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CABARET, LE FASCINANT ET TROUBLANT CHEF D’OEUVRE DE JOHN KANDER AU FESTIVAL DE BADEN

CABARET, LE FASCINANT ET TROUBLANT CHEF D’OEUVRE DE JOHN KANDER AU FESTIVAL DE BADEN

samedi 19 août 2023
Drew Sarich, Ensemble © Christian Husar
Le Festival de Baden comporte deux théâtres : le premier Stadttheater présente une saison d’hiver entre les mois d’octobre et mai. Il s’agit d’une grande salle à l’italienne superbement décorée et contenant 800 places. Il se distingue du théâtre dénommé Sommerarena qui affiche traditionnellement le répertoire d’opérettes au cours du festival d’été. Ce dernier dispose d’un toit de verre coulissant généralement ouvert en juillet et août, ce qui constitue en quelque sorte un lieu, au moins partiel, de plein air.
Pendant la saison estivale, les comédies musicales trouvent en revanche leur territoire d’élection au Stadttheater. Au demeurant il suffit de traverser le parc pour aller d’un théâtre à l’autre. Les comédies musicales remportent toujours, dans cette charmante station thermale de Baden, un énorme succès et les spectacles se jouent systématiquement à guichets fermés. C'est ainsi qu'un large répertoire s’est constitué au fil du temps avec des œuvres telles que : Les Misérables, Jésus Christ Superstar, Grand Hôtel, Bonnie and Clyde, Evita, Docteur Jekill and Mr Hyde, Le Baiser de la femme araignée, 42ème Rue..

Au-delà des chanteurs d’opérettes (qui se produisent pour la plupart d’entre eux dans le répertoire d’opéra) il existe dans ce pays des interprètes de comédies musicales de très haut niveau, à preuve ceux que l’on entend à Baden mais aussi bien évidement à Mörbisch et dans nombre de villes des pays germaniques qui ne manquent pas de mettre à l’affiche des musicals comme c’est le cas, entre autres, à Berlin au KomischeOper.
 
En 2020, on avait été fort impressionné par la production du Baiser de la femme araignée de John Kander avec notamment, Drew Sarich, Martin Berger et Ann Mandrella (dans une mise en scène de Werner Sobotka). C’est à nouveau une oeuvre de ce compositeur (à qui l'on doit également Chicago) qui est à l’affiche avec son titre le plus connu en l’occurrence Cabaret, véritable chef-d’œuvre de la comédie musicale sur un livret de Joe Masteroff, paroles de Fred Ebb librettiste attitré de John Kander.

Compositeur, librettiste et parolier ont pour trait commun de proposer un scénario sur fond assez sombre voire désespéré, ce qui est le cas dans Le Baiser de la femme araignée où des hommes se trouvent emprisonnés sous la férule d’un régime dictatorial oppressif. Il en va de même pour Cabaret qui décrit l’inéluctable montée du nazisme en Allemagne. Les livrets des deux œuvres ont la particularité d’être entrecoupés de scènes de chant et de danse qui font référence au cabaret.

En l’occurrence les berlinois des années 30 s’amusent en paraissant ignorer les horreurs qui se profilent et les protagonistes se jettent à corps perdus dans des plaisirs glauques et sulfureux. La vie nocturne hédoniste du Kit Kat Klub sert de cadre à la relation amoureuse qui se noue entre l’écrivain américain Cliff Bradshaw et la chanteuse de cabaret Sally Bowles. En parallèle s'inscrit la romance vouée à l'échec entre une logeuse allemande, Fräulein Schneider, et son prétendant âgé, Herr Schultz, un épicier juif. Le maître de cérémonie du Kit Kat Klub, Emcee, supervise l'action et le cabaret lui-même sert de métaphore aux développements politiques inquiétants de la fin de l'Allemagne de Weimar comme « un carnaval de débauche et de désespoir masquant les réalités d’un monde au bord du chaos ».

A la baguette Andjelko Igrec imprime le rythme qui convient à la musique syncopée de John Kander tandis que Leonard Prinsloo enferme ses personnages dans un fascinant et inquiétant huis clos dont on ne saurait sortir indemne. L’ambigüité est parfaitement entretenue par la confusion des sexes et les travestissements sur fond de nazisme en germe qui va tout faire basculer dans une terrifiante nuit.
La chorégraphie de Christina Comtesse, en parfaite osmose avec la mise en scène, offre toute la vigueur à laquelle on doit s’attendre pour pareille œuvre.
      
Jasmin Eberl, spécialiste du rôle de Sally Bowles, déploie toute la palette interprétative et émotive qui sied au rôle et recueille aux saluts des applaudissements particulièrement chaleureux tout comme Drew Sarich (subtil comédien et superbe chanteur) en équivoque maître de cérémonie androgyne.
Alexander Donesch possède tous les attraits (beauté physique, justesse du jeu, chant raffiné) en Cliff Bradshaw.
Le couple formé par Maya Hakvoort (Fräulein Schneider) et Herr Shultz (Artur Ortens), fonctionne à la perfection. Ils dessinent avec infiniment de pudeur et d’émotion ces marionnettes aux bouts de fils fragiles.  

La saison d’hiver 2023/2024 du Sadttheater propose : My Fair Lady de Frederick Loewe, Odysseus de Pavel Singer, Friederike de Franz Lehár, La Bohème de Puccini et Titanic de Maury Yeston. Quant à la saison d’été 2024 seront à l’affiche : Princesse Czardas de Kálmán, Spamalot des Monty Python et Sang viennois de Johan Strauss.

 
Marie-Catherine Guigues
19 août 2023

Direction musicale : Andjelko Igrec
Mise en scène : Leonard Prinsloo
Chorégraphie : Christina Comtesse
Décors : Alexandra Burgstaller
Costumes : Mareile von Spripzky

Emcee, le maître de cérémonie : Drew Sarich
Sally Bowles : Jasmin Eberl
HerrShultz : Artur Ortens
Fräulein Schneider : Maya Hakvoort
Cliff Bradshaw : Alexander Donesh
Fräulein Kost : Iva Schell
Ernst Ludwig : Jan Walter
Max : Helmuth Lang
Deux femmes : Maria Koreneva, Tsveta Ferlin, Ekaterina Polster, Ivana Zdravkova
Bobby : Daniel Greabu

Orchestre, chœur et ballet du Festival de Baden

 

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