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Au Rossini Opera Festival de Pesaro : Il viaggio a Reims par les élèves de l’Accademia Rossiniana

Au Rossini Opera Festival de Pesaro : Il viaggio a Reims par les élèves de l’Accademia Rossiniana

lundi 19 août 2024

©Amati Bacciardi

C’est un rendez-vous annuel incontournable du Rossini Opera Festival de Pesaro, Il viaggio a Reims interprété par les jeunes chanteurs de l’Accademia Rossiniana « Alberto Zedda », du nom du musicologue et chef d’orchestre disparu en 2017, ancien directeur artistique du ROF. Montée chaque année depuis sa création en 2001, on connaît la réalisation d’Emilio Sagi par cœur et on sourit à chaque fois de bon cœur au comique, souvent de situation, de cette « cantate scénique », œuvre de circonstance composée en 1825 pour célébrer le couronnement de Charles X.

Pas de nouveauté scénique en 2024, sinon que les deux représentations (deux distributions y alternent les 16 et 19 août) se déroulent dans l’Auditorium Scavolini, anciennement connu comme « Palafestival » du ROF, salle désertée depuis quasiment vingt ans. Si l’on parlait de sa « toute prochaine » rénovation depuis l’année de sa fermeture, il aura fallu attendre 2024, année où Pesaro prend le titre de « Capitale italiana della cultura », pour retourner dans ce lieu de représentation, ancien gymnase de la ville. On retrouve la topographie des lieux, ses gradins inchangés et son acoustique pas toujours très homogène selon la place qu’occupe le spectateur. Tout va donc pour le mieux si ce n’était un léger bruit lancinant du système de ventilation, un « tic-tic-tic-tic » (à la manière d’un finale buffo rossinien !) qui perturbe nos oreilles pendant les moments pianissimo, voire de silence… on espère qu’il faudra moins de vingt ans pour régler le problème !

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©Amati Bacciardi

Pour revenir à la représentation, cette édition ne restera vraisemblablement pas parmi les meilleurs crus, avec toutefois un nom à retenir, celui de Viktoriia Shamanska en Corinna. Impeccable d’intonation, la soprano fait entendre un timbre rond et très agréable, la voix étant particulièrement homogène du grave aux aigus les plus aériens. De couleur d’emblée moins séduisante, la Contessa di Folleville de Marina Fita Monfort n’en possède pas moins une solide technique de colorature, précise pour la justesse de ton, véloce et facile dans son registre aigu. En Marchesa Melibea, Yiqian Heng est une mezzo pas spécialement grave ni sombre de timbre, tandis que Kilara Ishida en Madama Cortese peut encore gagner en sûreté d’intonation et volume.

La partie masculine de la distribution est plus décevante, spécialement pour les voix les plus graves, soit le Don Profondo d’Aleksei Makshantsev un peu trop discret et en manque d’abattage dans son grand air « Medaglie incomparabili », alors que Francesco Leone en Lord Sidney accuse un déficit de stabilité, presque en perdition sur sa première séquence d’agilité. Le ténor Bryan López González en Cavalier Belfiore possède davantage d’atouts, d’abord un volume important dans le médium qui lui permet d’imposer sa présence dès les récitatifs, même si ses notes les plus aiguës sont moins confortables. Le Conte di Libenskof de Marcelo Solís montre de bonnes intentions en terme de souplesse vocale, mais de nombreux aigus peinent à trouver la juste hauteur, restant légèrement en-dessous. Barone di Trombonok et Don Alvaro corrects de Gonghao Zhang et Dario Sogos, tous les deux un peu avares de graves.

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©Amati Bacciardi

Le chef Davide Levi obtient un très beau résultat de la part des musiciens de l’Orchestra Sinfonica Gioachino Rossini, à la fois dynamique et nuancé dans l’équilibre avec le plateau, veillant à parfois ralentir le rythme pour faciliter la tâche de certains solistes. Les instrumentistes font bonne impression, comme la harpe qui accompagne les deux grands airs de Corinna et la flûte dont la virtuosité est grandement sollicitée au cours de l’air de lord Sydney « Ah ! perche’ la conobbi ? »

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©Amati Bacciardi

L’image finale du jeune garçon – figure de Charles X portant couronne sur la tête – qui traverse la salle pour venir sur scène, d’ailleurs dans l’indifférence générale des protagonistes, a été légèrement actualisée. Ces dernières années, il débouchait son soda et mangeait son panino, mais – signe des temps ! – c’est un selfie qu’il prend à présent avant de se restaurer.

Irma FOLETTI

Rossini Opera Festival
Il viaggio a Reims, cantate scénique de Gioachino Rossini
Pesaro, Auditorium Scavolini le 19 août 2024

Direction musicale : Davide Levi
Mise en scène et décors : Emilio Sagi
Reprise de la mise en scène : Matteo Anselmi
Costumes : Pepa Ojanguren
Lumières : Fabio Rossi

Interprètes de l’Accademia Rossiniana “Alberto Zedda” :

Corinna : Viktoriia Shamanska
Marchesa Melibea : Yiqian Heng
Contessa di Folleville : Marina Fita Monfort
Madama Cortese : Kilara Ishida
Cavalier Belfiore : Bryan López González
Conte di Libenskof : Marcelo Solís
Lord Sidney : Francesco Leone
Don Profondo : Aleksei Makshantsev
Barone di Trombonok : Gonghao Zhang
Don Alvaro : Dario Sogos
Don Prudenzio : Giuseppe De Luca
Don Luigino : Aleksey Kursanov
Delia : Elenora Hu
Maddalena : Aleksandra Meteleva
Modestina : Nanami Yoneda
Zefirino / Gelsomino : Alikhan Zeinolla
Antonio : Carlos Reynoso

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