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Au Rossini Opera Festival de Pesaro : un Barbiere pas un poil barbant !

Au Rossini Opera Festival de Pesaro : un Barbiere pas un poil barbant !

dimanche 18 août 2024

©Amati Bacciardi

C’est le propre des chefs-d’œuvre, on pense les connaître jusqu’à la saturation, et pourtant une représentation de qualité nous replongerait presque dans la redécouverte, en nous faisant passer un très agréable moment. Le Rossini Opera Festival (ROF) reprend cette année sa production du Barbiere di Siviglia montée en 2018 par le vénérable Pier Luigi Pizzi (94 ans). Cette mise en scène est d’une élégance rare, principalement en noir et blanc où les silhouettes des choristes se détachent d’abord sur un fond immaculé, comme en ombres chinoises. On reconnaît aussi les talents de décorateur Pizzi dans la présentation de ces façades de maisons avec balcon, une rapide translation latérale du décor permettant de passer, presque sans temps mort, de l’extérieur à l’intérieur de l’habitation du bon docteur Bartolo. L’ambiance générale de cette commedia nous semble toutefois plus sérieuse que d’ordinaire, le côté bouffe étant laissé à l’initiative des protagonistes dans cette scénographie plutôt imposante, qui peut évoquer davantage l’ambiance de Nozze di Figaro mozartiennes.

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Andrzej Filonczyk ©Amati Bacciardi

Presque entièrement renouvelée par rapport aux représentations d’il y a six ans, la distribution vocale est d’un bon niveau et très homogène. Dans le rôle-titre, le baryton polonais Andrzej Filonczyk compose un Figaro d’un grand mordant et à l’abattage certain, dès son air d’entrée « Largo al factotum » où il tient très longuement ses aigus. Même si on remarque plus tard un petit déficit de souplesse pour ses traits d’agilité, la prestation reste remarquable.

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Maria Kataeva et Andrzej Filonczyk©Amati Bacciardi

Déjà entendue à Pesaro dans Le Comte Ory en 2022, tout comme Andrzej Filonczyk d’ailleurs, la mezzo Maria Kataeva incarne une Rosina puissante, surpuissante pour certains de ses aigus, un timbre riche et agréable, suffisamment à l’aise au cours de ses passages vocalisés. On entend de légers écarts de justesse dans son air en début de second acte « Contro un cor che accende amore », rapidement corrigés.

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Maria Kataeva et Jack Swanson©Amati Bacciardi

Troisième protagoniste principal, Jack Swanson en Almaviva est un ténor de format typiquement rossinien, d’un accès facile aux registres aigu et suraigu, agile pour les passages fleuris, mais d’un volume mesuré. Bien moins puissant que Figaro et Rosina, il a tendance à rapidement se faire couvrir par l’orchestre, le chef veillant alors attentivement au dosage de ses musiciens. Son long morceau de bravoure « Cessa di più resistere » à la presque conclusion de l’opéra est en tout cas une démonstration de ses qualités.

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Carlo Lepore et Michele Pertusi©Amati Bacciardi

On accède à davantage de vis comica avec Carlo Lepore distribué en Bartolo, basse très profonde également à l’aise dans le chant sillabato de son air du premier acte « A un dottor della mia sorte ». Rescapé des représentations de 2018, Michele Pertusi nous fait à nouveau profiter de son Don Basilio, tour à tout inquiétant ou drôle. Son air de « La calunnia » est d’abord conduit de manière insidieuse, par instants dans un quasi silence de l’orchestre (« Piano, piano, terra terra, Sottovoce, sibilando… »), avant le débouchage d’une bouteille de Prosecco au son du « colpo di cannone ». Le Fiorello très discret de William Corrò marque moins que la Berta de Patrizia Biccirè, voix peu volumineuse mais jolie et très musicale dans son air « Il vecchiotto cerca moglie ».

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Lorenzo Passerini©Amati Bacciardi

Développant une gestique particulièrement démonstrative dans ses intentions de nuances données aux instrumentistes, le chef Lorenzo Passerini obtient le meilleur de l’Orchestra Sinfonica Gioachino Rossini. Il anime avec grande énergie la partition, variant à loisir les rythmes et nuances et se mettant en permanence au service du plateau, pour s’adapter aux diverses possibilités des solistes, pour ce qui concerne les tempi choisis. Enfin, les choristes masculins du Teatro Ventidio Basso amènent leur solide contribution à l’ensemble.

Irma FOLETTI

Rossini Opera Festival

Il Barbiere di Siviglia, opéra de Gioachino Rossini

Pesaro, Vitrifrigo Arena le 18 août 2024

Direction musicale : Lorenzo Passerini
Mise en scène, décors et costumes : Pier Luigi Pizzi
Collaboration à la mise en scène et lumières : Massimo Gasparon

Distribution : 

Il Conte d’Almaviva : Jack Swanson
Bartolo : Carlo Lepore
Rosina : Maria Kataeva
Figaro : Andrzej Filonczyk
Don Basilio : Michele Pertusi
Berta : Patrizia Biccirè
Fiorello / Ufficiale : William Corrò
Chœur du Teatro Ventidio Basso
Orchestra Sinfonica Gioachino Rossini

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