’il y suivait un cours de droit, le chantre Schell lui fit continuer l’étude du clavecin, et Kubnau lui enseigna la composition. En 1706, l’invasion de la Saxe par les Suédois obligea Graupner à s’enfuir à Hambourg. Lorsqu’il arriva dans cette ville, il ne possédait plus que deux thalers (écus de Prusse et de Saxe). Heureusement la place d’accompagnateur au clavecin à l’orchestre de l’Opéra était alors vacante en raison du départ de Jean Chrétien Schieferdecker. Graupner l’obtint, et les trois années qu’il passa dans cette situation furent les plus utiles pour son éducation musicale, car le théâtre de Hambourg était alors placé sous la direction de l’illustre compositeur Reinhard Keyser. Ce maître devint le modèle de Graupner, et les ouvrages qu’il écrivit ensuite pour la scène hambourgeoise (Didon en 1707, Hercule et ThéséeAntiochus et Stratonice et Bellérophon en 1708 et Samson en 1709) furent faits dans le style du célèbre compositeur de Hambourg. Des chagrins d’amour décidèrent Graupner à s’éloigner de cette ville. La place de vice-maître de chapelle du Landgrave de Darmstadt lui fut offerte en 1710, il l’accepta. Dix ans après il eut celle de premier maître. En 1722, sur la recommandation de Georg Philipp Telemann, Christoph Graupner posa sa candidature au poste de Thomaskantor à Leipzig (directeur artistique du chœur de l’église Saint-Thomas de Leipzig), mais sous la pression impérieuse de son employeur, le landgrave Ernst Ludwig de Hesse-Darmstadt, qui lui proposa d’augmenter ses appointements pourtant déjà élevés, il dut refuser d’être nommé à la succession de Johann Kuhnau. Et c’est ainsi que celui qui allait devenir le plus célèbre des Thomaskantor, Jean-Sébastien Bach, put obtenir le poste. Graupner mourut à Darmstadt le 10 mai 1760, à l’âge de 76 ans. L’intégralité de son œuvre est conservée à la bibliothèque de l’Université de Darmstadt, car on passa outre aux dernières volontés du compositeur qui avait souhaité que toutes ses compositions soient détruites. Compositeur prolifique, on lui doit en dehors de ses opéras plus de 1400 cantates, 112 symphonies et 85 suites orchestrales. 

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Jacob Lawrence, Robin Johannsen ©Birgit Gufler

Le livret

L’histoire des amours d’Énée, fuyant Troie détruite pour se rendre à Carthage, et de Didon, et de la fin tragique de la reine de Carthage, a inspiré environ 90 compositeurs. La Didone de Cavalli créée à Venise en 1641 avait rendu le sujet populaire. En 1688 ou 1689, Henry Purcell en composa une version d’une densité particulièrement dramatique. En 1707, alors qu’on fêtait le centenaire de la naissance de l’opéra, Graupner donnait des amours de Didon et d’Énée une version musicale particulièrement joyeuse et innovante sur un livret composé dans le but avoué de titiller les sens du public avec une extraordinaire succession de numéros (122 dans le livret original qui comporte pas moins de 15 personnages principaux). Hinsch avait recouvert le noyau dramatique d’intrigues secondaires et parallèles et introduit de nouveaux personnages avec un potentiel de conflit considérable et des couples dans différentes constellations émotionnelles, rendues encore plus complexes par les ukases des déesses et des dieux et par la tyrannie de Cupidon sur les sentiments des protagonistes, tous d’illustre naissance et de haut lignage. À noter qu’à l’époque baroque un lieto fine, une fin heureuse, faisait partie intégrante de la dramaturgie de l’action. Aussi l’opéra ne pouvait-il se terminer par la mort sur scène de Didon. Heinrich Hinsch met en scène l’accession d’Anna à la royauté et la paix offerte par Hiarbas à la nouvelle reine, que l’amour unit à Juba, prince de Tyr.

