Il y a quatre ans, Lauranne Oliva sortait tout juste du conservatoire de Perpignan, un établissement brillamment dirigé aujourd’hui par Jean-Marie Scieszka. Elle portait encore en elle la fraîcheur de ces élèves qui, récemment formés, sont prêts à tendre la main à leur avenir. Repérée dans un concours de chant organisé… à l’hippodrome de Nice, elle fut prise sous son aile par le Cercle Richard Wagner Rive Droite de Nice. Et hop, quatre ans plus tard, sans être passée par de grands concours internationaux ni par un conservatoire supérieur, la voici en tête d’affiche du festival d’Aix-en-Provence ! On aime ce genre d’ascension fulgurante. Elle a le charme et la beauté d’une fleur soudain éclose dans la nuit.
A Aix, on peut vous l’affirmer, elle fait bonne impression ! Elle a son public et ses fans. Elle joue le premier rôle dans l’opéra de Cavalli La Calisto. Elle incarne son rôle de nymphe d’une voix fraîche et rayonnante.
Quant on vous dit qu’elle a ses fans, sur scène, elle a le plus important : Jupiter lui-même ! Qui lui court après. Et qui, pour arriver à ses fins, se transforme en Diane.
L’histoire de cet opéra est celle, libertine, des Métamorphoses d’Ovide transposée au XVIIIème. siècle, à l’époque des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Dans une ambiance très XVIIIème de robes à paniers et de bas de soie, tout le monde court après tout le monde. Jeux de désirs, jeux de dupes. Les baisers s’échangent, les masques tombent, les baisers mentent. Jupiter, donc, se transforme en Diane pour séduire Calisto. Mais Junon, jalouse, transforme Calisto en ourse. Jupiter la transcende en constellation (la Grande ourse).
Cela étant, le spectacle, mis en scène par la Néerlandaise Jetske Mijnssen est admirable, ciselé, élégant : un vrai bijou, digne des grandes soirées aixoises !
La distribution vocale est de grande qualité. On ne peut détailler les mérites de chacun. Tous méritent d’être louangés. Autour de Lauranne Oliva, Alex Rosen en Jupiter, Giuseppina Bridelli en Diane, Dominic Sedgwick en Mercure, le contre-ténor Paul-Antoine Bénos-Djian en Endymion, amant de Diane, Anna Bonitatibus en Junon, le ténor Zachary Wilder incarnant la vieille Linfea qui n’a pas connu l’amour. Sans oublier le trio pétillant incarnant Pan, Sylvain, le Petit Satyre.
Dans la fosse, l’Ensemble Correspondances, sous la direction experte et très stylée de Sébastien Daucé, tisse un beau tapis baroque.
La soirée était belle. Les chanteurs déployaient leur charme. Et, au dessus de nos têtes, dans le ciel de Provence, Jupiter avait déroulé la Grande Ourse…
André PEYREGNE
20 juillet 2025
Direction musicale : Sébastien Daucé
Mise en scène : Jetske Mijnssen
Scénographie : Julia Katharina Berndt
Costumes : Hannah Clark
Lumière : Matthew Richardson
Chorégraphie : Dustin Klein
Calisto : Lauranne Oliva
Giove : Alex Rosen
Diana : Giuseppina Bridelli
Endimione : Paul-Antoine Bénos-Djian
Giunone, L’Eternità : Anna Bonitatibus
Linfea : Zachary Wilder
La Natura, Pane, Furia : David Portillo
Mercurio : Dominic Sedgwick
Destino, Satirino, Furia : Théo Imart
Silvano, Furia : José Coca Loza
Deux serviteurs : Fanny Estiot, Daniel Lawless
Ensemble Correspondances