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Bayreuth Baroque 2025 — Récital Porpora et Haendel de Julia Lezhneva et Franco Fagioli

Bayreuth Baroque 2025 — Récital Porpora et Haendel de Julia Lezhneva et Franco Fagioli

jeudi 11 septembre 2025

© Clemens Manser Photography

La soprano russe Julia Lezhneva et le contre-ténor argentin Franco Fagioli forment un couple lyrique très apprécié du Festival Bayreuth Baroque qui les a réinvités cette année pour un récital d’airs et de duos de grands maîtres du baroque. Les deux grands rivaux Porpora et Haendel  sont au cœur d’une soirée  animée par l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles et son directeur musical, le bouillonnant violoniste virtuose Stefan Plewniak. 

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© Clemens Manser Photography

Les deux chanteurs se connaissent depuis longtemps. En 2016 déjà, ils interprétaient Rinaldo et Almirena en version de concert à la Monnaie de Bruxelles et au Théâtre des Champs-Élysées dans le Rinaldo de Haendel. En 2020, ils avaient brillé lors du premier Festival Bayreuth Baroque en Adalgiso et Gildippe dans Carlo il Calvo de Nicola Antonio Porpora. En 2024, ils interprétaient à Versailles Acis et Galatée dans le Polifemo du même compositeur. Trois exemples parmi tant d’autres qui leur ont constitué un bagage solide pour leurs retrouvailles bayreuthoises.

L’orchestre baroque versaillais de 19 interprètes s’est installé sur la scène qui a gardé comme écrin le décor de palais vénitien conçu par Helmut Stürmer pour le Pompeo Magno de Cavalli.

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© Clemens Manser Photography

Le violoniste Stefan Plewniak anime le spectacle avec un art de la mise en scène consommé. Avec ses longs cheveux aux mèches virevoltantes, sa stature imposante revêtue d’une longue redingote de satin noir, il dirige l’orchestre avec des mouvements emphatiques de la main, du bras et de tout le corps même, et donne une interprétation débordante de passion et d’énergie du parcours musical de la soirée. Le dialogue de deux violons qui s’expriment dans une espèce de danse est un moment aussi captivant que ravissant.

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© Clemens Manser Photography

La soirée enfile des perles musicales sur le somptueux collier des arias da capo virtuoses de l’opera seria, des arias qui, dans leur troisième mouvement, lors du retour final du thème principal, laissent aux chanteurs une grande liberté de vocalises et d’ornementations. Le menu du jour est impressionnant avec ses arias passionnés qui partent en fusées, ses vocalises haut perchées, la virtuosité et l’exubérance sonore de l’orchestre et des chanteurs. Au compteur du nombre de notes c’est Porpora qui l’emporte sur Haendel. On se souviendra que Porpora, en dehors de son travail de compositeur, était également connu comme un professeur de chant redouté qui, bien qu’ayant tendance à maltraiter ses élèves, savait les mettre en valeur. Parmi ses élèves figuraient des castrats de grand renom, dont certains sont encore célèbres aujourd’hui, tels que Farinelli, Caffarelli et Antonio Uberti, qui adopta le nom de scène Porporino en hommage à son professeur. La musique de Porpora était extrêmement populaire auprès des chanteurs de son époque ; en tant que professeur de chant et expert en voix, il s’adaptait aux qualités spécifiques de chaque ensemble dans ses opéras, flattant les voix des chanteurs et poussant leurs capacités vocales à leurs limites. 

Ce sont ces limites qu’atteignent et semblent même dépasser Julia Lezhneva et Franco Fagioli qui, de bonnes voix, ont donné vie aux émotions profondes des airs de Porpora avec une sonorité exquise soutenue par une brillante technique.

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© Clemens Manser Photography

La virtuosité de Julia Lezhneva est un enchantement : ses lignes de chant bien dessinées, ses vocalises précises et rapides, les sons légers, volatiles et joyeux avec des aigus argentés, portés par une voix puissante, tout est séduisant chez la soprano colorature originaire de l’île de Sakhaline.

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© Clemens Manser Photography

Franco Fagioli gagne progressivement en présence scénique. On est très vite captivé par ses prouesses vocales, ainsi de ces longues tenues de notes flûtées qui en disent long sur sa parfaite maîtrise du souffle. Dans ces moments la technique et la performance l’emportent sur l’expression émotionnelle. En deuxième partie, il fait davantage la démonstration de l’étendue de sa voix qui porte sur trois octaves, avec des jeux subtils et rapides entre les aigus et les graves, qui laissent pantois d’admiration.

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© Clemens Manser Photography

Lors des duos, les voix des deux chanteurs se répondent et s’entrelacent en parfaite harmonie. Leur “Dimmi che m’ami o cara” extrait de Carlo il Calvo dépasse toutes les attentes.

Des applaudissements nourris, des cris et des bravos sonores, une standing ovation suivis de rappels sont venus saluer cet excellent orchestre, son violoniste magicien et ces deux merveilleux chanteurs. 

Luc-Henri ROGER
11 septembre 2025

A retrouver sur Arte concert :

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