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Alicia Amo-Robin Johannsen ©Birgit Gufler

Tragedia dell’arte

Deda Christina Colonna revient à Innsbruck où elle avait déjà mis en scène Armide de Lully en 2015. Successivement danseuse, comédienne et chorégraphe, elle utilise les multiples atouts de son parcours de vie pour instrumenter une mise en scène historiquement informée dans ses méthodes, sa structure, son style d’interprétation et son utilisation de la machinerie, qui a ravi les amateurs d’opéras baroques. En accord avec le chef Andrea Marco, qui a qualifié leur collaboration d’idyllique, Deda Christina Colonna a raccourci certaines scènes et supprimé un personnage secondaire sans toucher à la structure de l’intrigue. Elle souligne que ces suppressions répondent aux besoins du public moderne aujourd’hui figé par l’invention du “quatrième mur” (constitué par le public plongé dans l’obscurité, immobile et silencieux), ce qui a fortement diminué, sinon oblitéré, la communication entre le public et la scène par rapport aux usages des 17e et 18e siècles.

La scénographie de Domenico Franchi reflète l’une des principales caractéristiques de l’opéra baroque : créer de l’émerveillement avec des moyens simples ! L’arrière-scène est tout entière occupée par une grande cloison dorée qui rappelle le shoji, cette porte coulissante traditionnelle japonaise avec son élégant quadrillage de bois fin, utilisée dans les maisons pour séparer les espaces. De grandes portes s’y ouvrent à divers moments, la cloison peut aussi s’écarter en son centre sur un fond de couleur uniforme changeante, tantôt le rouge, tantôt un bleu profond. Un mobilier de scène simple, doré lui aussi, bordé de volutes, figure ici la couche, là le trône de Didon, plus loin l’autel sacrificiel de Mithra sous l’arbre sacré. Les sous-intrigues complexes du livret nous conduisent à l’intérieur et à l’extérieur du palais, dans un réseau de pièces, au bord de la mer, au port ou dans les temples. Tous ces lieux sont esquissés de manière simple par le décor. Les dei ex machina descendent des cintres. Une tête monumentale couchée sur la scène évoque la déesse Vénus. Didon apparaît juchée sur un éléphant tout doré. De l’or partout et encore pour rappeler la grandeur, la puissance et l’opulence de Carthage, comme le souligne la  préface du livret de Hinsch : « La ville de Carthage avait, comme Babylone, 360 stades dans son périmètre, c’est pourquoi elle est appelée par Suidas la ville la plus grande et la plus puissante du monde, et par Solinus, après Rome, la seconde parure du globe ».

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Crédit photographique © Birgit Gufler

Les somptueux costumes, d’une élégance simple et raffinée, sont eux aussi des créations de Domenico Franchi. Ils évoquent les puissants de l’antiquité porteurs de tuniques ou de toges soyeuses où l’or domine, avec des combinaisons de couleurs qui caractérisent les personnages : l’or pour Didon, mélangé de brun pour Anna, le blanc bordé d’or pour Énée et Achates, l’or et le brun pourpré pour Hiarbas, l’or et le vert pour le prince Juba. Un large collier rappelle que Ménalippe est une princesse égyptienne. Des couronnes de feuillages d’or, des casques, des turbans comme couvre-chefs. Les figurants qui servent les grands ou opèrent les changements de décor sont tout de blanc vêtus.

Les couleurs du décor, le mobilier et jusqu’aux costumes, toute la mise en scène tourne autour du personnage de Didon, tout est fait pour représenter les multiples facettes de ce personnage kaléidoscopique et cyclonique qui nous entraîne dans le vortex de ses émotions, que contribuent également à figurer les changements de décors, notamment à l’approche de sa mort signalée par la plus grande rapidité de ces changements. Face à l’intensité et à la puissance de Didon, Énée paraît bien falot, manquant de substance, il n’est qu’un personnage collatéral qui ne contrôle pas le cours des événements de sa vie mais est manipulé par les divinités.

