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Aix : « Pelléas et Mélisande » magnifique et déroutant.

Aix : « Pelléas et Mélisande » magnifique et déroutant.

mercredi 17 juillet 2024

© Jean-Louis Fernandez

Qu’on vous raconte ! Au début, on voit un décor de toilettes vers lesquelles Mélisande se dirige. Elle ne nous cache rien de la manière dont elle procède à un test de grossesse. Puis,  ayant achevé son opération, elle tire la chasse d’eau.

C’est sur ce bruit de w.c. qui se nettoie que débute le Pelléas et Mélisande  d’Aix -en -Provence 2024 (reprise d’un spectacle de 2016). Après quoi l’orchestre, muet jusque là, s’élance dans la sublime musique de Debussy.

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© Jean-Louis Fernandez

Magnifique spectacle au plan musical, déroutant au plan scénique ! La forêt où est censée se dérouler l’histoire est réduite aux murs d’une chambre. La scène de la tour se déroule dans un lit. La fontaine où se retrouvent les amoureux est une piscine vide ! Comme le texte de Maeterlinck n’a pas été changé (Heureusement!), on a droit à des situations incompréhensibles voire ridicules où Mélisande est censée voir son reflet dans l’eau alors qu’elle regarde sa descente de lit, où Golaud dit à Yniold « Restons un peu dans l’ombre » et l’entraîne… sous un réverbère éclairé !

Certes, la metteuse en scène féministe Katie Mitchell nous expliquera qu’elle a traité son histoire sous forme d’un « rêve de Mélisande » et qu’en matière de rêve tout est permis ! C’est ainsi que les personnages se dédoublent (Il y a deux Mélisande sur scène), assistent à leur propre histoire et interviennent dans celles des autres alors que Maeterlinck ne leur a rien demandé. Si Mélisande rêve, ce n’est pas le cas des spectateurs

Heureusement, Debussy est là ! Malgré l’énergie que Katie Mitchell a mise pour dénaturer l’ouvrage, il résiste. Le plaisir de la musique demeure total.

Pelleas et Melisande Festival dAix en Provence 2024 © Jean Louis Fernandez 13 Copie.jfif

La distribution est l’orchestre sont magnifiques.

En Mélisande, voici la soprano belge Chiara Skerath. Rien d’évanescent dans son personnage mais une Mélisande bien en chair – qui apparaît plusieurs fois en petite tenue – au chant souple, bien timbré, à la diction remarquable.

En Pelléas, le baryton anglais Huw Montague Rendall à la prononciation française irréprochable, nous offre un Pelléas qui allie charme et intensité dramatique.

Magnifique Golaud de Laurent Naouri, personnage sombre et dominant. Là encore, une diction claire. Pas besoin de le surtitrage! Vincent le Texier, aux graves profonds, est un impressionnant Arkel. Excellente Geneviève de Lucile Richardot. Quant à la soprano canadienne Emma Fekete, elle nous fait un Yniold vif argent.

La cheffe finlandaise Susanna Mälkki a bien en mains l’orchestre de Lyon. Elle le conduit avec souplesse. De belles sonorités montent de la fosse. A l’image de Mélisande, on n’entend pas un Debussy évanescent mais « bien en chair ».

« Si j’étais Dieu, j’aurais pitié du cœur des hommes », dit Maeterlinck dans l’une de ses belles répliques. Ah, si les metteurs en scène pouvaient avoir pitié des spectateurs !

André PEYREGNE

17 juillet 2024

Direction musicale : Susanna Mälkki
Mise en scène : Katie Mitchell
Scénographie : Lizzie Clachan
Costumes : Chloe Lamford
Lumière : James Farncombe

Distribution :

Pelléas : Huw Montague Rendall
Mélisande : Chiara Skerath
Golaud : Laurent Naouri
Arkel : Vincent Le Texier
Geneviève : Lucile Richardot
Yniold : Emma Fekete

Chœur et Orchestre : Opéra de Lyon

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