La saison monégasque du Philharmonique a été particulièrement riche.
Dans un précédent article, nous vous avions parlé d’une série extraordinaire de virtuoses entendus cette saison : Gregory Sokolov, Mikhail Pletnev, Arcadi Volodos.
Ce n’était pas fini !
Le 31 mai – cerise sur le gâteau – vint Seong-Jin Cho. Ce Coréen de 23 ans a remporté il y a deux ans le concours Chopin de Varsovie. Sur la scène de l’auditorium de Monaco, il a été époustouflant dans un concerto qui n’était pas de Chopin mais de Prokofiev – en l’occurrence le 2ème. concerto du compositeur russe. Ce n’est pas un concerto « facile ». Mais c’est l’art des grands artistes de transcender les œuvres les plus difficiles et les rendre passionnantes.
Il fut accompagné par le grand chef d’orchestre américain Leonard Slatkin, habile routier de la direction d’orchestre. Cinquante ans séparaient le soliste et le chef !
Après Cho vint Chen.
C’était vendredi dernier, 14 juin.
Qigang Chen n’est pas pianiste, lui, mais compositeur. Il n’est pas coréen mais chinois. C’est lui qui fut nommé en 2008 directeur musical de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin. C’est dire s’il jouit d’une grande considération en Chine !
Il nous fit entendre son dernier concerto – un concerto pour violon qui fut joué par le fantastique Maxime Vengerov. Sa performance fut digne des J.O. !
Tenant la scène et l’archet pendant près d’une demi-heure ininterrompue, il magnifia ce concerto qui, partant d’un thème modal chinois se développe en une série de variations tumultueuses ou mélancoliques, scellant ainsi une union entre musique asiatique et musique occidentale. (Il faut savoir que Chen a été le dernier élève d’Olivier Messiaen à Paris. L’influence messiaenique s’entend!)
Excellemment orchestrée, cette partition fut dirigée par un chef chinois au nom Long et au prénom court : il s’appelle Yu Long !
Hélas, le public monégasque, effrayé par la présence d’une musique contemporaine, n’avait rempli la salle qu’à moitié. Le « Printemps des arts » habitue le public monégasque à la modernité, mais, hors du Printemps, point de salut, semble-t-il, pour la musique d’aujourd’hui !
Ce qui est certain c’est que, de Cho à Chen, le Philharmonique de Monte-Carlo, nous a offert de bien beaux moments.
AGAPIT
31 Mai et 14 Juin