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©Luc-Henri Roger

Deda Cristina Colonna réalise un travail visuel et chorégraphique spectaculaire. Au commencement est le verbe du livret, et avec elle le verbe prend forme et se fait chair. Madame Colonna rend la parole et la musique créatrices du geste qu’elle pare des beautés du théâtre antique. Elle conçoit le jeu des acteurs comme une réponse physique aux stimuli contenus dans le texte et est attentive aux rapports que les chanteurs entretiennent avec l’espace. Ainsi les mimiques, les gestes et la proximité ou l’éloignement des personnages sont-ils travaillés de manière différente quand les personnages évoluent dans l’intimité de leur sphère privée ou quand ils sont en fonction de représentation dans la vie officielle. On le perçoit fort bien dans les rapports qu’entretiennent les deux sœurs, Didon et Anna, qui interagissent de manière différente lorsqu’elles sont seules, dans leur sororité, ou lorsqu’elles sont en présence d’autres personnages. Les ensembles, quatuors ou sextuors, sont superbement chorégraphiés. Le mariage des tonalités des costumes et la beauté hiératique des mouvements sont du plus bel effet.

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Jone Martinez et Robin Johannsen © Birgit Gufler

La musique et le chant

L’orchestre La Cetra (Cetra Barockorchester Basel) sous la direction d’Andrea Marcon s’était déjà produit il y a deux ans sur la scène tyrolienne avec le Vespro veneziano. Il revient à Innsbruck pour la production de Dido qu’il interprète, à l’instar de la mise en scène, de manière historiquement informée et avec un grand sens de la théâtralité. L’introduction instrumentale commence par un coup de tonnerre, c’est d’entrée de jeu l’annonce du courroux de Junon. Andrea Marcon maîtrise admirablement les tempi de la musique qui sont intimement couplés au texte du livret et à l’expression des états affectifs et des pulsions des protagonistes. L’harmonie entre la fosse et la scène et évidente. Les timbales ordonnées par Didon et le cor sont à la fête dans cet opéra, avec ici et là des traits d’humour comme la parfaite imitation par le corniste du barrissement répété qui annonce l’arrivée en scène de l’éléphant monté par la reine de Carthage. La direction d’Andrea Marco est inspirée, elle célèbre l’inventivité musicale de Graupner et fait miroiter toutes les facettes de ce bijou baroque trop longtemps oublié, en parfait équilibre avec les chanteurs et de l’excellent ensemble vocal tyrolien NovoCanto, que l’on retrouve pour la troisième saison au Festival d’Innsbruck. 

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©Birgit Gufler

La distribution est de bon niveau et, pour plusieurs chanteurs, dont le rôle-titre, heureusement rodée par les concerts d’Amsterdam et de Bâle. La soprano américaine Robin Johannsen qui interprète Didon est bien connue du public. Elle a déjà participé à cinq productions du festival tyrolien. Elle se tire avec les honneurs de ce rôle aux affects complexes et qui, parsemé d’écueils, demande une fameuse endurance. Elle séduit par son soprano aux clartés scintillantes et aussi par sa diction allemande. La soprano espagnole Jone Martinez fait des débuts remarqués à Innsbruck dans le double rôle de Junon et de Ménalippe. Première dea ex machina de la soirée, elle donne de la vigueur au courroux de la déesse, mais c’est surtout sa Ménalippe qui enchante par les ornements de son chant lyrique et la virtuosité souple de son colorature. La soprano catalane Alicia Amo interprète elle aussi un double rôle : elle donne une Anna et une Vénus très séduisantes qui méritent bien le couronnement final de son personnage. Elle chante d’entrée les louanges de Cupidon (“Nume alato, arcier bendato”) en imitant les rapides battements d’ailes du dieu de l’amour, une scène dotée d’un comique léger. Le ténor Jacob Lawrence manque d’ampleur dramatique dans le rôle d’Énée. Le baryton-basse allemand Andreas Wolf donne un Hiarbas solide et bien campé. Le baryton espagnol José Antonio López, tout auréolé de ses succès viennois et bruxellois, offre les sombres chaleurs de sa voix puissante et bien projetée et la présence scénique impressionnante de sa haute stature à Juba, le prince de Tyr. Soulignons encore l’exceptionnelle beauté des ensembles et plus particulièrement le quatuor de Hiarbas, Menalippe, Juba et Anna qui ouvre le deuxième acte : il commence par un aria en allemand à quatre voix, passe par des passages en solo et en duo qui s’étagent pour terminer par un long aria en italien à quatre voix. Une merveille de composition.

