Le Quatuor Girard mérite qu’on parle de lui. C’est un des fleurons, une des fiertés de la musique de chambre française. Car en plus de sa qualité musicale, il possède une particularité rare : il est composé de quatre frères et sœurs. C’est le seul de la sorte parmi les quatuors à cordes professionnels connus. Et sa pérennité est assurée par le fait que, dans la famille, ils sont… neuf enfants musiciens. En cas de défaillance de l’un d’eux un autre peut le remplacer. Cela leur est arrivé il y a trois ans.
Leur cohésion musicale est admirable. Comment pourrait-il en être autrement avec quatre êtres qui s’entendent… comme frères et sœurs ? Au bonheur de les entendre s’ajoute le plaisir de les voir : ils donnent de la famille l’image la plus belle et la plus harmonieuse qui soit. Cette image est réconfortante dans la société d’aujourd’hui où les valeurs fondamentales partent à la dérive. Quatuor Girard, on vous aime !
C’est sous les lambris de la grande salle d’un des beaux hôtels niçois de la Promenade des Anglais à Nice, le Westminster, qu’on les a entendus. Ils interprétèrent à ravir le 1er. quatuor de Beethoven – celui dans lequel le compositeur évoque, dans le mouvement lent, les larmes de Roméo sur le tombeau de Juliette.
Ils entourèrent ensuite de raffinement et d’élégance le clarinettiste Michel Lethiec dans son interprétation du sublime quintette de Mozart. Voilà l’un de nos grands clarinettistes et pédagogues français ! La notoriété de Michel Lethiec s’étend jusqu’en Chine où il fut le premier clarinettiste occidental à être accueilli après la Révolution culturelle – comme l’illustre Isaac Stern avait été le premier violoniste. Michel Lethiec joue, bien sûr, avec son souffle, ses lèvres et ses doigts mais aussi avec son cœur et avec son âme. Et c’est en cela qu’il nous touche.
Lors de ce concert, une même qualité unissait le clarinettiste et le quatuor : la sincérité. On en a tant besoin par les temps qui courent…
André PEYREGNE
9 mars 2025
