Le Ballet de l’Opéra de Nice ouvre cette saison chorégraphique 2024 -2025 avec Coppélia, incontournable et pétillant ballet du répertoire, une comédie romantique du XIXe siècle, créée en 1870 à l’Opéra de Paris. L’histoire est simple et touchante. La forme est légère, entre joie de vivre, quiproquo et naïveté enfantine. Mais elle exprime aussi plus profondément, la puissance de la passion, excessive, qui pousse à la folie et que rien ne peut soudoyer.
Le rideau s’ouvre sur un décor traditionnel de la place du village. La danse et la pantomime s’harmonisent dans une très belle énergie. Les danses inspirées du folklore de l’Europe de l’Est sont éclatantes, et les costumes colorés magnifiques.
L’Acte 2 dévoile l’atelier de Coppélius, dans un décor sobre et une légère pénombre. L’atmosphère intime apporte son intensité à la découverte de la vérité de Coppélia, qui n’est qu’une poupée, et au désespoir de Coppélius, dont le projet fou a échoué.
Dans le troisième acte, la place du village redevient le théâtre des festivités autour des deux amoureux, à nouveau réunis, et désormais unis.
Dans cette brillante production, Julie Magnon Verdier est une Swanilda radieuse, et ses variations ravissent le public. Théodore Nelson apporte à Frantz son charme, sa légèreté, et sa belle technique. Alessandro Pulitani interprète Coppélius, avec conviction et émotion, un très beau rôle de composition qui nécessite un grand travail d’interprétation.
Les amies de Swanilda, les ensembles de danseurs et le Corps de Ballet, honorent de leur technique et leur précision remarquables, l’excellent niveau du Ballet de l’Opéra de Nice.
La direction de cette magnifique œuvre de Léo Delibes est confiée à Léonard Ganvert, qui tout comme le compositeur, apprécie les musiques de ballet. Les mazurkas et czarda s’envolent avec brio, les valses gracieuses séduisent avec élégance, tandis que le piccolo, le triangle et les cordes rythment la danse des automates. Sous la direction de Léonard Ganvert, l’Orchestre de l’Opéra de Nice interprète à merveille la riche et divertissante musique de Léo Delibes.
Si le ballet communique l’enthousiasme et la gaieté, Coppélia est aussi un émouvant hommage à Eric Vu-An, Directeur du Ballet Nice Méditerranée, récemment disparu. Avec passion et talent, le danseur et chorégraphe en avait signé la chorégraphie. Sa danse est empreinte de la noblesse de l’Opéra de Paris, où il avait été formé et débuté sa carrière professionnelle en étant nommé soliste à l’âge de 15 ans. La pureté des mouvements signe l’élégance sans fioritures de « l’école française ». Cependant, Eric Vu-An a apporté sa touche personnelle, délicate, et son raffinement fait de Coppélia, une magnifique dentelle chorégraphique.
L’émotion était particulière pour les danseurs, qui ont certainement apporté à ces représentations, un petit supplément d’âme.
A la fin des saluts, un portrait d’Eric Vu-An est descendu des cintres, une très belle photo en noir et blanc de l’artiste, songeur. Le public s’est spontanément levé, silencieux. Tout était dit.
SATINE
13 octobre 2024