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©Luc-Henri Roger

Le public a accueilli avec le plus grand enthousiasme la découverte scénique de cet opéra dans cette nouvelle production si bien servie. Aux applaudissements la très charismatique Deda Christina Colonna et son équipe ont été accueillis par une salve fournie. Elle avait pour l’occasion revêtu un ravissant ensemble coupé dans un sari soyeux créé pour l’occasion dans le style des costumes de scène. Un dernier geste baroque pour clôturer une soirée qui en a offert beaucoup.

Luc-Henri ROGER

Direction musicale : Andrea Marcon |
Mise en scène : Deda Christina Colonna
Décors & costumes : Domenico Franchi
Lumières : Cesare Agoni
Chœur NovoCanto
Orchestre baroque La Cetra

Distribution :

Didon, Reine de Carthage : Robin Johannsen
Hiarbas,| Roi de Numidie :Andreas Wolf
Anna, sœur de Didon et Vénus, déesse de l’amour : Alicia Amo
Énée, Prince des Troyens : Jacob Lawrence
Juba, Prince de Tyr : José Antonio López
Ménalippe, Princesse d’Égypte et Junon, Déesse protectrice de la ville de Carthage : Jone Martínez
Achatès, ami d’Énée : Jorge Franco
Disacles, Prêtre de Mithra et Mercurius, Messager de Vénus : Derek Antoine Harrison
Elgabal, | un magicien : Simon Unterhofer
Bomilcar, un noble : Matthias Kofler

Crédit photographique © Birgit Gufler

Sources

Le résumé biographique provient e.a. la Biographie universelle des musiciens par François Joseph Fétis, 1837-1844. Le synopsis est traduit de l’excellent programme, dont tous les articles sont passionnants et inspirants. 

Synopsis

Après la chute de Troie, le prince troyen Énée, fils de la déesse Vénus, part pour l’Italie avec ses hommes car un oracle divin l’a chargé d’y fonder un nouvel empire. Lors d’une tempête sur la Méditerranée provoquée par la déesse Junon, son navire est conduit sur la côte de Carthage, où il rencontre la reine Didon. Elle l’accueille à sa cour et tombe amoureuse de lui, alors qu’elle avait promis une fidélité éternelle à son défunt mari Sichaeus. Il lui faut également vivre avec la crainte qu’Énée ne reparte pour accomplir sa mission divine.

L’opéra commence avec Junon en colère qui apparaît à Didon dans un cauchemar. Auparavant, Junon, en conflit et en rivalité avec sa fille Vénus, avait tenté de faire sombrer Énée et ses hommes en mer. Lorsqu’ Énée a trouvé refuge auprès de Didon, c’est à Junon qu’il revient d’utiliser l’amour entre les deux pour contrecarrer la mission d’Énée, qui consiste à fonder Rome.

Acte I

La déesse Junon apparaît à Didon endormie et l’avertit de la catastrophe imminente. Didon se réveille et appelle à l’aide. Sa sœur Anna la réconforte en lui annonçant que son mariage avec Énée aura lieu le même jour. Anna est secrètement amoureuse de Juba, le prince de Tyr, mais ne s’est pas encore donnée à lui. Mentalippe, Hiarbas, Didon, Achates, Juba et Énée se plaignent de la tyrannie que Cupidon exerce sur leurs sentiments. Juba compare Anna à une pierre de marbre dure parce qu’elle semble le rejeter. Néanmoins, il ne perd pas espoir. Hiarbas, le roi de Numidie, se lamente de son amour non partagé pour Didon, qui lui était promise. La princesse égyptienne Ménalippe, quant à elle, est éprise de Hiarbas. Déguisée en homme, elle le suit sans être reconnue. Énée, qui a remarqué que Didon doute encore de son amour, tente de la rassurer.

