Au cœur du Salzkammergut, contrée autrichienne qui ressemble à une carte postale, située à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Salzbourg, entre montagnes, lacs, villages fleuris, églises baroques, se trouve Bad Ischl.
Cette charmante petite ville de 14.000 habitants représentant le raffinement de la culture locale qui marie l’harmonie de l’eau et de la montagne, l’héritage de l’histoire, de la musique et des traditions est avant tout une station thermale. Ses bâtiments du XIX e siècle (établissements de cure, grands hôtels, belles villas) lui donnent naturellement un charme fin de siècle. Mais en outre, elle a été pendant soixante-dix ans la résidence d’été de l’empereur François-Joseph et de son épouse Elisabeth plus connue sous le nom de « Sissi ».
Un peu d’histoire
La nature et le grand air sont les maîtres mots de la station thermale. Sous les Romains, l’endroit vit de l’extraction et du commerce du sel. Au Moyen Âge, la cité, dont l’existence est attestée en 1262, a toujours le sel pour activité principale. La saline du Salzberg entre en fonction dès 1563, et la saumure y est préparée à partir de 1571. À l’époque du Biedermeier, période qui suit le Congrès de Vienne et la fin des guerres napoléoniennes, un médecin local soigne les travailleurs des mines en leur prescrivant des bains de saumure chaude. Convaincu par la méthode, un de ses confrères viennois, Franz Wirer, inaugure en 1823 un établissement de cure pour 80 patients. Bientôt, on vient de tout l’empire prendre les eaux à Bad Ischl.
Suprême honneur pour la ville, des membres de la famille impériale y suivent des cures. Notamment le frère de l’empereur Ferdinand I er , l’archiduc François-Charles.
Appelé à régner après son frère qui n’a pas d’enfant, celui-ci n’a pas non plus d’héritier, ce qui met en péril l’avenir de la dynastie. Cependant les eaux de Bad Ischl exercent un effet magique sur François-Charles et son épouse Sophie : coup sur coup, le couple a trois fils qui seront surnommés par la population les « Salzprinzen » (les princes du sel). L’aîné de ces trois garçons, François-Joseph, deviendra empereur en 1848, et régnera sur l’Autriche jusqu’en 1916. En 1853, ses fiançailles avec sa cousine la princesse Elisabeth en Bavière, dite Sissi, ont lieu à Bad Ischl, dans la maison qui est actuellement le musée de la ville. En 1854, à l’occasion de son mariage, l’archiduchesse Sophie, sa mère, lui offre le petit château qui deviendra la villa impériale, « la Kaiservilla ». Dans cette résidence d’été, où il recevra trois fois le roi d’Angleterre Edouard VII, François-Joseph séjournera chaque année jusqu’en 1914. Devenue ville impériale, Bad Ischl attire des têtes couronnées et des célébrités. Le compositeur Anton Bruckner y vient régulièrement, de même que Johannes Brahms. En 1897, Johann Strauss fils dirige en personne sa Chauve- Souris au Kurtheater. Franz Lehár, l’auteur de La Veuve joyeuse (1905), et de plus de 260 œuvres s’installe dans une villa bâtie sur le quai de la Traun, rivière qui traverse la cité, et y viendra tous les étés jusqu’en 1948, année de sa mort. La villa Lehár, transformée en musée, donne une idée du mode de vie d’un musicien dans l’Autriche d’autrefois. En hommage à Lehár, Bad Ischl accueille chaque été un festival d’opérette, le plus important d’Europe.
Pour découvrir BAD ISCHL, il faut emprunter la Pfargasse, l’élégante rue commerçante. C’est dans cette artère que se trouve le salon de thé Zauner. Fondé en 1832, ancien fournisseur impérial, ce café-pâtisserie propose jusqu’à cent variétés de gâteaux. Plus loin, en franchissant laTraun par l’Elisabethbrücke, on peut visiter la Villa Franz Lehàr. On revient ensuite sur ses pas pour déboucher sur l’Esplanade, une promenade dont les villas et les cafés surplombent la rivière. Dans le Kurparks’élève le Kurhaus, le plus ancien bain de saumure d’Autriche, aujourd’hui servi par la technologie la plus moderne et où se tient « le FESTIVAL LEHAR » chaque année en juillet et août.
Sur la rive gauche de l’Ischl, l’autre rivière qui baigne la ville, se dresse la Kaiservilla au milieu d’un immense parc. Dans cette vaste demeure Biedermeier dotée d’une colonnade à l’antique, une quinzaine de pièces sont ouvertes à la visite. Le propriétaire, Markus Habsburg, un descendant collatéral de la famille impériale d’Autriche, joue parfois les guides. On voit le bureau où François-Joseph, en 1914, apprit l’assassinat de son neveu François-Ferdinand à Sarajevo et signa la déclaration de guerre à la Serbie. 50 000 trophées amassés en soixante-dix années traduisent la passion de l’Empereur pour la chasse. Dans le parc se cache le Marmorschlössl, un pavillon construit en style gothique anglais pour Sissi (où elle se réfugiait pour fuir les contraintes de la cour).C’est aujourd’hui un musée de la photo qui mérite le détour.
Le cimetière abrite les tombes et stèles de nombreuses personnalités du monde musical et autres : bien sûr Franz Lehàr, Oscar Straus, Helmut Berger acteur très connu pour son rôle de Louis de Bavière dans « Ludwig, le crépuscule des Dieux » de Visconti, aux côtés de Romy Schneider. Il est né et est mort à Bad Ischl. Une stèle à la mémoire du célèbre ténor Richard Tauber, mort et enterré » à Londres y est érigée.
Bad Ischl nous permet de goûter au plaisir tranquille « gemütlich » de changer d’époque pour quelques jours, quelques heures, et c’est tellement agréable !!!
Marie Thérèse Werling