Mercure, le messager de Vénus, descend du ciel et presse Énée de partir en Italie pour y fonder un nouveau royaume. Jupiter et sa mère Vénus lui ont ordonné de partir le jour même s’il ne veut pas encourir la colère des dieux. Son compagnon Achates lui conseille de fuir et de faire la volonté des dieux.

Acte II

Hiarbas, Menalippe, Juba et Anna se demandent combien de temps ils devront attendre l’amour dans les limbes. Hiarbas jure de détruire Carthage si Didon continue à le rejeter. La princesse Menalippe lui demande alors sa protection. Elle lui assure qu’elle le servira fidèlement. Hiarbas lui parle de son amour non partagé pour Didon et exige qu’elle l’aide à se venger de Carthage.

Didon et Anna discutent de la manière d’affronter Hiarbas afin d’éviter un conflit armé. Elles s’attendent à ce qu’il fasse bientôt de nouveau la cour à Didon. Mais Didon ne peut se résigner à cette éventualité. Achates conseille à Énée de se plier aux ordres de Vénus et de Jupiter. Mais ce dernier estime que le pouvoir de Cupidon est plus grand que celui de Jupiter. Vénus apparaît et renouvelle l’ordre de partir immédiatement pour l’Italie. Carthage est un lieu négligeable comparé à la future gloire de l’Empire romain en Italie.

Le prince Juba implore l’amour d’Anna. Bien qu’elle soit secrètement amoureuse de lui, elle fait semblant de le rejeter à nouveau. Didon reçoit l’envoyé de Hiarbas, qui est accompagné de la princesse Menalippe déguisée. Il offre à Didon le sceptre et le cœur d’Hiarbas. Mais elle refuse son offre. Didon décide d’offrir un sacrifice humain au dieu Mithra. Le choix se porte sur Hiarbas, qui se soumet à la décision. Menalippe tente en vain de l’en dissuader, mais il est déterminé à mourir en sacrifice.

– entracte –

Énée a décidé de renoncer à son amour pour Didon et de fuir Carthage. Achates lui dit qu’ils vont préparer les navires. Iras, qui a appris les plans des Troyens, accuse Achate de l’avoir trahie en s’enfuyant. Il lui avoue alors son amour et lui propose de le suivre. Ils conviennent d’un endroit où ils pourront embarquer sans être repérés.

Hiarbas est conduit à l’autel sacrificiel. Un coup de tonnerre brise une partie de l’autel. Le prêtre se rend compte que le sacrifice ne peut avoir lieu : Hiarbas ne peut pas sacrifier son cœur car il l’a déjà dédié à Didon. Didon se console en pensant à l’amour d’Énée, mais elle a encore des prémonitions inquiétantes.

Acte III

Au port, les navires troyens sont parés pour le départ. Énée a promis d’organiser un combat naval pour les noces. Didon, assise sur un éléphant, arrive avec son entourage pour assister au combat. Après s’être salués, Énée et Achates montent à bord du navire. Énée fait ses adieux à Didon. Elle réalise douloureusement que le combat naval n’était qu’un simulacre, qu’Énée s’est enfui en Italie. Elle appelle à la vengeance.

Après le départ d’Énée, Hiarbas espère à nouveau la main de Didon. Tandis que Ménalippe tente de réfréner ses attentes, Anna s’efforce d’apaiser la colère de Didon. Cependant, celle-ci continue d’exiger vengeance et envoie le sorcier Elgabal sacrifier les derniers vêtements et l’épée d’Énée à Hécate, la déesse de la magie et de la nécromancie.

Anna et Juba s’avouent leur amour. Pendant ce temps, Didon prépare l’autel d’Hécate avec Elgabal et allume les feux sacrés. Au grand effroi de tous, elle se jette soudain dans les flammes et sur l’épée d’Énée. 

Les dirigeants de la ville désignent Anna comme nouvelle reine. Hiarbas lui offre la paix sous la forme d’un rameau d’olivier, qu’elle accepte avec reconnaissance.

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